Le Lac (poème)Le Lac Illustré par Eugène Auger.
Le Lac est un des plus célèbres poèmes de Lamartine paru dans les Méditations poétiques en 1820, considéré comme un des fleurons de la poésie romantique française. HistoriqueJulie Charles (l'épouse du célèbre physicien Jacques Charles) était une personne que Lamartine admirait. La muse du poète n'avait pas pu se rendre en août 1817 au Lac du Bourget (lieu de maintes rencontres) où elle devait le revoir. Phtisique, elle mourut en effet peu après. Lamartine revient seul revoir les lieux qu'il a visités autrefois avec elle, comme la grotte qui porte aujourd'hui son nom. Surpris de trouver la nature toujours semblable à elle-même et indifférente, il souhaite qu'elle garde au moins le souvenir de leur bonheur passé. La douceur mélodieuse des vers exprime heureusement le calme voluptueux d'une nuit d'été, et la fuite rapide des heures. L'œuvre, composée de seize quatrains, rencontre un grand succès et propulse son auteur au premier rang de la poésie romantique et du lyrisme. TexteDeux quatrains sont particulièrement connus : le quatrième et le sixième, qui commencent respectivement par "Un soir, t’en souvient-il ?" et "Ô temps ! suspends ton vol".
Dans la nuit éternelle emportés sans retour, Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âges Jeter l’ancre un seul jour ?
Et près des flots chéris qu’elle devait revoir, Regarde ! je viens seul m’asseoir sur cette pierre Où tu la vis s’asseoir !
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés, Ainsi le vent jetait l’écume de tes ondes Sur ses pieds adorés.
On n’entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux, Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence Tes flots harmonieux.
Du rivage charmé frappèrent les échos ; Le flot fut attentif, et la voix qui m’est chère Laissa tomber ces mots :
Suspendez votre cours : Laissez-nous savourer les rapides délices Des plus beaux de nos jours ! »
Coulez, coulez pour eux ; Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ; Oubliez les heureux. »
Le temps m’échappe et fuit ; Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l’aurore Va dissiper la nuit. »
Hâtons-nous, jouissons ! L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive ; Il coule, et nous passons ! »
Où l’amour à longs flots nous verse le bonheur, S’envolent loin de nous de la même vitesse Que les jours de malheur ?
Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus ! Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface, Ne nous les rendra plus !
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ? Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes Que vous nous ravissez ?
Vous, que le temps épargne ou qu’il peut rajeunir, Gardez de cette nuit, gardez, belle nature, Au moins le souvenir !
Beau lac, et dans l’aspect de tes riants coteaux, Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages Qui pendent sur tes eaux.
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés, Dans l’astre au front d’argent qui blanchit ta surface De ses molles clartés.
Que les parfums légers de ton air embaumé, Que tout ce qu’on entend, l’on voit ou l’on respire, Tout dise : Ils ont aimé ! PostéritéCette composition est souvent comparée à la Tristesse d'Olympio de Victor Hugo et au Souvenir d'Alfred de Musset[réf. souhaitée]. Elle est mise en musique par Louis Niedermeyer dans les années 1820[1], Camille Saint-Saëns en 1856[2] et Francis Thomé en 1912[3]. Dans la fiction
Références
Voir aussiArticles connexes
Liens externesLien vers le poème dans une edition calligraphiée et illustrée par Eugène Auger |