Hermann Friedrich GraebeHermann Friedrich Graebe
Hermann Friedrich Gräbe, né à Gräfrath (aujourd'hui incorporé à Solingen) le et mort à San Francisco le , est un résistant allemand, honoré comme un « Juste parmi les nations ». BiographieIngénieur fort compétent, Hermann Friedrich Gräbe travailla à partir de 1941 comme directeur régional d'une entreprise de construction de Solingen dans l'Ukraine occupée par les Allemands. Il effectuait en Volhynie des « missions de guerre », et dirigeait le travail de maintenance et de construction de voies ferrées pour la Reichsbahn. C'est là qu'à Rivne et à Doubno il fut témoin du massacre de la population juive. Antinazi convaincu, il réussit à procurer à des milliers de Juifs des faux papiers et à les occuper officiellement comme main-d'œuvre sur ses chantiers de construction. « On ne peut pas voir couler devant soi tant de sang et ne pas être bouleversé, disait-il plus tard. J'étais obligé de faire quelque chose. Il me fallait protéger le plus de gens que je pourrais. » Dans le chaos des derniers mois de guerre, il réussit à faire passer à l'Ouest ses notes sur les actions de meurtre. Elles permirent aux Américains de découvrir l'existence des fosses communes en Ukraine et d'identifier les responsables. Gräbe fut témoin à Nuremberg en 1946 pendant les procès des criminels de guerre. Ses déclarations détaillées contribuèrent à étayer les preuves déjà fournies par la découverte des rapports écrits des Einsatzgruppen sur les opérations d'extermination par balles perpétrées par ces derniers dans le cadre de la Shoah par balles. Voici son rapport de témoin oculaire :
Pour lui et pour sa famille les conséquences furent amères. Ils reçurent des menaces de mort. En outre, celui qui avant-guerre avait été un ingénieur expérimenté et un entrepreneur ne pouvait plus trouver aucun travail dans l'Allemagne d'après-guerre. Personne ne voulait faire d'affaires avec le « traître à la patrie », celui qui crachait sur les siens. En 1948 Gräbe, avec sa femme et son fils, émigra en Californie. En 1953 il reçut la nationalité américaine. En 1965, alors que Gräbe était honoré en Israël comme un « Juste parmi les nations » au Mémorial de Yad Vashem[2], il était en Allemagne l'objet de violentes calomnies. Georg Marschall, un des criminels nazis condamnés à Nuremberg en raison des déclarations de Gräbe, obtint en 1966 la révision de son procès. Son avocat mit en doute la crédibilité de Gräbe comme témoin et obtint qu'il fût accusé de faux témoignage. Bien que le tribunal ne l'eût suivi qu'en partie sur ce point, la tactique s'avéra payante. Marschall ne fut condamné qu'à cinq ans de prison pour avoir participé au meurtre d'un Juif par pendaison. Gräbe au contraire, pour avoir témoigné au procès d'Auschwitz, ne pouvait plus revenir sur le territoire allemand, puisqu'il y était menacé d'arrestation. En 1966 le Spiegel reprit à son compte ces fausses accusations et dressa de Gräbe l'image que l'Allemagne se fit, celle d'un menteur. Sa réhabilitation n'a commencé que dans les années 1990. Gräbe ne devait pas la voir. Il était mort le aux États-Unis. Wolfgang Thierse écrit : « Le destin de Gräbe l'a bien montré une nouvelle fois : combien de temps la société allemande d'après-guerre a-t-elle refusé de se mettre devant sa responsabilité ? » Depuis, un centre de jeunesse porte son nom à Solingen, après une décision de tous les groupes politiques au conseil municipal prise à l'occasion du centième anniversaire de la naissance de Gräbe, et sur sa maison natale se trouve également une plaque commémorative. Notes et références
Voir aussi
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