Archétype du savant touche-à-tout exubérant, scientifique farfelu aux connaissances très vastes mais pas forcément très profondes, Raoul Marquis est avant tout un immense vulgarisateur : il est l'auteur de plus de deux cents livres, la plupart sous le pseudonyme d'Henry de Graffigny (jouant de son authentique patronyme, il usurpe un temps le titre de marquis de Graffigny). Parmi ses nombreuses spécialités : la chimie organique et plus largement les sciences appliquées (il est l'auteur d'une thèse en sciences physiques en 1904[2]), ainsi que les ascensions en dirigeable (l'un de ses premiers titres étant Traité d'aérostation théorique et pratique, 1891) et l'électricité. Son œuvre foisonnante s'étend du roman d'aventure (les rocambolesques Aventures extraordinaires d'un savant russe, publiées de 1888 à 1896, font de lui l'un des pionniers français de la science-fiction), des comédies et pièces de Guignol, aux traités scientifiques et techniques (aviation, astronomie, radiologie...) en passant par des guides de mécanique et autres manuels d'expériences électriques amusantes... jusqu'à un surprenant Tout ce qu'il faut pour se mettre en ménage. Cet éclectisme alimentera le côté bouffon du personnage qu'il devient, immortalisé dans Mort à crédit.
Louis-Ferdinand Céline fait sa connaissance en , alors que Raoul Marquis est secrétaire de rédaction de la revue scientifique Eurêka, publiée par les Éditions de La Sirène. Dans cette revue (rebaptisée Génitron dans Mort à crédit), Céline est factotum (garçon de course, correcteur...) et est publié pour la première fois en : il s'agit de la traduction d'un article scientifique américain[3]. Embauchés ensemble par la mission Rockefeller, Céline et Raoul Marquis parcourent la Bretagne en 1918 pour une campagne de prévention de la tuberculose, puis se perdent de vue. Marquis est mentionné dans cette revue sous le nom de Henry de Graffigny, de même est fait mention d'un certain Benedictus qui n'est autre qu'Édouard Bénédictus, chimiste et artiste, que Céline croisa à Londres en 1916.
Récits d'un aéronaute - Histoire de l'aérostation, Delagrave, Paris, 1892, 299 p.
Les moteurs légers applicables à l'industrie aux cycles et automobiles, à la navigation, à l'aéronautique, à l'aviation, etc., 1899 (Lire en ligne).
Le Tour du monde en automobile, illustré par Ferdinand Raffin, A. Picard et Kaan, 1909 ; rééd. Gedalge, 1936.
Le Tour de France en aéroplane, illustré par Raffin, A. Picard et Kaan, 1910.
Voyage de cinq Américains dans les planètes, roman astronomique, Gedalge, 1926.
La Science à la maison : les conditions nouvelles de construction et d'architecture, hygiène des locaux habités, ventilation, dépoussiérage, assainissement, procédés perfectionnés de chauffage et d'éclairage, le rôle des distributions d'électricité dans la vie sociale moderne, le chauffage électrique, le nouvel outillage ménager, machines à laver et à nettoyer en tous genres, la science à la cuisine et au cabinet de toilette, les petits serviteurs de la maison, la sécurité et le confort dans l'habitation moderne, etc., Desforges, Girardot et Cie, 1927
Traité théorique et pratique de navigation aérienne : construction et calcul des ballons sphériques et dirigeables et des avions, cellules et moteurs, Eyrolles, 1928.
Irons-nous dans la lune ?, préface de l'abbé Th. Moreux, illustré de gravures explicatives dessinées par l'auteur, Éditions Spes, 1932.
LE PETIT AVIATEUR - Les différents appareils de navigation aérienne leur construction, aviettes, planeurs, bicyclettes volantes, les avions jouets, France Edition, Paris, vers 1925, 127 p.
Notes et références
↑Selon la BNF et François Gibault, l'un des biographes de Céline ; d'autres auteurs donnent 1942 comme année du décès. Archives départementales et état civil de Septeuil, décès : 1933-1942 : date exacte du décès : 31 juillet 1934.
↑« De l'utilisation rationnelle du progrès, rapportant les passages les plus saillants d'un message de l'éminent docteur Nutting à l'Associated Engeneering Societies de Worcester Mass. USA », traduit de l'Anglais par Louis Destouches, Eurêka no 9, février 1918, in : François Gibault, Céline, le temps des espérances, 1896-1932, Mercure de France, 1985, p. 202.