Hélène Dorion, née le à Québec, est une écrivainequébécoise. Figure majeure de la littérature québécoise et francophone, elle est reconnue autant au Québec qu'à l'international. Ses ouvrages sont traduits et publiés dans une quinzaine de langues et font l'objet d'études dans plusieurs pays. Avec son recueil de poèmes Mes forêts, elle est la première femme vivante et première québécoise à figurer au programme du baccalauréat en France. En 2024, elle a reçu le Grand Prix de Poésie de l'Académie française.
Biographie
Jeunesse et formation
Hélène Dorion est née le 21 avril 1958 à Québec[1],[2]. Elle grandit à Sainte-Foy. Son père travaille à son propre compte, sa mère pratique le piano. Hélène Dorion fait ses études primaires et secondaires au Collège Notre-Dame-de-Bellevue[2].
Elle est titulaire d’un baccalauréat en philosophie (1980) et d’une maîtrise en littérature (1985) de l’Université Laval. Durant sa maîtrise, elle est aussi chargée de cours[3].
À 26 ans, Hélène Dorion déménage à Saint-Hippolyte dans les Laurentides pour enseigner au Cégep de Saint-Jérôme[2],[4]. Elle y enseigne pendant six ans, mais alors qu'elle pourrait finalement obtenir un poste permanent, elle décide de quitter[5]. Quelque mois plus tard, on lui propose de prendre le relai d'une maison d'édition qui se consacre à la poésie. Elle vit jusqu'en 2010 à Saint-Hippolyte[6], avant de partir vivre dans la région de l'Estrie[7],[8], et en ayant un pied-à-terre à Montréal.
Carrière littéraire
Elle publie, entre 1983 et 2023, plus d’une trentaine de livres dont Pas même le bruit d'un fleuve (roman, 2020), Mes forêts (poèmes, 2021), Comme résonne la vie (poèmes, 2018), Le temps du paysage (récit avec photographies, 2016), La Vie bercée (album jeunesse, 2022), Sous l’arche du temps (essai, 2013) et Jours de sable (roman, 2004)[9]. En 2006, les Éditions de l’Hexagone publient une rétrospective de son œuvre poétique 1983-2000 sous le titre Mondes fragiles, choses frêles[10],[11],[5],[3].
L'ensemble de l'œuvre d'Hélène Dorion « interroge la beauté complexe du monde, à travers l’impermanence des choses et l’incessante transformation de l’être et de la vie »[9]. Selon Isabelle Cadoret, la « réalité figurée par Dorion dans ses œuvres serait une réalité vécue, saisie par un sujet qui cherche à s’unir au monde, à l’habiter »[12].
C'est en conjuguant la fraîcheur d'invention et une attentive observation de la création poétique, ici et à l'étranger, qu'Hélène Dorion a su se frayer un chemin jusqu'à la particularité de son chant. Issue de l'écriture féministe et d'un recentrement sur le vécu quotidien et personnel, elle est devenue une de ces voix hors des courants et des modes, une voix qu'on veut imiter dans ce qu'elle a d'inimitable et d'inédit[13].
Auteure de plusieurs livres d'artiste, Hélène Dorion collabore également à de nombreux ouvrages collectifs, et ses textes figurent dans diverses anthologies parues au Québec et à l’étranger[1],[14]. Elle dirige par ailleurs des publications consacrés à la littérature québécoise et travaille à la rédaction de revues dont Livres et auteurs québécois, Estuaire (Québec), Présages (France), Cronica (Roumanie), Le Courrier du Centre International d’Études Poétiques et Regart (Belgique). Elle écrit également des préfaces pour des ouvrages de poésie et prépare des anthologies de poètes québécois, notamment dans le cadre d'une édition de poèmes de Saint-Denys Garneau[1].
Hélène Dorion occupe le poste de directrice des Éditions du Noroît entre 1991 et 2000[1],[3]. Elle a d'ailleurs été réalisatrice d'une série d’enregistrements de poésie et de musique pour cette maison d'édition[1]. Elle quitte ses fonctions au Noroît en 2000 pour se recentrer sur l'écriture[2].
Depuis 2015, elle conçoit et présente des concerts littéraires avec des orchestres réputés tels Les Violons du Roy et I Musici.
Elle a écrit avec Marie-Claire Blais l'opéra Yourcenar – Une île de passions qui a été co-produit par l'Opéra de Montréal et l'Opéra de Québec[15] et présenté en 2022 à Montréal et au Québec.
Reconnaissance
Traduite et publiée dans une quinzaine de pays, son œuvre lui mérite plusieurs distinctions et prix littéraires, notamment le prix Athanase-David, plus haute distinction accordée par le gouvernement du Québec en littérature pour l'ensemble d'une oeuvre, le prix du Gouverneur général du Canada[16], le prix Anne-Hébert[17], le prix International de Poésie Wallonie-Bruxelles[18] et le prix Alain-Grandbois[19]. En 2005, elle reçoit le prix de l’Académie Mallarmé qui lui est remis pour l’ensemble de son œuvre à l'occasion de la parution de Ravir : les lieux[1]. En 2009, elle obtient le prix Charles-Vildrac, de la Société des Gens de Lettres de France, pour son livre Le Hublot des heures[20]. Elle obtient la même année le prix de la revue Études françaises pour son récit L'Étreinte des vents[1].
En 2014, elle est sélectionnée par la prestigieuse Fondation newyorkaise Civitella Ranieri pour une résidence d'artiste en Italie.
En 2022, son oeuvre Mes forêts a été sélectionnée pour faire partie des livres étudiés par les lycéens et les lycéennes dans le cadre du programme de baccalauréat en France à partir de l'année 2024[15],[23].
En 2024, elle est nommée Compagne de l'Ordre et des arts du Québec et reçoit le Grand Prix de Poésie de l'Académie française.
Œuvres
Poésie
L'Intervalle prolongé suivi de La Chute requise, avec cinq dessins de l'auteure, Saint-Lambert, Chambly, Éditions du Noroît, collection « L'instant d'après », 1983, 80 p. (ISBN9782890180758)
Hors champ, Saint-Lambert, Chambly, Éditions du Noroît, 1985, 109 p. (ISBN2890181197)
Les Retouches de l'intime, Saint-Lambert, Chambly, Éditions du Noroît, 1987, 99 p. [Réédition, avec le parcours photographique de Louise Chatelain, Montréal, Éditions du Noroît, 2004] (ISBN2890181529 et 2890185214)
La Vie, ses fragiles passages, illustration de couverture de Michel Fourcade, Chaillé-sous-les-Ormeaux, Éditions Le Dé Bleu, 1990, 112 p. (ISBN2900768845)
Un visage appuyé contre le monde, avec quatre dessins de Marc Garneau, Saint-Lambert et Chaillé-sous-les-Ormeaux, Éditions du Noroît / / Saint-Hippolyte et Chaillé-sous-les-Ormeaux, France, Éditions Le Dé Bleu, 1990, 1991, 1993, 1997, 112 p. [Réédition, Montréal, Éditions du Noroît, collection « Ovale », 2001.] (ISBN2890182045 et 2900768896)
Le Vent, le Désordre, l'Oubli, dessins de Marc Garneau, Mont-sur-Marchienne, Belgique, Éditions L'Horizon Vertical, 1991, 29 p.
Les États du relief, Montréal, Éditions du Noroît / Saint-Hippolyte et Chaillé-sous-les-Ormeaux, France, Éditions Le Dé Bleu, 1991, 1993, 84 p. (ISBN2890182339, 2890182339 et 2900768969)
L'Issue, la résonance du désordre, Amay, Belgique, L'Arbre à Paroles, 1993, 60 p. [Réédition, Saint-Hippolyte, Éditions du Noroît, 1994, 60 p.] (ISBN2890183041)
Réédition, L'Issue, la résonance du désordre suivi de L’Empreinte du bleu, gravures de Marc Garneau, Saint-Hippolyte, Éditions du Noroît, 1999, 104 p. (ISBN2890184374)
Pierres invisibles, encres de Julius Baltazar, Saint-Benoît-Du-Sault, France, Éditions Tarabuste, 1998, 53 p. [Réédition, Saint-Hippolyte, Éditions du Noroît, 1999, 60 p.] (ISBN2908138697 et 2890184021)
Les Murs de la grotte, Paris, Éditions de La Différence, 1998, 96 p. (ISBN272911193X)
Passerelles, poussières, Rimbach, Allemagne, Éditions Im Wald, 2000, 54 p.
Fenêtres du temps, en collaboration avec Marie-Claire Bancquart (Voilé/Dévoilé), Montréal, Trait d'union, impression, 2000, 99 p. (ISBN2922572498)
Portraits de mers, Paris, Éditions de la Différence, 2000, 128 p. (ISBN2729113118)
Ravir : les lieux, Paris, Éditions de La Différence, 2005, 2007, 117 p. (ISBN2729115757)
L'Étreinte des vents, Montréal, Presses de l'Université de Montréal, 2009, 142 p.) [Paru en France sous le titre L'âme rentre à la maison, Paris, Éditions de La Différence, 2010] [Réédition, Éditions Druide, 2018] (ISBN9782760621695 et 9782760625617) Paru en France sous le titre L'âme rentre à la maison, Paris, Éditions de La Différence, 2010, 144 p.
Recommencements, Montréal, Éditions Druide, 2014, 219 p. (ISBN9782897111236)
Des extraits de Recommencements ont été publiés dans le volume jubilaire de la revue Études françaises (vol. 50, nos 1-2, 2014) : [lire en ligne].
Le Temps du paysage, Montréal, Éditions Druide, 2016, 123 p. (ISBN9782897112684)
Yourcenar - Une Île de passions : La création d'un opéra (coécrit avec Marie-Claire Blais), Montréal, Les Éditions de l'Homme, , 160 p. (ISBN978-2-761-95938-4)
Livres d'artiste
Fragments du jour, tiré à cent un exemplaires, Paris, Éditions Bernard-Gabriel Lafabrie, 1990, n.p.
Carrés de lumière, poèmes inédits et manuscrits de Hélène Dorion, accompagnés de six peintures originales de Jean-Luc Herman, Saint-Hippolyte et Paris, 1994, 1 portefeuille.
Creuser avec les mains : Carol Bernier : œuvres, 1997-2014, textes de Robert Enright, Hélène Dorion, Richard Desjardins, Danielle Legentil et Serge Marquis, Montréal, Éditions Simon Blais, 2014, 123 p. (ISBN9782923751108)
Tant de fleuves, tirage unique de 110 exemplaires, Saint-Bonnet-Elvert, France, Éditions du Petit Flou, 2016, n.p.
L’Oranger de Cézanne, tirage unique de 110 exemplaires, Saint-Bonnet-Elvert, France, Éditions du Petit Flou, 2018, n.p.
Poèmes choisis, Saint-Denys Garneau (dir.), préface de Jacques Brault, choix et présentation de Hélène Dorion, Montréal, Éditions du Noroît / Amay, Belgique, L'Arbre à paroles / Echternach, Luxembourg, Éditions Phi, 1993, 114 p. (ISBN2890183602, 2890182770 et 2879620252)
Poèmes choisis, Marie Uguay, lus par Susanne Giguère, musique de Violaine Corradi, choix des poèmes par Hélène Dorion, Montréal, Éditions du Noroît, 1994, 1 cassette audio : analogique. (ISBN2890183092)
Poèmes choisis, Michel Beaulieu, lus par Pierre Nepveu, musique de Violaine Corradi, choix des poèmes par Hélène Dorion, Montréal, Éditions du Noroît, 1995, 1 cassette : analogique. (ISBN2890183238)
Initiale II : poètes de la relève, Catherine Fortin, musique de Violaine Corradi, choix des poèmes et des auteurs par Hélène Dorion, Montréal, Éditions du Noroît, 1996, 1 cassette : analogique.
D’argile et de souffle, anthologie préparée par Pierre Nepveu, Montréal, Éditions Typo, 2002, 299 p. (ISBN2892951763)
J'écris peuplier (livre anniversaire), Collectif paritaire de cinquante poètes, direction et illustration par Monique LeBlanc, préface de Paul Bélanger, Montréal, Éditions du Noroît, 2021 (ISBN978-2-89766-278-3)
Versions traduites de ses livres
The edges of light : selected poems : 1983-1990, Hélène Dorion, Traduction en anglais par Andrea Moorhead, Toronto, Guernica, 1995, 108 p. (ISBN0920717950)
La caverne de l'histoire (The cavern of history ; Die Höhle der Geschichte), Traduction en allemand par Rüdiger Fischer, Rimbach, Allemagne, Éditions En forêt, Coll. Sources - Reihe Quellen, 1996, 49 p. (ISBN3929208229)
Sans bord, sans bout du monde (Sin borde sin final del mundo), Traduction en espagnol par François-Michel Durazzo, Vitorai-Gasteiz, Espagne, Bassarai, 1997, 117 p. (ISBN8489852049)
Les Murs de la grotte, 3 poèmes, Traduction en allemand par Hans Thill: Ohne Titel (2); Seele der Ewigkeit entgegen, en: Anders schreibendes Amerika. Literatur aus Québec. (dir.) Lothar Baier, Pierre Filion, Das Wunderhorn, Heidelberg, 2000, p. 160 – 162.
Passerelles et poussières (Passerelle e polveri ; Bridges, dust ; Staubkörner, Stege), traduction en italien par Fabio Scotto, traduction en anglais par Andrea Moorhead, traduction en allemand par Rüdiger Fischer, Rimbach, Allemagne, Éditions En forêt, 2000, 51 p. (ISBN3929208431)
La Vie, ses fragiles passages (La vita i suoi fragili passaggi), Traduction en italien par Giovanni Cammelli et François-Michel Durazzo, Pasian di Prato, Italie, Campanotto, stampa, 2000, 158 p. (ISBN8845602427)
Un visage appuyé contre le monde (Un rostre recolzat contra el món), Traduction en catalan par Carles Duarte et de François-Michel Durazzo, Lleida, Pagès, 2003, 111 p. (ISBN9788497790871)
Sans bord, sans bout du monde (No end to the world): selected poems, Traduction en anglais par Daniel Sloate, Toronto, Guernica, 2004, 141 p. (ISBN1550711849)
Jours de sable (Days of sand), Traduction en anglais par Jonathan Kaplansky, Toronto, Cormorant Books, 2008, 111 p. (ISBN9781897151075)
Les corridors du temps (Los pasadizos del tiempo), Tlaquepaque, México, Mantis Editores, 2010, 215 p. (ISBN9786077943020)
Ravir : les lieux (Seizing : places), traduction en anglais par Patrick McGuinness, Todmorden UK, Arc Publications, 2012, 120 p. (ISBN9781906570170)
L'Étreinte des vents, traduction en serbe par Lijana Matic, Novi Sad, Serbie, Reka, 2021.
Pas même le bruit d'un fleuve, traduction en serbe par Lijana Matic, Novi Sad, Serbie, Reka, 2022.
Pas même le bruit d'un fleuve, traduction en anglais par Jonathan Kaplansky, Book*Hug Press (à paraître).
Prix et distinctions
Récipiendaire
1992 - Prix international de poésie Wallonie-Bruxelles décerné au Marché de la poésie de Paris (pour l'ensemble de son œuvre)[18]
↑ ab et cJacques Paquin, « Hélène Dorion : pensée du sensible, ouverture du poème », Lettres québécoises : la revue de l’actualité littéraire, no 129, , p. 7–10 (ISSN0382-084X et 1923-239X, lire en ligne, consulté le ).
↑ ab et cAlexandre Drolet, « Entretien avec Hélène Dorion : sur la route des possibles », Québec français, no 147, , p. 78–80 (ISSN0316-2052 et 1923-5119, lire en ligne, consulté le ).
↑Jacques Paquin, « Hélène Dorion », Lettres québécoises : la revue de l'actualité littéraire, no 127, , p. 39–40 (ISSN0382-084X et 1923-239X, lire en ligne, consulté le ).
↑Isabelle Cadoret, « ‘‘N’être rien qu’un instant / de l’univers’’ : l’expérience du temps et de l’espace chez Hélène Dorion », Études françaises, vol. 39, no 3, , p. 103-116 (lire en ligne).
↑Thierry Bissonnette, « Hélène Dorion : vers l’équipe de l’intime », Nuit blanche, no 73, , p. 15–18 (ISSN0823-2490 et 1923-3191, lire en ligne, consulté le ).
↑ a et bHugues Corriveau, « En haute poésie », Le Devoir : Livres, , F-3.
↑Raphaëlle Leyris, « Hélène Dorion : Écrire pour apprendre à être et à aimer », Le Monde, (lire en ligne).
↑Colette Noël, « Hélène Dorion et Ginette Bertrand aux Grands prix de la culture des Laurentides », Le sentier : journal communautaire de St-Hippolyte, vol. 10, no 5, .
↑« Le rapport à soi, selon Hélène Dorion », Journal L'Éveil de Saint-Eustache, (lire en ligne, consulté le ).
↑« Hélène Dorion », sur Académie des lettres du Québec (consulté le ).
↑Hélène Dorion, « Coeurs, comme livres d’amour », Moebius : écritures / littérature, no 136, , p. 71–73 (ISSN0225-1582 et 1920-9363, lire en ligne, consulté le ).
↑« Prix et distinctions », Lettres québécoises : la revue de l’actualité littéraire, no 136, , p. 69–71 (ISSN0382-084X et 1923-239X, lire en ligne, consulté le ).
↑Gratien Allaire, « Le Triangle canadien-francais au tournant des annees 1960. Le Conseil de la vie francaise en Amerique, la Societe Saint-Jean-Baptiste de Montreal et l'Ordre de Jacques-Cartier », Francophonies d'Amérique, vol. 17, no 1, , p. 108–117 (ISSN1710-1158, DOI10.1353/fda.2004.0001, lire en ligne, consulté le ).