Gyokuon-hōsōLe Gyokuon-hōsō (玉音放送 , littéralement « Voix radiodiffusée du Joyau »)[1] est l’allocution radiophonique que l’empereur du Japon Hirohito adressa à la population de l’archipel le , lui annonçant que le pays acceptait les termes de la Déclaration de Potsdam, mettant ainsi fin à la guerre du Pacifique, et donc à la Seconde Guerre mondiale. CirconstancesLe , l’Allemagne nazie signe ses actes de capitulation mettant fin aux opérations militaires en Europe. Le suivant, les Américains planifient l’opération Downfall destinée à envahir l’archipel du Japon. Le , depuis la conférence de Potsdam, les « Trois Grands » remettent un ultimatum aux Japonais. Une déclaration, le 29, du Premier ministre nippon Kantarō Suzuki, est interprétée comme une volonté d'ignorer cet avertissement. Le , quittant Potsdam, le président américain Harry Truman apprend que l’opération Olympic, première phase de l’opération Downfall consistant en l’invasion de l'île de Kyūshū prévue pour est compromise par l’augmentation des forces[réf. nécessaire] de l’armée impériale japonaise sur l’île. L’option Bombe A est alors retenue. Les 6 et ont lieu les bombardements atomiques sur les villes de Hiroshima et Nagasaki. L'entrée en guerre de l'Union soviétique et ses opérations dans les territoires contrôlés par le Japon qui suit, débutant par l'offensive de grande ampleur contre le protectorat japonais du Mandchoukouo (Mandchourie), ce même , précipita la décision de Hirohito d’ordonner la fin des combats. Il demanda alors à son garde des Sceaux Kōichi Kido d’organiser une conférence impériale pour « contrôler la situation » car « l’Union soviétique a déclaré la guerre et lancé les hostilités contre nous »[2]. Au cours de cette conférence tenue dans la nuit du 9 au 10, l’Empereur annonça sa décision de se rendre à l’ultimatum des Alliés et demanda la préparation d’une déclaration impériale à la condition que cette déclaration « ne porte pas préjudice aux prérogatives de Sa Majesté à titre de Souverain ». Le 12, Hirohito informa officiellement la famille impériale de sa décision. Le prince Yasuhiko Asaka, l’un des oncles de l’Empereur, lui demanda alors : « La guerre continuera-t-elle si l’institution impériale et la politique nationale (kokutai) ne peuvent être préservées ? », ce à quoi Hirohito répondit laconiquement : « Bien sûr »[3]. Le 14, un petit groupe de militaires opposés à la reddition (incident de Kyūjō) tenta de subtiliser l’enregistrement sur disque phonographique qui venait d’être effectué (tentative déjouée par Yoshihiro Tokugawa). Cette mutinerie fut matée, tandis que Hirohito approuvait la déclaration impériale. Le lendemain à 11 heures passées, le disque sur lequel la déclaration du Tennō fut gravée est diffusé sur les ondes de la NHK, la radio nationale japonaise, bien que ce jour-là un deuxième groupe de mutins tentât, sans succès là aussi, de prendre le contrôle de la station de radio. Pour la première fois, plusieurs millions de Japonais entendirent la voix de leur souverain, mais ne purent saisir tout le sens des déclarations de l’Empereur, celui-ci s’exprimant dans un japonais archaïque, utilisé uniquement dans l’ancienne cour impériale, et qui était donc incompréhensible pour le commun de la population. De plus, l’enregistrement audio de mauvaise qualité et l’Empereur ne faisant pas directement référence à la capitulation et à la défaite, mais plutôt à l’acceptation des termes de la conférence de Potsdam, ajoutèrent à la confusion. Ces inconvénients avaient été prévus, c’est pourquoi un commentateur japonais de la radio expliqua clairement aussitôt après la diffusion du discours le sens du message aux auditeurs, à savoir que le Japon avait perdu la guerre et que celle-ci était enfin terminée. Le 17, Hirohito émit un « édit aux soldats et aux marins » leur ordonnant de déposer les armes et liant sa décision de procéder à la reddition à l’invasion soviétique du Mandchoukouo, passant sous silence les bombardements atomiques. Le , le Japon signa ses actes de capitulation en présence du général Douglas MacArthur, commandant du sud-ouest Pacifique et commandant suprême des forces alliées, ainsi que des représentants des autres puissances alliées, sur le pont de l’USS Missouri ancré dans la baie de Tokyo. La Seconde Guerre mondiale prenait ainsi définitivement fin. Contenu
Le texte de la déclaration en français est adapté de la traduction du livre Hiro-Hito : L’empereur ambigu d’Edward Behr[4]. Il est également repris à l’identique dans le livre Les 100 discours qui ont marqué le XXe siècle[5].
CommémorationAu Japon, le est connu comme Jour de mémoire pour la fin de la guerre (終戦記念日, Shūsen-kinenbi (en) ). Le nom officiel de cette journée est cependant Jour pour le deuil des morts à la guerre et de prière pour la paix (戦歿者を追悼し平和を祈念する日, Senbotsusha wo tsuitōshi heiwa wo kinensuru hi ). Ce nom officiel fut adopté en 1982 par une ordonnance du gouvernement japonais. Une cérémonie de commémoration dédiée à la mémoire des victimes de la guerre et de prière pour la paix est organisée tous les ans au Japon. Après le discours du Premier ministre, l'empereur et l'impératrice montent sur le podium pour une minute de silence, puis l'empereur prononce un message de condoléances[6]. Notes et références
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