En chimie organique on appelle groupe protecteur (ou groupement protecteur) un groupe fonctionnel introduit dans la molécule à partir d'une fonction chimique pour masquer tout ou partie de sa réactivité[1]. L'introduction d'un groupe protecteur a pour but d'améliorer la sélectivité des réactions suivantes.
Lors d'une synthèse multi-étapes, il est courant de se retrouver aux prises avec des problèmes de chimiosélectivité lorsque plusieurs groupes fonctionnels peuvent réagir lors d'une même réaction. Dans ce cas, on essaye de transformer un ou plusieurs groupes fonctionnels en d'autres groupes qui seront inertes dans les conditions réactionnelles choisies. Cette étape s'appelle une protection. Une fois la réaction menée à bien en présence des groupes protecteurs, ces derniers sont à nouveau transformés pour revenir aux groupes fonctionnels de départ ; c'est la « déprotection ».
Historique
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Principe
Un groupe fonctionnel doit respecter 7 critères[2] afin d'être considéré comme un bon groupe protecteur, empêchant ainsi sa destruction ou inhibant sa réactivité lors d'une réaction chimique :
La méthode de protection doit être simple et efficace
Le(s) réactif(s) utilisé(s) doi(ven)t être facilement accessible(s) (idéalement disponible(s) commercialement)
Le groupe protecteur doit être facilement caractérisé, et éviter les complications lors de l'analyse (par exemple, en introduisant de nouveaux centres asymétriques)
Il doit résister aux conditions usuelles de purification (colonne de chromatographie)
Il doit être résistant à une large gamme de réactions chimiques
Il doit pouvoir être retiré de manière douce et sélective, en employant des conditions très spécifiques
Les sous-produits de la réaction de déprotection doivent pouvoir être facilement éliminés lors du processus de purification.
Déprotection
Orthogonalité
Lors d'une synthèse organique, plusieurs groupes protecteurs peuvent être présent simultanément sur un substrat. La stratégie de synthèse choisie va nécessiter la déprotection sélective et successive des différentes fonctions. Il importe donc de pouvoir éliminer un groupe protecteur sans modifier les autres groupes présents sur le substrat. Les différents groupes protecteurs sont classés dans des « ensembles orthogonaux »[N 1], qui sont des ensembles idéaux regroupant des groupes sensibles aux mêmes conditions de déprotection[2].
Ensembles orthogonaux
Philip Kocienski distingue 13 ensembles orthogonaux de groupes protecteurs[2], selon qu'ils sont clivés par :
De très nombreuses stratégies de protection des alcools ont été développées. Cette connaissance est particulièrement importante lors d'un travail dans la série sucres[5]. Attention le groupement tosyle (Ts-) n'est pas un groupement protecteur des alcools, mais un groupement permettant leur substitution nucléophile en créant un meilleur groupe partant (pKA (acide paratoluènesulfonique/tosylate) < 0[6])[7].
Possibilité de transacétalisation (Méthanol sous produit → colonne de distillation)
1,3 dioxane
1,3 diol ⇒ aldéhyde
Ox, Nu (Red, RM, B)
Diol
Cétone
Cette fonction est protégée principalement en y ajoutant un diol (Le plus souvent l'éthane-1,2-diol) ce qui permet de former une fonction cétal (>C(OR)2). Pour réaliser la réaction inverse, il suffit de rajouter de l'eau en milieu acide pour retrouver votre fonction cétone.
Acide carboxylique
Alcène
Alcyne
Les alcynes peuvent réagir par leur triple liaison ou, dans le cas des alcynes terminaux, en tant qu'Acide de Brønsted.
D'autres groupes trialkylsilyles peuvent être utilisés, comme le triéthylsilyle (TES), le tert-butyldiméthylsilyle (TBDMS) ou le benzyldiméthylsilyle (BDMS)[15]. Lorsque le groupe protecteur est suffisamment encombrant, la triple liaison de l'alcyne peut être protégée de l'hydrogénation catalytique sélectivement par rapport aux alcènes[16].
La protection d'un alcyne terminal peut également être effectué par un hydroxyalkyle, la déprotection peut être réalisée par un reflux dans une solution benzénique de soude[17].
↑Jacques Drouin, Introduction à la chimie organique : Les molécules organiques dans votre environnement. Usages, toxicité, synthèse et réactivité, Librairie du Cèdre, 1re éd. (ISBN2-916346-00-7), p. XVI
↑ ab et c(en) Philip Kocienski, Protecting groups, Stuttgart, Thieme, , 3e éd., 679 p. (ISBN3-13-137003-3), p. 3-19
↑ a et b(en) Philip Kocienski, Protecting groups, Stuttgart, Thieme, , 3e éd., 679 p. (ISBN3-13-137003-3), p. 488
↑(en) Philip Kocienski, Protecting groups, Stuttgart, Thieme, , 3e éd., 679 p. (ISBN3-13-137003-3), p. 487
↑J. Peter Guthrie, « Hydrolysis of esters of oxy acids: pKa values for strong acids; Brønsted relationship for attack of water at methyl; free energies of hydrolysis of esters of oxy acids; and a linear relationship between free energy of hydrolysis and pKa holding over a range of 20 pK units », Canadian Journal of Chemistry, vol. 56, no 17, , p. 2342–2354 (ISSN0008-4042, DOI10.1139/v78-385, lire en ligne, consulté le )
↑(en) Barry J. Teobald, « The Nicholas reaction: the use of dicobalt hexacarbonyl-stabilised propargylic cations in synthesis », Tetrahedron, vol. 58, no 21, , p. 4133-4170 (DOI10.1016/S0040-4020(02)00315-0)
↑(en) Rosa F. Lockwood et Kenneth M. Nicholas, « Transition metal-stabilized carbenium ions as synthetic intermediates. I. α-[(alkynyl)dicobalt hexacarbonyl] carbenium ions as propargylating agents », Tetrahedron Letters, vol. 18, no 48, , p. 4163-4165 (DOI10.1016/S0040-4039(01)83455-9)
↑Jacques Drouin, Introduction à la chimie organique : Les molécules organiques dans votre environnement. Usages, toxicité, synthèse et réactivité, Librairie du Cèdre, 1re éd. (ISBN2-916346-00-7), p. 277
↑(en) Wenzel E. Davidsohn et Malcolm C. Henry, « Organometallic Acetylenes of the Main Groups III-V », Chemical Reviews, vol. 67, no 1, , p. 73-106 (DOI10.1021/cr60245a003)
↑(en) Peter G. M. Wuts et Theodora W. Greene, Protective groups : in organic synthesis, Hoboken, Wiley, , 4e éd., 1082 p. (ISBN978-0-471-69754-1), p. 930-931
↑(en) Peter G. M. Wuts et Theodora W. Greene, Protective groups : in organic synthesis, Hoboken, Wiley, , 4e éd., 1082 p. (ISBN978-0-471-69754-1), p. 927
↑(en) Peter G. M. Wuts et Theodora W. Greene, Protective groups : in organic synthesis, Hoboken, Wiley, , 4e éd., 1082 p. (ISBN978-0-471-69754-1), p. 932