Grand MonarqueLe Grand Monarque est un personnage prophétique issu de croyances populaires eschatologiques basées principalement sur des révélations privées catholiques et sur des prophéties plus précoces comme celle de Saint Rémi[1]. Bien qu'il ne soit pas reconnu dans l'eschatologie chrétienne, l'Église catholique ne s'est jamais opposée à la publication d'ouvrages vulgarisant l'espérance dans le Grand Monarque[2]. Certains ecclésiastiques l'ont même encouragé[3]. Le « Grand Monarque » serait un héritier des rois de France (tout comme le Roi dormant pour l'Allemagne) qui se manifesterait au cours de la période apocalyptique de la fin des temps pour ramener la paix dans un monde déchiré par la guerre, restaurer l'Église catholique persécutée et réduite presque à néant, et enfin rétablir une monarchie catholique dans une Chrétienté réunie et étendue au monde entier. Après une présence très importante dans la littérature prophétique populaire comme le Mirabilis liber, la croyance dans le Grand Monarque a pris son essor dans les révélations privées, d'une part après le traumatisme de la défaite de 1870, mais surtout après la mort du « comte de Chambord » en 1883. Elle s'appuie, à partir de cette époque, à la fois sur des prophéties non reconnues par l'Église catholique (extases de Marie-Julie Jahenny, mystique bretonne) et sur des interprétations de prophéties ou de messages donnés lors d'apparitions mariales reconnues par le Saint-Siège (secrets de La Salette, et le message à Louis XIV de Marguerite-Marie Alacoque). L'ensemble de ces croyances a été compilé par le marquis de la Franquerie dans son livre La mission divine de la France. Nostradamus (1503-1566)Dans ses Centuries, Nostradamus évoque à plusieurs reprises un personnage qu'il appelle le Grand Chyren. Chyren, le plus souvent tenu pour anagramme d'Henryc (forme provençale d'Henry[4]), désigne selon certains commentateurs le roi Henri II de son époque[4], mais selon d'autres commentateurs un futur roi[réf. souhaitée]. Selon ces derniers commentateurs, l'Epître à Henry Roy de France Second, compte tenu de sa longue portée temporelle, s'adresserait à ce même futur roi. Les allusions de Nostradamus au Grand Monarque pourraient avoir été empruntées au Mirabilis Liber[5], mais le nom même de Henri ou Chyren n'apparaît pas dans le Mirabilis Liber. Prophéties contemporainesJérôme BotinJérôme Botin, un religieux du début du XVe siècle, aurait prédit de grands événements tels que la Réforme protestante et la Révolution française avant de prophétiser, pour le XIXe siècle, le règne d'« un enfant du sang du roi que donneront les gens d'Artois [et qui] gouvernera avec prudence et honneur la France »[6]. Vraisemblablement apocryphe, cette prophétie semble avoir été forgée dans les milieux contre-révolutionnaires à la fin du XVIIIe siècle. Vénérable Barthélémy Holzhauser (1613-1658)Le vénérable Barthélémy Holzhauser est un prêtre bavarois, célèbre pour ses prophéties relatives à l'histoire de l'Église et du monde. Abbé SouffrantCuré de Maumusson (1755-1828), petite bourgade proche de Nantes (en Bretagne, dans le département de Loire Inférieure, la Loire Atlantique actuelle), durant la Révolution et l’Empire, cet ecclésiastique prophétisa le retour de la Royauté en France, dont il défendait l'ordre politique, par un descendant des Rois de France :
— Prophéties de l'Abbé Souffrant visibles dans "Le livre des prophéties ou Recueil des prophéties les plus curieuses connues jusqu'à ce jour et particulièrement ayant rapport aux temps actuels..." (p. 53 à 56) librairie générale de l'Ouest (Rennes) 1870, visible sur https://gallica.bnf.fr (domaine public) Religieuse de BelleyLa religieuse a fait des prédictions sur le grand Monarque (de 1830 à 1870)[7]. Marie-Julie JahennyMarie-Julie Jahenny est née à Blain, près de Nantes, le et s'y est éteinte le . Son don de prophétie aurait commencé à se manifester en 1874, date à laquelle remonte la première transcription en français. À plusieurs reprises « la mystique sans doute la plus prolixe sur ce thème » – selon Paul Airiau[8] – annonce la montée du « Grand Monarque » sur le trône de France, un roi du nom d'Henri V de la Croix (que les fidèles de la mystique assimilent à Henri d'Artois, comte de Chambord, dernier prétendant légitime au trône de France). Ces prophéties, faites en patois gallo, sont traduites en français et transcrites par deux clercs des environs de La Fraudais, Adolphe et Auguste Charbonnier, membres de l'association Les Amis de la Croix, créée dès 1873 pour promouvoir et soutenir financièrement la mystique. Des membres de cette association lui servent de directeur, d'assistant particulier et de secrétaire. Le clergé, que ce soit à Blain ou à Nantes, n'accorde aucune foi à ces prophéties, estimant que les soutiens de la prophétesse essaient de faire passer leurs messages politiques par l'intermédiaire de celle-ci[9]. Dans la rubrique qu'il consacre à Marie-Julie dans le Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine (1990), Jean Guéhenneuc note que « les révélations sont assez vagues pour susciter des interprétations diversement orientées. »[10]. Ouvrages sur le Grand Monarque
Notes et références
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