Elle est née en 1969 à Bogotá en Colombie dans une famille qu'elle qualifie de « difficile »[1] et de « très pauvre »[2]. Son père était cordonnier, sa mère femme au foyer[3]. Dans des magazines people, elle découvre les histoires de certaines femmes trans, la brésilienne Roberta Close et l’italienne Eva Robin's[3],[4]. Dans un témoignage vidéo publié à l'occasion de la journée IDAHOT 2018[5], elle explique comment tout a basculé pour elle vers 12 ans, quand elle a commencé à revendiquer son identité féminine[6],[7]. Elle s'administre une hormonothérapie sauvage à base de pilules contraceptives et passe huit mois à la rue[1],[3],[4]. Elle met entre parenthèses sa transition parce que son amoureux ne l'accepte pas en tant que femme. À 15 ans et demi, elle monte son salon de coiffure[4] et se réconcilie avec sa famille, dont elle devient le principal soutien financier[1],[3]. Deux ans plus tard, elle rompt avec son copain, et fait son coming out trans auprès de sa famille, dont elle est violemment rejetée[1],[3].
À 20 ans elle découvre sa séropositivité[4]. Un médecin lui donne 3 ans à vivre[8]. Elle raconte qu’un homme lui a dit « tu dois continuer à aimer et à te laisser aimer » et qu’à cette époque où il n’existait encore aucun médicament contre le VIH, « ces mots ont été un vaccin »[9]. Elle vend son salon de coiffure et en elle part pour l'Italie, à Rome, où elle subit racisme, transphobie, sérophobie, et violences policières[2],[10]. Elle s'y prostitue et commence à militer auprès des femmes trans prostituées[1],[3],[4],[2]. En 1998, les premiers traitements contre le VIH sont découverts mais ils ne sont pas accessibles aux personnes sans-papiers[3]. Elle rejoint une association pour les droits des personnes prostituées au nord de l’Italie[1],[4]; elle explique: « Ce qui a animé mon militantisme, c’est le manque : le manque d’amour, d’argent et d’un toit »[2].
En , elle amène à Paris une amie d'enfance en phase terminale du SIDA, la fait soigner à l'Hôpital de la Salpêtrière[3],[4],[8], et rencontre les militantes de l'association PASTT, qu'elle rejoint. Victime du durcissement de la législation italienne à l’encontre des migrants, elle s'installe définitivement à Paris[11]. Elle passe un entretien d’embauche pour un travail de vendeuse, mais le patron enchaîne les propos transphobes et lui dit qu'elle peut « rester dans la prostitution »[12]. Pôle Emploi lui annonce que cela va « être très difficile » parce qu'elle est trans[12]. Vingt ans plus tard, elle constate encore que « la transphobie est partout »[12].
En , elle prend ses distances avec le PASTT[3], et avec d'autres militantes de cette association, elle crée Acceptess-T[7], une association d'accompagnement des personnes trans, migrantes, travailleuses du sexe, et séropositives[13]. Le but de l'association est de favoriser l'émancipation des femmes trans en difficulté, en les aidant à apprendre le français[11] (« la langue française, autant que le langage administratif »[3]), à trouver des ressources financières et à faire respecter leurs droits fondamentaux tels que l'accès aux soins[14], au travail, à l'asile[12], à participer à des activités sportives[15],[16],[17], etc. Un an plus tard, l'association compte 180 adhérentes dont 90% de personnes trans[3]. Giovanna Rincon devient[Quand ?] salariée à mi-temps de l'association comme directrice.
Hélène Hazera dit de Giovanna Rincon que « ce qui la résume c’est le courage, la ténacité et le sens de l’égalité »[1].
Elle est souvent interrogée pour commenter l'actualité liée aux droits des personnes trans, qu'il s'agisse de la dépathologisation des transidentités par l'OMS[25], des agressions ou meurtres de personnes trans[26],[27] et plus généralement de la transphobie dans l'espace public[6],[28], des revendications portées à l'occasion de la manifestation Existrans[29],[30],[31], de la lutte contre le VIH[32],[11],[33], etc.
Elle insiste pour que sur toutes ces questions, la parole des personnes directement concernées soit écoutée[12],[34].
Distinctions
Prix du Jury des initiatives contre l'homophobie et la transphobie pour son association Acceptess-T, donné par Christiane Taubira, ministre de la Justice et Garde des Sceaux et présidente du Jury 2015[35],[36],[37].
↑ abcdef et gPerrine Kervran, « Les transidentités, racontées par les trans (1/4) : Histoire inédite d'une mobilisation », LSD, La Série Documentaire, France Culture, (écouter en ligne) À partir de la minute 35.
↑« VIH : « Beaucoup de séropositifs vivent dans l’isolement affectif le plus total » », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
↑ a et b« Au procès du meurtre de Vanesa Campos, un policier, un protecteur et les fractures de la prostitution », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑ abc et dPerrine Kervran, « Les transidentités, racontées par les trans (4/4) : Libertés, égalité, transidentités », France Culture, (écouter en ligne)
↑Perrine Kervran, « Les transidentités, racontées par les trans (2/4) : Sous le joug médical : l'invention d'un symptôme », France Culture, (écouter en ligne)