Gilles VeinsteinGilles Veinstein
Gilles Veinstein, né le à Paris 7e et mort le [1] à Saint-Cloud[2], est un historien français, spécialiste d'histoire turque et ottomane. Ses recherches sur la Turquie, qui évitent d'évoquer le génocide arménien de 1915, ont fait l'objet de controverses scientifiques, notamment au moment de sa nomination au Collège de France en 1999. BiographieIl fait ses études secondaires aux lycées Janson-de-Sailly et Louis-le-Grand. En 1966, il intègre l'École normale supérieure et obtient l'agrégation d'histoire en 1970. À sa sortie de l'ENS, il prépare sa thèse de troisième cycle comme chef de travaux à la VIe section de l'École pratique des hautes études, devenue en 1975 l'École des hautes études en sciences sociales. En 1977, il devient maître-assistant, puis maître de conférences, à l'EHESS. En 1986, il soutient une thèse d'État, il est nommé directeur d'études.[réf. nécessaire] En , il est élu professeur au Collège de France, tout en continuant d'enseigner à l'EHESS[3]. De 2010 à 2012, il est membre du conseil d'administration de la Fondation Hugot du Collège de France. Il appartenait au laboratoire Études turques et ottomanes (ESA 80 32), qui prend le relais des laboratoires d'Alexandre Bennigsen et de Louis Bazin, et associe le Centre national de la recherche scientifique et l'EHESS. Il dirigeait le Centre d'histoire du domaine turc de cette école. En septembre- il a également été professeur invité au Département d'histoire de l'université du Québec à Montréal .[réf. nécessaire] Jusqu'à sa mort, Gilles Veinstein a été codirecteur de la revue Turcica, avec Paul Dumont. Il fut membre du comité de rédaction des Cahiers du monde russe, de l'Academia Europaea, du comité des orientalismes du CNRS et du Conseil scientifique des instituts français d’Istanbul et de Tachkent. Controverse relative à son élection au Collège de FranceGilles Veinstein est élu professeur au Collège de France par 18 voix contre 15 (et 2 blancs), ce qui constitue un scrutin inhabituellement serré pour une telle élection[4]. Son élection est précédée d'une polémique concernant la teneur de ses propos sur le génocide arménien dans un article commandé par la revue L'Histoire(no 187) pour son dossier consacré à la déportation des Arméniens en 1915 (). Gilles Veinstein explique[4] que, bien que n'étant pas spécialiste de cet événement, il a accepté de participer au dossier de la revue L'Histoire « … uniquement à cause du contexte du procès Lewis » (Bernard Lewis a été relaxé deux fois au pénal mais condamné au franc symbolique au civil pour avoir évoqué dans Le Monde « la version arménienne de cette histoire »). Il rappelle dans cet article l'existence des massacres de Turcs perpétrés par les milices arméniennes et juge que le terme « génocide » ne saurait s'appliquer d'une façon incontestable aux massacres d'Arméniens perpétrés par les Turcs en 1915-1916. Israel Charny, président de l'Institut de recherche sur l'Holocauste[5],[6] qualifie l'article de Gilles Veinstein « d'exemple clair d'une nouvelle forme extrêmement dangereuse de négationnisme sophistiqué[7]. » Catherine Coquio[8], présidente de l'Association internationale de recherche sur les crimes contre l'humanité et les génocides (AIRCRIGE[9],[7]), parle de « la teneur négationniste des propos de Veinstein sur le génocide arménien » et de « perversité du positivisme négationniste ». Enfin Roger W. Smith, professeur américain spécialiste du négationnisme[10], soutient que les auteurs cités par Gilles Veinstein, comme le Turc Gurun, « ont fait carrière sur la négation du génocide arménien ». « Il omet la plupart des preuves » et relativise l'importance des centaines de témoignages existants[4]. Gilles Veinstein a alors été défendu par de nombreux historiens et orientalistes, en particulier Robert Mantran, Louis Bazin et Maxime Rodinson, qui partagent son point de vue sur l'inopportunité du terme « génocide »[11], ou encore Michel Cahen[12], Pierre Chuvin[13], Alain-Gérard Slama[14] et Pierre Vidal-Naquet[15], qui considèrent que ses travaux relèvent de la discipline historique et donc de la discussion, contrairement à ceux des véritables négationnistes. Deux pétitions sont lancées, l'une pour soutenir Gilles Veinstein, l'autre pour s'opposer à sa nomination. La première, rassemblant plus de quatre-vingts signatures et signée principalement par des enseignants-chercheurs de l'EHESS, dont est issu Veinstein[16], le désavoue toutefois quant à son refus d'employer le terme de génocide[17]. La pétition opposée est signée par une vingtaine d'historiens appartenant à d'autres établissements, dont Jean-Pierre Vernant, professeur honoraire au Collège de France[17]. MM. Cahen et Vidal-Naquet ont indiqué que les arguments de M. Veinstein ne les convainquaient pas. Pierre Vidal-Naquet précise dans une autre intervention :
Pour le philosophe Pierre Tevanian, le refus de la qualification de « génocide » relève d'une perversion du discours, et participe ainsi à la construction de mythes comme « la question juive » ou « la question arménienne »[19]. Quant à Yves Ternon, auteur du livre Du négationnisme : mémoire et tabou, il estime, en s'appuyant sur les méthodes du comparatisme historique, qu'on est en droit d'appeler négationniste un auteur qui refuse aux massacres des Arméniens le qualificatif de génocide, sans pour autant l'assimiler aux négationnistes du génocide juif. Il analyse les techniques négationnistes à la lumière de l'affaire Veinstein[20]. Inversement, Norman Stone, professeur d'histoire à l'université d'Oxford de 1984 à 1997, puis à l'université Bilkent d'Ankara, a vivement recommandé l'article écrit par Gilles Veinstein dans L'Histoire : « un résumé admirablement impartial des données du débat[21]. » Dans un entretien au Figaro du , Pierre Nora indique :
En , Claude Lanzmann déclare dans Le Nouvel Observateur :
Sa nécrologie parue dans Le Monde indique :
RecherchesDepuis son élection au Collège de France, Gilles Veinstein et ses collaborateurs ont choisi quatre « grands programmes » de recherche : langues et cultures des peuples turcophones ; sources et histoire des quatre premiers siècles ottomans (du XIVe au XVIIIe siècle) ; la fin de l'empire ottoman et l'héritage légué par lui ; les fondements du monde turc contemporain. Ses cours au Collège portent notamment sur la diplomatie ottomane, et plus spécialement sur les relations avec l'Europe chrétienne. Il a rappelé à ce sujet, dans la revue L'Histoire (no 273, ) que l'orientation des Turcs vers l'Europe remonte précisément aux premiers siècles de l'époque ottomane et se traduit, entre autres, par la diplomatie menée à cette époque. Avec Nicolas Vatin, Gilles Veinstein a rédigé Le Sérail ébranlé, vaste histoire anthropologique et politique du pouvoir ottoman, du XIVe au XVIIIe siècle. Avec Insularités ottomanes, il s'intéresse à la politique maritime de la Sublime porte. Il a poursuivi son travail sur l'Empire ottoman et l'Europe avec son cours au Collège de France « Istanbul ottomane, carrefour diplomatique[23] » (2007-2008) puis le livre coécrit avec Henry Laurens et John Tolan, L'Europe et l'Islam (2009)[24]. Le compte-rendu de la Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée estime :
PublicationsOuvrages
Direction d'ouvrages
ArticlesGilles Veinstein a contribué dans de nombreuses publications spécialisées en histoire. Une liste de ces articles est présente sur le site du Collège de France. Outre les textes présentant l'état de ses recherches, il a également publié des articles de vulgarisation dans la revue L'Histoire. Notes et références
Voir aussiBibliographie
Liens externes
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