Gilles SaussierGilles Saussier
Gilles Saussier est photographe et enseignant à l'École nationale supérieure de la photographie (ENSP Arles)[1]. Il anime l'atelier photographique de l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS Paris)[2]. BiographieGilles Saussier naît en 1965 à Suresnes[1],[2]. Il est diplômé de Paris Nanterre Université (sciences économiques & information-communication)[3] et de Paris Sorbonne Université (arts plastiques). De 1989 à 19947, il est reporter à l'agence Gamma Presse Images pour laquelle il couvre notamment l'effondrement du bloc soviétique en 1989, la première guerre du Golfe en 1991, le cyclone Gorki au Bangladesh en 1991[2]. Œuvres et parcours artistiqueBangladesh et Studio Shakhari BazarIl conçoit en 1997 un dispositif d'installation photographique sous chapiteau dans la vieille ville de Dhaka au Bangladesh[réf. nécessaire], dans lequel il expose et rend aux habitants de Shakhari bazar, le principal quartier de la minorité hindoue, 74 portraits, reliquat d'un essai photographique initialement destiné à la presse magazine internationale[réf. nécessaire]. Par cette forme de potlatch, il dilapide les restes de son activité de photojournaliste[réf. nécessaire]. De retour au Bangladesh en 2001 et 2006-2007, il rend visite aux habitants propriétaires de ses images et documente leur dissémination dans l'espace de la rue et les intérieurs des maisons. Studio Shakhari Bazar[4], conçu en collaboration avec David Barriet et le graphiste Jérôme Saint-Loubert Bié[5], se situe à la croisée de la tradition photographique documentaire, de l’art conceptuel et de l’anthropologie visuelle[réf. nécessaire]. Lourd et visible avec mon appareil moyen-format, je parviens à réaliser ces images intimes que m’interdisait la norme du reportage. Je renoue avec l’activité de portraitiste de quartier, importé par le colonisateur, popularisé par l’indigène et tombé depuis en désuétude[réf. nécessaire]. Retour au paysPour Gilles Saussier, la photographie est un acte qui sans cesse modifie la relation entre le photographe, le sujet photographié et le spectateur. Dans Retour au pays, publié dans Paysages territoires - L'Ile-de-France comme métaphore (Parenthèses 2003) et exposé par Okwui Enwezor à la documenta 11[6] (2002), il propose une médiation poétique sur la cohabitation des usages et les imaginaires du paysage en vallée de l'Epte à la frontière de l'Île-de-France et de la Normandie[réf. nécessaire]. Projets de renouvellement urbain et itinérairesEntre 2003 et 2008, il intervient dans le cadre de deux grands projets de renouvellement urbain dans le quartier d'habitat populaire de Malakoff (GPV) à Nantes et à Cherbourg-Octeville (AURU) et réalise de nombreux itinéraires en collaboration avec le sociologue Jean-Yves Petiteau, à Nantes dans le quartier et le marais de Malakoff (Lui et ses miroirs, 2004) puis à Saint-Nazaire sur les traces d'un sans domicile fixe mort à la rue (Logé chez l'habitant 2007-2008). Jean-Yves Petiteau revient en 2008 sur cette rencontre et sur cette collaboration déterminante dans l'évolution de sa méthode des itinéraires[7],[8]. Tableau de chasseEn 2010, il publie, en collaboration avec le graphiste et typographe David Poullard, Le Tableau de chasse, dont les premières séries sont exposées au Kunstmuseum de Bâle par Hartwig Fischer dans le cadre de l'exposition Covering the real, Art and the Press Picture from Warhol to Tillmans (2005). Archéologie médiatique et photographique de la révolution roumaine de 1989[9], Le Tableau de chasse est une aussi une vigoureuse critique, iconique et verbale, du reportage et de la photographie d'auteur qui prétend déposer ses marques et ses effets de signature sur le réel. C'est en publiant le récit du Tableau de chasse, vingt ans après les événements, que Gilles Saussier parvient à se réconcilier avec ses photographies de la révolution roumaine[10]. Présenté dans de nombreuses expositions traitant des rapports entre art et médias (Antifotoperiodismo La Virreina Centro de la Imagen Barcelone 2010, False Fakes - Centre de la Photographie Genève 2013, The image of war Bonniers konsthall Stockholm 2017), Le Tableau de chasse a fait l'objet de commentaires et d'études par des chercheurs et des universitaires (Michel Poivert, Emmanuelle Cherel, Guitemie Maldonado[11], Christian Gattinoni[12], Hilde Van Gelder[13], Danièle Méaux[14]). En 2020, le philosophe et théoricien des œuvres factuelles Frédéric Pouillaude écrit : La mise en page du livre extrêmement complexe et soignée, ainsi que la concision toute poétique et symbolique des formules verbales font de cet ouvrage un petit théâtre d'idées, où se réfléchit en une sorte de performance arrêtée toute la cynégétique prédatrice de l'acte photographique[15]. SpoliaEn 2018, Gilles Saussier publie Spolia (Le Point du jour éditeur, Paris-Cherbourg), conçu avec David Benassayag et le graphiste David Poullard, une enquête de territoire sur la fabrication de La Colonne sans fin du sculpteur Constantin Brâncuși (1876-1957), érigée à Târgu Jiu, Roumanie, et fabriquée entre 1937 et 1938 dans les Carpates méridionales. Suivant le cours du Jiû, Gilles Saussier explore les conditions de transport et de fabrication du monument et révèle l'arrière-pays minier dont il est issu. Faisant l'objet de comptes rendus de Michel Poivert dans Art Press (2019), L'ombre projetée de l'histoire[16], et d'Anne Bertrand [17] dans Transbordeur: photographie histoire société (2020), Spolia est aussi présenté lors du colloque international Nouvelles théories de la photographie. Approches analytiques et continentales [18](Paris Sorbonne Université, 2018), au Centre Pompidou bibliothèque Kandinsky [19](2019) et à l'invitation de Véronique Yersin et des éditions Macula[20] à Art Genève [21] (2019). Distinctions
Expositions (sélection)
Livres, textes, entretiens (sélection)
Notes et références
AnnexesBibliographie
Liens externes
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