Lorsqu'il revient en France, Roux enseigne quelque temps à l'université de Montpellier, puis, en 1961, est nommé professeur à l'université de Lyon[4], où il est amené à enseigner la littérature grecque et l’archéologie[3],[4]. À l'université de Lyon II, Roux dirige plusieurs thèses d'histoire de l'art et d'archéologie dont celles de Catherine Diederichs (née Pouilloux) en 1979[11] et de Marie-Christine Hellmann en 1990[12].
Il prend sa retraite académique et est nommé professeur émérite en 1985. En parallèle de son activité universitaire, Roux opère des travaux archéologiques en Grèce, puis de 1965 à 1974, il entreprend des fouilles sur le site de Salamine de Chypre, aux côtés de Jean Pouilloux[3],[4], qu'il rencontre pour la première fois en 1939 au lycée Henri-IV durant ses études de classe préparatoire littéraire[13].
Il épouse Jeanne Roux philologue, enseignante de langue et littérature grecque à l'université de Lyon et spécialiste du théâtre d'Euripide, qui l'accompagne dans ses voyages, notamment en Corinthie[14],[7],[15], à Délos, à Thasos, à Chypre ainsi qu'à Delphes[16]. Ils ont notamment publié ensemble un ouvrage sur la Grèce[15] — ouvrage qui, pour l'archéologue Sémni Karoúzou, « restera le témoignage d'une affection profonde pour le peuple grec » —[7] et un article intitulé « Un décret du politeuma des Juifs de Bérénikè en Cyrénaïque au Musée lapidaire de Carpentras »[17].
Fouilles et travaux
Sous l'égide de l'École française d'Athènes, Roux, aux côtés de René Ginouvès, entreprend des fouilles sur le site de l'agora de l'île de Thasos dans les années 1950[18],[19]. Sous le passage dit des Théores, les fouilles de Roux et de son équipe permettent de dégager des ruines datées de l'époque archaïque[19]. Lors de cette campagne de fouilles, l'archéologue vauclusien et son équipe ont également mis en évidence un autel in antis dédié à Athéna Propylaia[19].
De 1965 à 1974, Roux effectue plusieurs missions archéologiques à Chypre, notamment sur le site de Salamine[20]. Lors des fouilles sur le site de la ville protobyzantine, il met au jour les vestiges de la basilique de la Campanopetra[20].
L'intérêt de Roux pour l'architecture de la Grèce antique le conduit à traiter et à étudier avec approfondissement des types de construction tels que le tholos, dont un travail de synthèse fait l'objet d'une publication en 1992 dans l'ouvrage collectif The Rotunda of Arsinoe[21],[22], ou encore les « salles de banquet », travail publié en 1973[20]. En outre, dans les années 1950, il procède au réexamen d'une base mise au jour dans le sanctuaire dédié aux Muses au mont Hélicon, élément architectural identifié par Paul Jamot comme appartenant à un temple[23]. L'analyse de Roux contredit l'interprétation de Jamot et met en évidence qu'il s'agit de la base d'un autel, voire d'une exèdre[23]
Ses travaux à Delphes l'amènent à entreprendre principalement une restitution détaillée de la terrasse d'Attale Ier et l'historique de la construction du temple d'Apollon au cours du IVe siècle av. J.-C. à travers l'étude des épigraphies inscrites sur les différentes parties de ce monument[10].
Roux opère également des fouilles et études épigraphiques dans le sanctuaire d'Épidaure[24], notamment sur l'autel dédié à Apollon Maléatas, le temple d'Asclépios et le temple d'Artémis[25].
Enfin, dans un autre domaine, Roux dans les années 1950 et 1960, s'attache à analyser et définir le sens de termes du vocabulaire d'architecture grecque antique, dont les mots xulôma, tarsos, tylôsis, tupoi, kolossos ou encore tupos[14].
Membre et correspondant de sociétés savantes et d'instituts de recherche
Il a fait partie de l'École française d'Athènes à partir de 1948[5]. Roux, à l'instar de René Ginouvès, son ami de jeunesse[10], cesse d'être membre du personnel scientifique de l'École en [26].
Roux a été l'un des fondateurs de la Maison de l'Orient et de la Méditerranée, créée en 1975 ; il y a notamment dirigé l'une de ses bibliothèques, alimentée par des fonds issus de la bibliothèque de Salomon Reinach et s'est occupé d'encadrer des séminaires spécialisés sur les temples et les sanctuaires antiques au Centre d’Archéologie classique[4].
Pour Marie-Christine Hellmann et Marguerite Yon, les publications (ouvrages et articles) écrites et co-écrites par Georges Roux sont révélatrices :
« pour lui l’archéologie était indissociable des textes, il allait jusqu’à proclamer que, plus il enseignait le grec ancien, plus il se sentait archéologue... Mais on se tromperait gravement en croyant qu’il préférait les livres au « terrain ». »
Directeur d'ouvrage et co-auteur, Temples et sanctuaires. Séminaire de recherche 1981-1983., (lire en ligne).
avec Jean Pouilloux, Énigmes à Delphes, Université de Lyon, Faculté des Lettres, Institut F. Courby, (lire en ligne).
Salamine de Chypre, vol. 15 : La basilique de la Campanopétra., Paris, de Boccard, , 318 p. (lire en ligne).
Pausanias en Corinthie (Livre II, 1 à 15). Texte : traduction : commentaire archéologique et topographique, (Compte rendu d'ouvrage par Charles Delvoye dans L'Antiquité Classique [lire en ligne]).
Fouilles de Delphes, t. II : La terrasse d'Attale 1er, De Broccard, (lire en ligne).
Articles
« Une table chrétienne de Delphes. », Bulletin de correspondance hellénique, vol. 97, no livraison 1, , p. 137-144 (DOI10.3406/bch.1973.2123, lire en ligne, consulté le ).
« Le Val des Muses, et les Muses chez les auteurs anciens », Bulletin de correspondance hellénique, vol. 78, , p. 22-48 (DOI10.3406/bch.1954.2431, lire en ligne, consulté le ).
« Salles de banquets à Délos. », Bulletin de correspondance hellénique., no Supplément 1, , p. 525-554 (DOI10.3406/bch.1973.5077, lire en ligne, consulté le ).
« À propos des gymnases de Delphes et de Délos. Le site du Damatrion de Delphes et le sens du mot sphairistérion. », Bulletin de correspondance hellénique, vol. 104, no livraison 1, , p. 127-149 (DOI10.3406/bch.1980.1959, lire en ligne, consulté le ).
« Deux riches offrandes dans le sanctuaire de Delphes. », Journal des savants, nos 3-4, , p. 221-245 (DOI10.3406/jds.1990.1537, lire en ligne, consulté le ).
« Samothrace, le sanctuaire des Grands Dieux et ses mystères. », Bulletin de l'Association Guillaume Budé, no 1, , p. 2-23 (DOI10.3406/bude.1981.1088, lire en ligne, consulté le ).
« Sur quelques termes d'architecture », Bulletin de correspondance hellénique, vol. 80, , p. 507-521 (DOI10.3406/bch.1956.6540, lire en ligne, consulté le ).
Hommages et postérité
En 1989, en avant-propos d'un livre d'hommages dédié à Georges Roux, les archéologues Marie-Thérèse Le Dinahet, Roland Étienne, Marguerite Yon, mettent en perspective les deux termes de l'intitulé de l'ouvrage, architecture et poésie, qui « ont été placées très tôt par Georges Roux au centre de son œuvre » et que la phrase de René Char« Les pierres s'ajoutaient aux pierres, des mains utiles les aimaient », qui a été utilisée comme préambule à sa thèse d'État, symbolise ses travaux de terrain[29]. En outre, Le Dinahet, Étienne et Yon soulignent que : « [...] l'esprit de géométrie et le goût de la poésie sont inscrits dans la culture antique, et c'est de cette culture antique que Georges Roux, spécialiste d'archéologie classique, fut nourri et qu'il sut si bien diffuser »[29]. Les trois archéologues ajoutent que, dans le cas de l'archéologue vauclusien, « [...] l'union de l'archéologie, de la littérature et de la pédagogie fut une réussite exemplaire »[29]. En 2003, Marie-Christine Hellmann et Marguerite Yon complètent cette remarque sur les compétences pédagogiques de Roux soulignant qu'il « se distinguait par un don particulier pour communiquer à son public [...] sa passion pour la littérature grecque, surtout la poésie » et ainsi que ses connaissances dans le domaine de l'architecture grecque antique [10]. Philippe Gauthier pose le même constat, estimant que, bien que les analyses et les postulats de Roux aient pu faire l'objet de critiques, il a été largement reconnu pour ses capacités oratoires[14].
« Georges Roux observait une rigueur scientifique toujours ouverte sur des hypothèses, guidé par son sens des réalités, son don d'observation et sa connaissance de la société antique. »
↑André Chervel, « Les agrégés de l’enseignement secondaire. Répertoire 1809-1950 - III. Les lauréats des concours nationaux (1830-1950) », Ressources numériques en histoire de l'éducation, Institut national de recherche pédagogique, , p. 1944 - lettres (lire en ligne, consulté le ).
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↑Georges Roux, « De la blouse blanche à l'habit vert. », dans Hommages à Jean Pouilloux., Lyon, Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, coll. « Collection de la Maison de l'Orient » (no Hors série, 5), , 41-48 p. (lire en ligne).
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Marie-Thérèse Le Dinahet, Roland Étienne et Marguerite Yon, « Avant-propos. », dans Architecture et poésie dans le monde grec. Hommage à Georges Roux., Lyon, Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, coll. « Collection de la Maison de l'Orient méditerranéen. Série archéologique » (no 19), (lire en ligne), p. 7.
« Bibliographie de Georges Roux », dans Architecture et poésie dans le monde grec. Hommage à Georges Roux., Lyon, Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, coll. « Collection de la Maison de l'Orient méditerranéen. Série archéologique » (no 19), (lire en ligne), p. 9 à 11.
Marguerite Yon-Calvet, "George Roux", in Dominique Saint-Pierre (dir.), Dictionnaire historique des académiciens de Lyon 1700-2016, Lyon : Éditions de l'Académie (4, rue Adolphe Max, 69005 Lyon), 2017, p. 1177-1180.