« Le lauréat est un moins de trente ans » observe Claude Roger-Marx, qui ne manque pas de relever « l'atmosphère de déguisement qui lui est chère » ainsi que « la sourde truculence qu'il donne aux fonds opaques où chantent avec distinction des gris froids, des verts, des carmins et des safrans »[8] lorsqu'en 1951 le prix de la Société des collectionneurs et amateurs d'art est attribué à Gabriel Dauchot.
Waldemar George observe dans les années 1950 que si « ses œuvres de début étaient traitées dans un style réaliste qui rejoint parfois le populisme, le peintre tente de s'en dégager et réagit contre un art littéraire ». Ses dernières toiles d'alors, « portraits, paysages, compositions et natures mortes, s'imposent par la vie intense de la matière »[9]. Près de quarante ans plus tard cependant, en 1989, Gérald Schurr continuera de retenir dans l'œuvre de Dauchot « une campagne triste peuplée d'êtres pitoyables, à mi-chemin entre le drame et la dérision, un univers truculent sauvé du tragique par un humour grinçant »[10].
Son appartement-atelier était situé au no 5 place Pigalle à Paris[7].
Réception critique
« Dauchot est le peintre de la nostalgie. Il aurait voulu vivre entre 1850 et 1900 et les personnages qu'il représente portent généralement des costumes désuets. Il peint des arlequins tristes, des oiseleurs accablés, des violonistes des rues, des paysages de neige, des natures mortes et des enterrements. Mais, s'il exprime la nostalgie par le choix de ses sujets, il l'exprime aussi par sa technique. Il n'emploie jamais de couleurs pures. Sa manière évoque Soutine par l'importance des effets de matière, Degas et Toulouse-Lautrec par la mise en page. »
« Très vite, malgré sa jeunesse, il sut s'imposer dans des tableaux qui exprimaient les états d'âme d'une société démodée, étrange tout en restant de la peinture. Dans sa récente exposition parisienne, il a su faire des toiles gaies, généreuses, spirituelles avec un corbillard vide et un fauteuil d'une autre époque… »
« Il est aujourd'hui l'un des plus grands artistes de Paris, dans la tradition d'un Utrillo, d'un Marquet ou d'un Dufy. Il nous convie à une promenade nostalgique dans un Paris hors-du-temps, celui des petits métiers, des mécanos et des grisettes, des mansardes et des bistrots, ce Paris gouailleur qui l'amuse et l'attendrit et qu'il nous restitue à sa manière. »
— Jacques Chirac, Rétrospective Gabriel Dauchot, [catalogue], Lanobre, château de Val, été 1992[7].
« […] La saveur d'une réalité tragi-comique contée dans cet expressionnisme truculent, teinté d'humour noir, qui fut unanimement salué par la critique dans les années d'après-guerre. »
— Gérald Schurr, Le Guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1993, p.302.
« Dauchot affectionne, en dehors des natures mortes et des paysages, ces êtres anonymes, mélancoliques, rêveurs, garçons de café, mariés qui se mêlent à des personnages directement issus d'un univers de saltimbanques: pierrots, arlequins […] Ce “marchand de merveilleux” ; comme l'appelle René Domergue, sait aussi teinter d'humour noir certaines de ces scènes, notamment ses enterrements. »
↑Les dates étant différentes selon les sources (on trouve également 1926 pour la naissance de Gabriel Dauchot, 2003, 2005 ou 2009 pour son décès). L'acte de décès sur son état-civil mentionne qu'il mort le
↑Le thème du Salon des peintres témoins de leur temps 1957 étant le sport, Gabriel Dauchot y présenta une toile intitulée L'arrivée de course cycliste (toile illustrant, en page 81, le texte de René Barotte Gabriel Dauchot dans le livre Les peintres témoins de leur temps, le sport, Achille Weber et Hachette co-éditeurs, 1957.
↑Waldemar George, « Les jeunes peintres : Gabriel Dauchot », Art et Industrie, n°XX, page 15.
↑ a et bGérald Schurr, « Les expositions à Paris : Dauchot », La Gazette de l'Hôtel Drouot, no 38, 3 novembre 1989, page 116.
↑ Yvon Taillandier, « Dauchot regrette la Belle Époque », Connaissance des arts, no 57, novembre 1956, p. 90.
↑ René Barotte, « Gabriel Dauchot », Le Salon des peintres témoins de leur temps - Le sport, coédition Achille Weber et Hachette, 1957.
↑ abcdefghijk et lÉric Mercier, Années 50 - La Jeune Peinture, tome II : Panorama de la Jeune Peinture, ArtAcatos 2010, « Gabriel Dauchot » pages 151-153.
↑G.E., « Dauchot », Journal de l'amateur d'art, no 201, 10 décembre 1957, page 14.
↑Patrick-F. Barrer, Histoire du Salon d'automne de 1903 à nos jours, Éditions Arts et Images du Monde, 1992.