Frédéric Benrath

Frédéric Benrath dans son atelier
Frédéric Benrath dans son atelier.

Frédéric Benrath, pseudonyme de Philippe Gérard, né le à Chatou et mort le [1] à Paris, est un peintre français.

Bien que proche des mouvements de l’abstraction lyrique ou de l’expressionnisme abstrait de la deuxième moitié du vingtième siècle, nourrie du Romantisme allemand, l’œuvre de ce peintre peut difficilement être enfermée dans une étiquette trop réductrice, étant donné son évolution radicale : de la gestuelle baroque au rythme bouillonnant des premières années, vers le dépouillement ultime des dernières années où la couleur, à la limite du monochrome, se dissout dans un espace sans limites[2]

Biographie

Les apprentissages

Très doué pour le dessin il entre aux Beaux-Arts de Toulon en 1947 où il obtient le grand prix décerné par la ville de Toulon. En 1949 il monte à Paris où il suit des cours à l’Ecole des Beaux-Arts. Déçu par l’enseignement qui y est dispensé, il poursuivra seul sa quête à travers de nombreuses lectures, des expositions et visites dans les musées et les galeries. Il découvre ainsi la richesse et la diversité des tendances picturales du Paris de l’après-guerre.

En 1953, un voyage en Allemagne le conduit au château de Benrath dont il prend le nom comme pseudonyme. Grand admirateur du romantisme allemand il se fait désormais prénommer Frédéric en hommage à deux figures de la culture de ce pays dont les œuvres lui sont particulièrement proches le philosophe Friedrich Nietzsche et le peintre Caspar David Friedrich [3].

Les premières rencontres et les premières expositions

Elles contribueront à forger sa stature de peintre. En 1953 il rencontre Julien Alvard[4], alors critique à la revue Art d’aujourd’hui, dont il restera très proche jusqu’à la mort de celui-ci en 1972.  En 1954 il rencontre Henri Michaux puis la galeriste Suzanne de Coninck qui, la même année, lui organise sa première exposition personnelle dans sa galerie de Beaune. En plus d’un ensemble de peintures il y présente son long poème Le Limon[5] édité avec 10 de ses sérigraphies. Cela permet de souligner ici l’importance de la littérature pour cet artiste dont la création fut toujours inspirée par ses découvertes en philosophie ou en poésie. Cette même année il fait la connaissance de René Déroudille, critique lyonnais qui le soutiendra beaucoup, et participe à plusieurs expositions collectives. En 1956 il rencontre René Char et fait la connaissance du philosophe Stéphane Lupasco dont les théories sur Le Principe d’antagonisme le touchent profondément.

En 1957, il se marie avec Suzanne Robine dont il a un fils Emmanuel.

En 1958, il participe galerie Breteau à Paris à une exposition de groupe réunissant Fernando Lerin, René Duvillier et Duque, intitulée Yann par J. Alvard, en référence à un passage du livre Pêcheur d’Islande de Pierre Loti où il est question de brumes dans un univers sans limite. A cette occasion apparaît le terme « Nuagisme » sous la plume d’un critique afin de tourner cette peinture en dérision.

En 1960 il participe à l’exposition Antagonismes organisée par Julien Alvard et François Mathey au Musée des Arts décoratifs à Paris. En 1961 il obtient le prix des critiques de la deuxième biennale de Paris, rencontre Gilbert Amy compositeur et directeur du conservatoire de Lyon qui l’initie à la musique contemporaine. En 1962 le critique d’art Gérald Gassiot-Talabot lui consacrera une étude dans la revue Cimaise[6].

À cette époque les œuvres de Frédéric Benrath nous entraînent au cœur de tempêtes romantiques que rien ne semble pouvoir apaiser. Il peint des univers de masses ou de griffures en mouvement, sortes de chaos originel où les éléments s’affrontent dans le bruit et la fureur comme dans la série de toiles intitulées Zone d’insécurité. Puis la peinture évolue sensiblement, les griffures restent mais la pâte devient moins épaisse, les couleurs moins heurtées. Les griffures s’estompent puis disparaissent, l’espace se libère, la lumière fait son entrée, et sur un fond très sombre des masses ocres tumultueuses et très lumineuses traversent horizontalement la toile. Les séries La Traversée des apparences ou Les Grands Itinérants du songe en sont de bons exemples.

La maturité

Dès le début des années 1960, de nouveaux contrats lui ouvrent les portes d’importantes galeries : Smith à Bruxelles, Flinker à Paris, avec l’exposition L’espace du souffle, en hommage à Henri Michaux. En 1963 il obtient une bourse de la Fondation Ford pour un séjour d’un an à Berlin où il expose à plusieurs reprises. Il y rencontre Michel Butor, Witold Gombrowicz le compositeur Iannis Xenakis, et fait la connaissance des historiens de l’art Herbert Read et Will Grohmann. En 1964 l’exposition Le nuage crève qui réunit Frédéric Benrath, Beaufort Delaney, René Duvillier, Jean-Claude Fiaux, Pierre Graziani, René Laubiès, Fernando Lerin, Marcelle Loubchansky ,et Nasser Assar souligne la diversité, sinon l’éclatement du mouvement nuagiste.

En 1966 à Lyon son exposition personnelle à la galerie Le Lutrin de Paul Gauzit annonce le début d’une longue collaboration et d’une implantation durable dans cette ville. Il participe à diverses expositions collectives en France et à l’étranger. La critique d’art Geneviève Bonnefoi, avec laquelle commence une longue amitié, l’invite en 1967 à participer à l’exposition Espaces lyriques à Rouen avec Claude Georges, Simon Hantaï et Sonderborg. Cette même année une nouvelle exposition personnelle à la galerie Flinker intitulée L’Exploration de l’air est un succès[7]. Il y rencontre Pierre Soulages et Jean Degottex. En 1968 il part à New York pour une exposition personnelle à la Carlton Gallery.

De 1969 à 1995, il est enseignant à l'Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Versailles[8], où il exercera jusqu’à sa retraite comme responsable du département des arts plastiques et membre pour plusieurs mandats du conseil de gestion de l'école.

En 1970 il se noue une intense amitié avec le philosophe Jean-Noël Vuarnet et approfondit avec lui sa réflexion sur la peinture. « Ce fut une rencontre destinale pour chacun des deux.  Aujourd’hui que nous sommes amis depuis près de 30 ans, se poursuit une histoire sans fin, celle des rapports de la forme et de l’informe, en peinture et en littérature. C’est l’histoire que nous vivons encore « proches sur les plus séparés des monts »» écrira Vuarnet 50 ans plus tard en liminaire au livre Deus Sive Natura qu’il consacrera à Benrath en 1993.

En 1973 Benrath organise lui-même une exposition collective au Musée des Beaux-arts de Lyon Le Nuagisme même en hommage à son ami Julien Alvard décédé l’année précédente. Enfin l’exposition L’Errance et le Retour en 1974, première rétrospective au musée Thomas Henry de Cherbourg, clôt cette période particulièrement riche.

Avec le temps, notamment dans les séries L’Espace du souffle et L’Exploration de l’air sa peinture continue d’évoluer. Désormais, deux ou trois zones se partagent l’espace de la toile, un espace sombre dans la partie inférieure d’où émerge souvent une forme en gestation et une zone lumineuse au centre ou dans la partie supérieure. L’ombre et la lumière se disputent l’espace. « Le geste est plus retenu, les tempêtes et les tourbillons s’apaisent mais c’est pour céder la place à de grandes formes nouées qui semblent se ramasser au centre de la toile semblables à quelque monstre étrange prêt à bondir » dit Geneviève Bonnefoi[9]. A partir de 1965, dans les séries comme Le Feu du ciel, L’Errance et le Retour (titre d’une exposition galerie Daniel Gervis en 1972), des nœuds au centre de la toile ou des brindilles portées à incandescence tentent de se dégager d’un réseau de lignes pour accéder à un univers lumineux qui flambe dans la partie supérieure de la toile. L’espace se déleste encore dans la série Capitale de la douleur.

La rupture dans l’œuvre

À partir de 1975 une rupture se produit dans l’œuvre de l’artiste. Les nœuds et les formes enchevêtrées s’effacent définitivement pour laisser la couleur fluide prendre entièrement possession de l’espace pictural vers des univers en constante transformation. Désormais seuls importent l’espace, la couleur et la lumière. L’exposition en 1977 Une sorte d’euphorie qui suspend l’image à la galerie Daniel Gervis en est l’illustration. Les titres de cette période parlent d’eux-mêmes.  Déserts, Déserts d’eau, Ce qui reste du ciel, Le Corps de l’ombre… Si cette nouvelle veine rencontre un vif succès, avec l’implacable loi des modes, à cette époque la critique et le public vont provisoirement délaisser largement l’abstraction pour d’autres écoles : Nouveau réalisme, Support-surface, Figuration narrative.

Grand amateur et connaisseur de la musique contemporaine il devient un auditeur assidu de l’Ensemble inter-contemporain créé en 1976 par Pierre Boulez qu’il connaît depuis 1950[10],[11]

À la demande de Gérard Guillot-Chêne, conservateur du Musée d’Evreux il organise en 1981 l’exposition collective Le Clair et l’Obscur réunissant Benrath, Beaufort Delaney, René Duvillier, Pierre Graziani, René Laubiés et Jean-Jacques Saignes. La même année il s’installe dans un nouvel atelier rue Domrémy, à Paris.  Au cours de cette période il peint peu de toiles, ayant recours presque exclusivement au papier, medium qui a toujours accompagné son travail. La série Les Jardins du vide, où il revient d’une façon nouvelle sur la question d’une forme dans l’œuvre, en est un très bel exemple. « Romantisme sans fadeur d’un paysagiste sans paysage… Benrath ne peint ni le volcan ni le ciel ou les eaux mais « le fond, le tréfonds et l’abîme »[12]» dit Jean.Noël Vuarnet dans son introduction à l’exposition Les Jardins du vide à la FIAC en 1981. Il réalise également plusieurs estampes, lithographies, gravures ou sérigraphies, techniques qu’il maitrise et qu’il aime mettre en œuvre de temps à autre, particulièrement en participant à la création de nombreux livres d’artiste avec différents poètes. « Malgré la contrainte dimensionnelle, l’intérêt du support papier est d’offrir une grande liberté d’expérimentation de toutes sortes dont Benrath a exploré le vaste champ de recherche dans ses inépuisables possibilités » écrit Alice Baxter[13]. Son œuvre gravée fera d’ailleurs l’objet d’une exposition au musée de l’Imprimerie de Lyon en 1990.

En 1985 la grande rétrospective organisée à l’Abbaye de Beaulieu en Rouergue par Geneviève Bonnefoi[14] confirme la voie en marche vers le même dépouillement avec des couleurs moins sombres et de nouveaux formats.

En 1987 l’exposition 25 pièces brèves - pour Hölderlin à la galerie Broomhead, rue de Seine, à Paris, montre une série d’œuvres de petit format. Peintes à l’acrylique sur carton elles sont très libres, très subtiles, souvent très colorées. Il mène depuis quelques temps ce travail de recherche parallèlement à ses huiles sur toile, et le poursuivra jusqu’à la fin[15].

La plénitude

A partir de 1990 plusieurs grandes séries vont se succéder, telles que Incipit Tragœdia ou encore Mes Archipels qui englobent, disait-il, toute son œuvre. S’y confirment ses talents de coloriste. En effet, les tableaux deviennent des murs immatériels où se tissent les roses et les gris, les oranges et les jaunes, les rouges et les verts, les noirs et les bleus… qui se dissolvent lentement dans un domaine non défini, où la ligne d’horizon est placée très haut.

En 1993 paraît Deus Sive NaturaFrédéric Benrath de Jean-Noël Vuarnet, importante étude sous forme de courts chapitres mêlant philosophie et poésie. En 1994 il est fait chevalier des Arts et des Lettres par Jacques Toubon, alors ministre de la Culture. En 1996 la disparition brutale de Jean-Noël Vuarnet l’affecte profondément.

En 2000 plusieurs expositions sur ses œuvres récentes ont lieu : au Musée Hébert près de Grenoble (A Jean-Noël Vuarnet – peintures 1985-1999), à la galerie États d’art à Paris et à la galerie Simon Blais à Montréal (Peindre ce qui ne peut se voir) avec un catalogue commun contenant un long entretien entre Frédéric Benrath et le poète et critique d’art Maurice Benhamou.  Ces expositions témoignent de l’évolution de son œuvre, notamment avec la série Titre manquant, vers une peinture de plus en plus dépouillée et maitrisée. « Ce sont des œuvres quasi-monochromes qui sont apparues. Je dis « quasi » parce que à la séparation des règnes avait succédé une variation plus subtile : jeu de lumière ou de souffle animant la surface et lui conférant tension ou expansion » écrit Pierre Wat[2].

En 2002 il loue un atelier à Ivry. En 2003 une importante rétrospective a lieu au centre d’art contemporain de l’Abbaye de Trizay près de La Rochelle (Frédéric Benrath – Peintures 1954-2003). À cette occasion il rencontre le critique d’art Pierre Wat[2] qui rédige un texte pour le catalogue[16] et qui ultérieurement publiera en 2016 sa monographie de référence.  En 2004 plusieurs expositions titrées Ainsi la nuit sont organisées en parallèle à Paris, dans les galeries États d’art, Olivier Nouvellet et L’Or du temps. En 2006 à la Corderie de Rochefort sont exposées les œuvres de 2000-2005.

Renversé par une moto, il meurt le 17 avril 2007. Un hommage lui est rendu au Musée des Beaux-Arts de Lyon : Frédéric Benrath 1930-2007 – l’intense et l’espace.

Le dépouillement progressif que l’on constate depuis le début de son travail franchit ces dernières années une étape cruciale. Les tableaux, souvent assemblés en diptyques ou triptyques, deviennent de grands quasi monochromes silencieux. L’horizon a disparu, parfois remplacé par une ligne estampée dans la couleur. Pour sa dernière série il emprunte le titre Ainsi la nuit à un quatuor à cordes d’Henri Dutilleux, façon de souligner l’importance de la musique contemporaine dans son travail. « L’extrême économie de moyens, le refus de tout ornement comme du moindre élément narratif, c’est-à-dire temporel, que l’on voit à l’œuvre par exemple dans les pièces de Xenakis, se retrouvent aussi chez vous » dit Maurice Benhamou[17].

L’œuvre ainsi brutalement interrompue par la mort aurait évidemment continué à évoluer. Mais dans quelles directions ? Il n’en reste pas moins qu’elle témoigne à la fois d’une grande cohérence et d’un cheminement persévérant. Qu’est-ce que l’espace, physique et psychique ? Qu’est-ce que la lumière ? Qu’est-ce que l’ombre ? Lequel naît de l’autre ou se dissout dans l’autre ? Telles sont les principales questions souvent d’ordre éthique qui ont habité sa peinture jusqu’aux dernières œuvres.

Benrath a également réalisé des décors de théâtre (notamment ceux de L'Opéra du monde de Jacques Audiberti au théâtre Lutèce à Paris), des bannières (festival de la ville de Lyon), des sculptures, un triptyque de vitraux pour le parvis de l'hôpital de Chartres, une tapisserie avec la manufacture des Gobelins à Paris.

Prix

  • 1946 : prix de la ville de Toulon
  • 1961 : prix des critiques de la deuxième biennale de Paris
  • 1964 : prix Victor Choquet

Œuvres

  • musée d'Évreux :
    • Composition, 1963, huile sur toile série « L'Espace du souffle », signée, datée en bas à droite, contresignée au dos, 46 × 55 cm
    • Composition, 1973, huile sur toile, signée en bas à droite, contresignée et datée au dos, 91 × 72 cm
    • Double Abîme, 1980, huile sur toile, signature au dos, 92 × 146 cm
    • Les Jardins du vide, 1981, peinture à l'huile sur papier, signée et datée en bas à droite : Benrath 81, 32 × 50 cm

Expositions

  • avril-mai 1981 : « Le Clair et l'Obscur », musée d'Évreux
  • 1963 : exposition personnelle en hommage à Henri Michaux, « L'Espace du souffle », à la galerie Karl Flinker
  • 1954 : Galerie de Beaune - Paris - France
  • 1954 : Galerie Saint Laurent - Bruxelles - Belgique

Bibliographie

Notes et références

  1. Des suites d'un accident de la circulation.
  2. a b et c Les données biographiques et bibliographiques de cette notice sont principalement tirées de l’ouvrage de référence : Pierre Wat, Frédéric Benrath, Paris, Editions Hazan, 2016.
  3. Geneviève Bonnefoy, Benrath, Ginals, abbaye de Beaulieu, 1985.
  4. « Julien Alvard - Switch (on Paper) », sur www.switchonpaper.com (consulté le )
  5. « Galerie Michelle Champetier : Frédéric Benrath / Le Limon », sur www.mchampetier.com (consulté le )
  6. Gerald Gassiot -Talabot, « Frédéric Benrath », Cimaise, série IX, n° 2, mai-juin 1962
  7. https://place-des-arts.com/en-US/artist/Frederic-BENRATH/9eAJZYr6GuWkEo5uW/Expo-63-Galerie-Karl-Flinker/2a4fH4tHStdMit9sC
  8. Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Versailles, 5 avenue de Sceau, 78000 VERSAILLES
  9. Geneviève Bonnefoi, critique d'art et conservatrice du Centre d'Art Contemporain de l'abbaye de Beaulieu en Rouergue
  10. https://www.benrath.fr
  11. https://www.lemonde.fr › Le Monde des livres Le Monde.fr https://www.lemonde.fr › Le Monde des livres 8 déc. 2016 — Intellectuellement, parce qu'Henri Michaux et Pierre Boulez ont autant compté dans le développement de Benrath qu'Hölderlin et Novalis.
  12. texte paru sur le carton d’invitation de l’exposition Benrath œuvres sur papier, Galerie Daniel Gervis, FIAC 1981
  13. Alice Baxter, L’œuvre sur papier, catalogue de l’exposition du Musée Thomas Henry, Cherbourg, déc 2017-mars 2018
  14. Geneviève Bonnefoi, conservatrice du Cac de l'abbaye de Beaulieu en Rouergue
  15. galerie Broomhead
  16. Pierre Wat "Accord" in catalogue de l'exposition Frédéric Benrath Peintures 1954-2003, Centre d'art contemporain, abbaye de Trizay, 2003
  17. « Peindre ce qui ne peut se voir », entretien Maurice Benhamou / Frédéric Benrath, in catalogue Frédéric Benrath, Galerie Etats d’art, Paris et Galerie Simon Blais, Montréal, 2000.
  18. https://collections.mba-lyon.fr/fr/notice/2022-15-1-diotima-29e49a70-992d-46aa-8e4a-e37a9b7fdcaf

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