Frères Carvajal

Últimos momentos de Fernando IV el Emplazado, huile sur toile de José Casado del Alisal (1860), palais du Sénat, Madrid. La toile montre les deux frères Carvajal annonçant la mort de Ferdinand IV de Castille 30 jours après la leur.

Les frères Carvajal (en espagnol : hermanos Carvajal) est le nom par lequel sont désignés Juan Alfonso de Carvajal et Pedro Alfonso de Carvajal, qui étaient chevaliers et commandeurs de l'ordre de Calatrava et étaient au service du roi Ferdinand IV de Castille.

Ils ont été condamnés à mort par le roi en 1312 et jetés du sommet de la Peña de Martos (Jaén).

Mort des frères Carvajal et de Ferdinand IV

En 1312, alors que le roi Ferdinand IV se trouve dans la ville de Palencia, il apprend la nouvelle de la mort du chevalier Juan de Benavides, favori du roi, des mains de deux hommes. On détermine que les auteurs du crimes sont les frères Carvajal, chevaliers de l'ordre de Calatrava.

Plus tard, après une visite à Jaén, Ferdinand IV se dirige vers la commune de Martos : les frères Carvajal se trouvant là-bas, le roi les condamne à mort. Selon la légende — il n'y a en effet aucune chronique de l'époque mentionnant cet épisode —, ils sont condamnés à être enfermés dans une cage en fer dont les bords sont couverts de pointes affilées vers l'intérieur, puis à jeter ces cages du sommet de la Peña de Martos. Selon la Crónica de Fernando IV — qui le retranscrit de la même manière que celle utilisée dans la Crónica de Alfonso XI —, les frères Carvajal, avant d'être exécutés, ont enjoint au roi de comparaître devant Dieu sous trente jours pour la mort injuste que le monarque leur avait donnée.

La Crónica de Fernando IV, écrite vers 1340, presque 30 ans après la mort du roi, relate la mort de Ferdinand IV dans le chapitre XVIII de l'œuvre et décrit la mort (quoique sans précision sur la façon dont ils ont été exécutés) des frères Carvajal, qui a eu lieu 30 jours avant celle du roi[N 1].

En effet, le roi Ferdinand IV meurt à Jaén le , soit exactement trente jours après l'exécution des frères Carvajal. C'est la raison pour laquelle son surnom, « l'Ajourné », lui est attribué.

Sépulture des frères Carvajal

Croix de l'ordre de Calatrava, duquel étaient membres les frères Carvajal.

Martín Ximena Jurado (es), historien et chroniste de Jaén du XVIIe siècle, décrit dans son œuvre Catálogo de los Obispos de las Iglesias Catedrales de Jaén y Anales eclesiáticos de este Obispado (« Catalogue des Évêques des Églises Cathédrales de Jaén et Annales ecclésiastiques de cet évêché », (1654) l'église royale de Santa Marta (es) de la ville de Martos, où gisent les restes des frères Carvajal, exécutés par ordre du roi Ferdinand VI. En décrivant la tombe de 1312, le chroniste apporte des informations supplémentaires sur la mort du monarque et des frères :

« Et sous elle[N 2] on voit sur le mur un tout petit arc, et, humble, près du sol et au-dessus de lui, l'inscription suivante, qui manifèste être la sépulture des deux frères chevaliers Carvajales, qui ont été jetés de la Peña de cette ville par ordre du roi Don Ferdinand Quatrième, appelé l'Ajourné, pour être mort dans le délai que lui ont signalé ces chevaliers en lui donnant rendez-vous avec le Tribunal divin pour l'injustice dont ils disent être les victimes[N 3]. »

Il décrit ensuite l'inscription sur la sépulture :

« En l'an 1310, par ordre du roi Don Ferdinand Quatrième de Castille l'Ajourné, furent jetés de la Peña Pedro et Juan Alfonso de Carvajal, frères, Commandeurs de Calatrava, et furent enterrés dans cette sépulture. Don Luís de Godoy, et le licencié Quintanilla, Chevaliers de l'Abito, Visiteurs généraux de ce parti, ont fait rénover cette mémoire en l'an 1595[N 4]. »

La Croix des pleurs

La Croix des pleurs à Martos.

Dans la ville de Martos, à l'endroit où la tradition affirme que s'était arrêtée la cage dans laquelle avait été placés les frères Carvajal lors de leur exécution, et où la foule a pleuré le destin de ces deux hommes, une croix fut érigée sur une colonne de pierre et fut appelée « Cruz del Lloro » (« Croix des pleurs »), comme symbole de la compassion des locaux[3].

Notes et références

Notes

  1. Texte original de la chronique, en castillan ancien, de la chronique : « É el Rey salió de Jaen, é fuese á Martos, é estando y mandó matar dos cavalleros que andavan en su casa, que vinieran y á riepto que les fasían por la muerte de un cavallero que desían que mataron quando el Rey era en Palencia, saliendo de casa del Rey una noche, al qual desían Juan Alonso de Benavides. É estos cavalleros, quando los el Rey mandó matar, veyendo que los matavan con tuerto, dixeron que emplasavan al Rey que paresciesse ante Dios con ellos a juisio sobre esta muerte que él les mandava dar con tuerto, de aquel día en que ellos morían á treynta días. É ellos muertos, otro día fuese el Rey para la hueste de Alcaudete, e cada día esperava al infante Don Juan, segund lo havía puesto con él...É el Rey estando en está cerca de Alcaudete, tomóle una dolencia muy grande, e affincóle en tal manera, que non pudo y estar, e vínose para Jaen con la dolencia, e no se queriendo guardar, comía carne cada día, e bebía vino...E otro día jueves, siete días de setiembre, víspera de Sancta María, echóse el Rey a dormir, e un poco después de medio día falláronle muerto en la cama, en guisa que ninguno lo vieron morir. É este jueves se cumplieron los treynta días del emplazamiento de los cavalleros que mandó matar en Martos[1]... »
  2. Sous la chapelle colatérale de l'Autel principal, du côté de l'épître de l'église mentionnée.
  3. Texte original, en espagnol ancien : « Y más abaxo della se ve en la pared vn arco muy pequeño, y humilde, cerca del suelo y sobre èl la siguiente Inscripción, que manifiesta ser aquel el Entierro de los dos Cavalleros hermanos Carvajales, que fueron despeñados de la Peña desta Villa por mandado del rey Don Fernando el Quarto, que llamaron el Emplazado, por aver muerto dentro del plazo que le señalaron estos Cavalleros, citándolo para el Divino Tribunal por la injusticia que con ellos se dice vsò[2]. »
  4. Texte original, en espagnol ancien : « Año de 1310 por mandado del Rey D. Fernando Quarto de Castilla el Emplazado fueron despeñados desta Peña Pedro y Jvan Alfonso de Carvajal, hermanos, Comendadores de Calatrava, y se sepultaron en este Entierro. Don Luís de Godoy, y el licenciado Quintanilla, Cavalleros del Abito, Visitadores generales deste Partido, mandaron renovarles esta memoria Año de 1595[2]. »

Références

  1. Benavides 1860, p. 242-243
  2. a et b Ximena Jurado 1991, p. 202
  3. (es) « La Croix des pleurs sur le site de l'office de tourisme de Martos », sur martos.es (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

  • (es) Antonio Benavides, Memorias de Don Fernando IV de Castilla, vol. I, Madrid, Imprenta de Don José Rodríguez, (OCLC 3852430, lire en ligne)
  • (es) Antonio Benavides, Memorias de Don Fernando IV de Castilla, vol. II, Madrid, Imprenta de Don José Rodríguez, (OCLC 253723961, lire en ligne)
  • (es) Diego Catalán, Gran Crónica de Alfonso XI, vol. I, Madrid, Editorial Gredos, (ISBN 978-84-600-0796-8)
  • (es) Francisco Cerdá y Rico, Crónica de D. Alfonso el Onceno de este nombre, Madrid, Imprenta de D. Antonio de Sancha, (OCLC 3130234, lire en ligne)
  • (es) Manuel García Fernández, « Jaime II y la minoría de Alfonso XI: sus relaciones con la sociedad política castellana (1312-1325) », Historia, instituciones, documentos, Séville, Universidad de Sevilla: Departamento de Historia Medieval y Ciencias y Técnicas Historiográficas, no 18,‎ , p. 143-182 (ISSN 0210-7716, lire en ligne)
  • (es) César González Mínguez, Fernando IV, 1295-1312, Palencia, La Olmeda, , 410 p. (ISBN 84-8173-027-0)
  • (es) Jofré de Loaysa et Antonio García Martínez, Crónicas de los Reyes de Castilla Fernando III, Alfonso X, Sancho IV y Fernando IV (1248-1305), Murcie, Academia Alfonso X el Sabio, coll. « Colección Biblioteca Murciana de bolsillo Nº 27 », (ISBN 84-00-05017-7)
  • (es) Manuel Nieto Cumplido, La Catedral de Córdoba, Cordoue, Obra social y cultural de Cajasur, (ISBN 978-84-7959-652-1)
  • (es) Juan Núñez de Villaizán et Francisco Cerdá y Rico, Crónica de D. Alfonso el Onceno de este nombre, Madrid, Imprenta de D. Antonio de Sancha, (lire en ligne)
  • (es) Manuel Urbano Pérez Ortega, « Un romance olvidado de los Carvajales y "el Emplazado" de José Lamarque de Novoa », Elucidario Seminario bio-bibliográfico Manuel Caballero Venzalá, Jaén, Instituto de Estudios Giennenses, no 7,‎ , p. 9-22 (ISSN 1885-9658, lire en ligne)
  • (es) Francisco José Portela Sandoval, Casado del Alisal (1831-1886), Palencia, Excma. Diputación Provincial de Palencia, (ISBN 84-505-4582-X)
  • (es) José Sánchez-Arcilla Bernal, Alfonso XI (1312-1350), Gijón, Ediciones Trea, , 278 p. (ISBN 978-84-9704-330-4)
  • (es) Braulio Vázquez Campos, Los adelantados mayores de la frontera o Andalucía (Siglos XIII-XIV), Camas, Diputación de Sevilla, , 417 p. (ISBN 84-7798-230-9)
  • (es) Martín Ximena Jurado, Catálogo de los Obispos de las Iglesias Catedrales de Jaén y Anales eclesiásticos de este Obispado, Grenade, Universidad de Granada, , 610 p. (ISBN 84-338-1350-1, OCLC 312578332, lire en ligne)
  • (es) VV. AA., Mitos y leyendas andaluces, Madrid, Grupo Cultural Zero, (ISBN 84-317-0592-2)

Liens externes