Commandino est né dans le duché d'Urbino, citadelle qui devint, aux mains de la famille Della Rovere, un centre militaire et culturel majeur dans l'Italie de la Renaissance. Son père, Giovan Battista Commandino, était un architecte réputé, et sa mère Laura Benedetti lisait le latin. En 1530 son maître de mathématiques entra au service du cardinal Niccolò Ridolfi, intéressé par les mathématiques, chasseur de manuscrits et possesseur d'une riche bibliothèque[3].
Commandino, s'appuyant sur ses connaissances mathématiques, produisit pour les deux collections une édition bilingue latin–grec accompagnée de commentaires (1558). Pour bien des termes grecs de géométrie, il dut rechercher un équivalent latin, s'appuyant sur les rares indices trouvés chez Cicéron, Vitruve et Frontin et créant de toutes pièces en latin une terminologie mathématique qui s'imposa après lui.
En 1563, le prince héritier François Marie II della Rovere avait rappelé Commandino à la cour ducale pour qu'il y poursuive l'enseignement dispensé à son père quelques années plus tôt. Là, il se lia avec Le Tasse et le philosophe Bernardino Baldi, mais n'interrompit pas pour autant son prodigieux travail de traduction et de critique textuelle.
Les fatigues et les dangers du voyage vers Venise incitèrent Commandino à travailler avec une imprimerie plus proche d'Urbino : en effet, il était d'usage dans les débuts de l'imprimerie que l'auteur relise les épreuves de son texte dans une salle attenante aux ateliers de presse, ce qui pouvait durer plusieurs semaines. Sous le patronage du duc d'Urbino, Commandino obtint en 1565 la création d'une imprimerie dans la ville voisine de Pesaro, où ses œuvres seront désormais publiées.
Le succès de ses traductions commentées fit rapidement de Commandino une célébrité, et nombre de chercheurs, comme l'Anglais John Dee, prirent le chemin d'Urbino pour le rencontrer et solliciter son avis[4]. Il correspondait par ailleurs avec Francesco Maurolico et enseigna les mathématiques au jeune Guidobaldo del Monte.
Œuvres
Commandino édita :
les œuvres d'Archimède (à l'exception du Traité des corps flottants, dont il ne retrouva pas de manuscrit grec, et du traité De la méthode, découvert bien plus tard),
Ptolemæi planisphærium, Jordani planisphærium. Federici Commandini Urbinatis in Ptolemæi planisphærium commentarius in quo universæ scenographicis ratio quam brevissime traditur, ac demonstrationibus confirmatur (1558, Venise, « apud Paulum Manitium Aldi », 2e éd., Rome, 1562). Ce livre comporte également le traité Scenographia, exposé géométrique du dessin en perspective. Un vol. in-4°, 201 × 148 mm, en deux parties : la première partie. [i-vi], 1-37, [38-40, avertissement de l'imprimeur] pp.; 28 pages numérotées incluant la page de titre, caractères romains et italiques. La marque d'imprimeur figure sur les deux pages de titre, et au verso des dernières feuilles. La seconde partie contient le commentaire de Commandino. Texte et commentaire comportent des bois gravés. Le « planisphère » est une projection de la sphère sur l'équateur, l'œil étant placé au pôle ; on l'appelle aujourd'hui projection stéréographique.
Monumenta, seu Archimedis opera nonnulla, nuper in latinum conversa (1558), Venise, Alde Manucce ; contient les traités De la mesure du cercle, des Spirales, la Quadrature de la parabole, Sur les conoïdes et les sphéroïdes, et l’Arénaire.
Pages [4]+93+[3], avec 98 bois gravés en plein texte. Ancre aldine et dauphin en page de titre. Caractères romains. Commentaires de Commandino et errata. Ce Liber Analemmate montre comment trouver les angles entrant dans la construction des cadrans solaires. « La vraie détermination des angles s'obtient, non par trigonométrie (encore que Ptolémée montre que cela serait possible) mais par une méthode graphique ou nomographique. Quoique l'idée ne fût pas nouvelle (Ptolémée critique ses prédécesseurs, et une technique similaire est décrite aussi par Vitruve v. 30 av. J. C.), la sophistication du développement est bien de Ptolémée[5].. » Commandino établit l'édition latine de ce texte à partir de témoins en arabe, aucun témoin grec n'étant connu. La dernière partie du livre contient son propre traité sur la graduation des cadrans solaires.
Pappi Alexandrini Mathematicæ collectiones in latinum conversæ et commentariis illustratæ (1588), Pisauri, chez H. Concorde, trad. en latin et comm. par Commandin d’Urbino
(en) Henk J. M. Bos, Redefining geometrical exactness, coll. « Sources and Studies in the Hist. of Math. and Phys. Sc. », Springer, 2001 (ISBN0-387-95090-7)
Paul Ver Eecke, La Collection Mathématique de Pappus d'Alexandrie, introduction, Paris, Libr. A. Blanchard, 1932, rééd. 1982
Paul Lawrence Rose, « Plusieurs manuscrits autographes de Federico Commandino à la Bibliothèque Nationale de Paris », Revue d'histoire des sciences, vol. 24, no 4, , p. 299-307 (ISSN1969-6582, lire en ligne)
Notes et références
↑Les géomètres francophones du XVIIe siècle écrivaient « Commandin ».
↑Raymond
Cl. Archibald, Euclid's Book on Divisions of Figures (περὶ διαρέσεων βιϐλιων),
with a restoration based on Woepcke's text and on the
Practica Geometriœ of Leonardo Pisano, Cambridge, Angl., Cambridge University Press, .
↑Dictionary of Scientific Biography (New York 1970-1990).