Le [1] un grand concert eut lieu au Théâtre an der Wien : Beethoven avait organisé une soirée consacrée exclusivement à ses œuvres au cours de laquelle il devait intervenir en tant que pianiste et chef d’orchestre. Le programme, qui comprenait notamment les premières de la Cinquième symphonie et de la Symphonie pastorale, ainsi que le quatrième concerto pour piano, semblait résumer l’étonnante variété et la personnalité complexe du compositeur.
Pour conclure la soirée de ce concert mémorable de plusieurs heures, Beethoven désirait « un finale brillante » qui devait unir dans une même œuvre les différentes composantes musicales mises en valeur au cours de la soirée : le piano, les solistes, le chœur et l’orchestre. La Fantaisie op.80, écrite quelques jours auparavant seulement, joue ce rôle. Beethoven fit appel au poète Christoph Kuffner pour établir le texte, d’après ses indications. Le thème développé – celui de la fraternité universelle par la rencontre des arts – ressemble beaucoup à celui de l’« Ode à la Joie » de Schiller que Beethoven désirait également mettre en musique depuis sa jeunesse, et qui a pris sa forme définitive dans le finale de la 9e Symphonie. Différents points communs – en particulier le traitement choral introduit par des variations instrumentales fondées sur l’utilisation d’un thème très simple, et la parenté évidente entre ce thème et celui de l’Hymne à la Joie – rapprochent la Fantaisie op.80 de la Neuvième symphonie, au point que l’on a vu dans la première une esquisse de la seconde. La liberté formelle du genre de la fantaisie a permis à Beethoven de réunir dans une œuvre de courte durée l’aspect intimiste de la musique pour piano et la musique de chambre, et le côté expansif de la musique symphonique avec chœur.
La Fantaisie est construite en deux parties d’ampleur inégale (voir section suivante). Au cours du concert du , que Beethoven voulait représentatif des divers aspects de son talent, aucune autre œuvre n’aurait pu mieux servir de conclusion que cette fantaisie puisque le compositeur y joua successivement le rôle de virtuose avec sa cadence initiale, de simple accompagnateur dans les variations avec flûte et hautbois, et de soliste dans son dialogue concertant avec l’orchestre, les solistes et le chœur ; après cette fantaisie, dédiée au roi Maximilien-Joseph de Bavière[1], Beethoven n’est revenu qu’une seule fois au piano concertant, quelques mois seulement après, en composant son concerto « l’Empereur » qui curieusement, commence lui aussi par une grande cadence de type improvisé.
La Fantaisie est construite en deux parties d’ampleur inégale,
un Adagio, à , en do mineur – une grande cadence pour le piano de 26 mesures, réarrangée après le concert, Beethoven s’étant ce jour-là vraisemblablement lancé dans une improvisation. L'arrangement consiste en un accompagnement des cordes. Seul le matériel d'orchestre (de la main de Beethoven) a existé pendant longtemps. La partition complète a été rassemblée aux États-Unis en 2010, et l'œuvre donnée "en première mondiale" le à Liège par l'Orchestre Symphonique des Jeunes du Conservatoire[4],[5]
et un grand Finale de près de 600 mesures, lui-même divisé en plusieurs sections de différents tempi :
Allegro (variations instrumentales), à , en do mineur