Originaire de Montluçon, les Giraud des Écherolles se sont installés à La Ferté-Hauterive, prenant possession du fief des Écherolles dont ils ont pris le nom.
Famille bourgeoise connue depuis le XVe siècle, elle a contracté de nombreuses alliances avec les familles nobles les plus respectées de sa province ; ses membres ont occupé des charges anoblissantes pendant plus de trois générations[1].
En 1700, dans son Armorial général de France, volume IV, Charles d'Hozier (1640-1732) enregistre les armoiries de Simon Giraud des Écherolles, conseiller du roi en la sénéchaussée de Bourbonnais et siège présidial de Moulins.
La famille est anoblie sous le règne de Louis XV par lettres patentes données en décembre 1770 et enregistrées en parlement le 28 novembre 1771, en raison de la brillante carrière militaire[2] d’Étienne François Giraud des Écherolles[3].
Anoblissement
Étienne François, maréchal des camps et armées du roi, inspecteur des haras du Bourbonnais[4], fut blessé sept fois grièvement dans sa carrière, notamment à douze ans d'un coup de sabre au visage et fut fait prisonnier. Il reçut de nombreuses récompenses militaires et l'ordre de Saint-Louis.
Au moins deux de ses ascendants étant titulaires de cette récompense[5], il fut anobli.
Les lettres ont été enregistrées le 28 novembre 1771[6].
Armoiries
Les armoiries de cette famille[7] sont les suivantes : De gueules, au puits d’argent, d’où sortent deux palmes en bande et en barre du même, au chef cousu d’azur à la fleur de lys d’or, chargé d’un bâton péri en bande[8].
Les supports sont deux lions et les armoiries sont timbrées d'une couronne comtale[9].
Ce blason ancien des Giraud des Écherolles était de gueules, au puits d’argent, d’où sortent deux palmes en bande et en barre du même.
L'azur à la fleur de lys d’or, au bâton péri en bande brochant, a été ajouté au milieu du XVIIe siècle, dans le quartier en chef d'un coupé.
Ces armes ont été enregistrées dans l’Armorial général de France, dressé en vertu de l'édit de 1696, par Charles d'Hozier (Bourbonnais, vol. 4)[10].
Le chef cousu d'azur, inspiré des armoiries du Bourbonnais est cité par Jean-François Louis d'Hozier[11], Viton de Saint-Allais, de Magny[12], et relayé par Gourdon de Genouillac.
D'autres versions assez proches existent :
Le bâton péri est parfois changé en cotice de gueules[13].
Le bâton péri est parfois en barre, dans l'armorial de France, ou dans l'armorial du Bourbonnais.
Le champ est coupé et les palmes sont de sinople[14], dans l'armorial de France[15].
Gilbert-Simon Giraud des Écherolles, Seigneur des Écherolles et des Bordes, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, fut capitaine au régiment de Poitou[5].
Étienne-François Giraud des Écherolles
Carrière sous l'Ancien Régime
Étienne-François Giraud des Écherolles, maréchal de camp et armées du Roi, inspecteur des haras du Bourbonnais, était un militaire français, nommé Cchevalier de l'Ordre de Saint-Louis, et anobli en 1771[5].
Il commença sa carrière dans l'armée, entraîné par son père à l'âge de 9 ans, en compagnie de ses cousins.
À 12 ans, il fut blessé d'un coup de sabre au visage. Blessé 7 fois durant sa carrière, en récompense de son courage, il était nommé chevalier de l'ordre de Saint-Louis[17].
Retraité de l'armée, et âgé de 60 ans, il refusait tout d'abord d'occuper cette fonction, mais finit par accepter sous la pression des citoyens.
Il est également élu député de l'Allier à la Fête de la Fédération du 14 juillet 1790, en compagnie de son fils Joseph-Étienne[22].
Il nourrissait l'espoir d’entraîner Louis XVI dans un coup de force contre l'assemblée constituante, projet qui échoua[23].
Opposé aux exactions, Étienne-François sauva, en 1791, un marchand accusé de spéculation qui allait être lynché par la foule[24]. Conspué par la population, il donna sa démission, puis fut emprisonné.
Le soulèvement et l'exil
Réfugié à Lyon, en 1793, on lui propose de commander le soulèvement de Lyon contre la Convention nationale, ce qu'il refuse[25] en raison de son âge et de ses infirmités, n'étant plus capable de monter à cheval. Il accepte cependant le commandement de la porte Saint-Irénée et de la porte Saint-Just[21] sous les ordres de Louis François Perrin de Précy.
Accusée d'avoir refusé de le livrer, sa sœur Anne-Marie est alors décapitée pendant la Terreur (Révolution française), le 11 février 1794[27].
Joseph-Étienne Giraud des Écherolles
Carrière sous l'Ancien Régime
Après une formation militaire dans l'école d'artillerie royale de Metz, devenue aujourd'hui l'École d'application de l'artillerie et du génie, il devient lieutenant-colonel au régiment du Bourbonnais.
La Révolution
Joseph-Étienne Giraud des Écherolles est député de l'Allier à la Fête de la Fédération, où il rencontre Louis XVII[28].
Comme son père, il démissionne de la Garde nationale et, sa famille étant considérée comme ennemie de la Révolution, il émigre en compagnie de plusieurs de ses frères[29] en 1791.
Il fait partie de l'armée des Princes, l'armée des émigrés et sert comme chasseur noble à la compagnie du régiment de la Couronne en 1791 ; il réintègre la France pour participer au siège de Lyon, puis rejoint le régiment noble à pied de Condé en 1794[30].
Aux côtés de Napoléon
Militaire, il réintègre l'armée en 1796, et participe à toutes les campagnes de Napoléon Ier, qu'il déclare, dans ses mémoires, avoir rencontré plusieurs fois en personne[28].
Il est à Bataille d'Ulm, ayant le grade de Sous-Lieutenant du 5e bataillon du train d'artillerie.
Proposé pour la 3e fois à la Légion d'honneur à la suite de la bataille d'Iéna[33], il est nommé chevalier de la Légion d'honneur ( sous le numéro d’ordre 18570) pour ses faits d’armes au sein de la cavalerie napoléonienne lors de cette bataille, ayant son cheval tué sous lui et étant blessé par la mitraille, ce qui ne l'empêche pas de faire prisonnier de nombreux Prussiens[28].
Il devient enfin Capitaine au grand état major de l'armée française en 1814, fait partie de la Grande Armée, puis participe à la Campagne de France (1814), et assiste aux Adieux de Fontainebleau[28].
Après l'abdication de Napoléon, il est chargé d'une mission périlleuse par le Roi, il est arrêté par un général autrichien, mais parvient à s'échapper.
Il est également titulaire de l'ordre de Saint-Louis qu'il obtient le 20 août 1823[36].
Le retour à la vie civile
À la suite de sa carrière militaire, il est tout d'abord nommé sous-préfet de Villefranche-sur-Saône, le 16 juin 1814[37], puis secrétaire-général de la Préfecture du Lot-et-Garonne[38],[39].
Alexandrine Giraud des Écherolles
Enfance sous la Révolution française
Enfant sous la Révolution, ayant un père absent, une tante emprisonnée, des frères émigrés, et une mère défunte, Alexandrine Giraud des Écherolles fut souvent seule pour affronter les épreuves de sa vie.
La famille Giraud des Écherolles est également connue pour le livre Quelques années de ma vie, publié en 1843 à Moulins chez Martial Place[44], en deux volumes, et réédité sous le titre Une famille noble sous la Terreur (Paris, Plon, 1907), écrit par Alexandrine Giraud des Écherolles, fille d'Étienne François et de Marie Anne Odile de Tarade. Dans ce livre, l’auteure raconte son enfance sous la Révolution française et les persécutions qui touchèrent sa famille lors de la Terreur.
Alexandrine des Écherolles fut notamment citée en exemple par Alphonse de Lamartine, dans son Histoire des Girondins : « Au nombre de ces victimes suppliciées dans leur corps et dans leur âme avant l’âge du crime, on remarquait mademoiselle Alexandrine des Écherolles, privée de sa mère par la mort, de son père par la fuite ; elle venait chaque jour à la porte de la prison des Récluses solliciter, par ses larmes, la permission de voir la tante qui lui avait servi de mère, et qu’on avait jeté dans les cachots. Bientôt elle la vit conduire au supplice et la suivit jusqu’au pied de l’échafaud, demandant en vain de lui être réunie dans la mort. On dut plus tard, à cette enfant quelques-unes des pages les plus dramatiques et les plus touchantes de ce siège. Semblable à cette Jeanne de la Force, historienne des guerres de religion de 1622, et à l’héroïque et naïve madame de La Rochejaquelein, elle écrivit avec le sang de sa famille et avec ses propres larmes le récit des catastrophes auxquelles elle avait assisté. Les femmes sont les véritables historiens des guerres civiles, parce qu’elles n’y ont jamais d’autre causes que celle de leur cœur, et que les souvenirs y conservent toute la chaleur de leur passion. »[45]
En 1935, son histoire sert d'inspiration au scénario du film hollywoodien Le Marquis de Saint-Évremont (titre original : A Tale of Two Cities), basé sur la nouvelle de Charles Dickens, Le Conte de deux cités, réalisé par Jack Conway, produit par la Metro-Goldwyn-Mayer, et sélectionné pour les Oscars[46].
Résidences
Seigneurs des Écherolles, des Bordes, de Mimorin, de Changy, de Vignoles, du Ris et du Rosat, les Giraud ont vécu dans différents fiefs entre le XVe et le XIXe siècle.
La Révolution française ayant dispersé les membres de la famille Giraud des Écherolles, elle a été divisée en 3 branches :
La branche dite "de la Réunion", issue du comte Paul Giraud des Écherolles[55], le chef de famille, lequel s'est installé à la Réunion. Cette branche a disparu à la fin du XIXe siècle, sa seule petite-fille ayant adopté le nom de son mari.
La branche agenaise, issue du chevalier Aymar des Écherolles, laquelle a obtenu le titre de comte à la disparition de la branche précédente[56].
La branche hongroise, issue de Charles des Écherolles, qui épousa Madame Krusper, descendante d'une vieille famille de la noblesse hongroise. Il obtint de faire accoler le nom de sa femme au sien, prenant pour nom des Écherolles Kruspér[57]. Aujourd'hui, la famille hongroise des Écherolles Kruspér réside en Hongrie ; les châteaux familiaux sont en Roumanie[58] (l'Autriche-Hongrie a été amputée d'une partie de son territoire lors du Traité de Versailles). Ils ont tout perdu sous l'ère communiste.
Notes et références
↑Nobiliaire universel de France ou Recueil général des généalogies historiques des maisons nobles de ce royaume par M. de Saint Allais... Tome premier [-dix huitième], chez l'auteur, rue de la Villiere, (lire en ligne)
↑Collectif, Justice et politique : la Terreur dans la Révolution française, Presses de l’Université Toulouse 1 Capitole, (ISBN978-2-37928-094-8, lire en ligne)
↑ abc et dM. de Saint-Allais (Nicolas Viton), M. de La Chabeaussière (Ange Etienne Xavier), Jean Baptiste Pierre Jullien de Courcelles et Lespines (abbé de), Nobiliaire universel de France, ou, Recueil général des généalogies historiques des maisons nobles de ce royaume, Au bureau du Nobiliaire universel de France, Réimprimé à la Librairie Bachelin-Deflorenne, (lire en ligne)
↑Dictionnaire des anoblissements, contenant l'indication des anoblissements, maintenues de noblesse, concessions, collations de titres, etc : accordés par les rois de France, avec les dates d'enregistrement, 1270-1790, libr. Bachelin-Deflorenne, (lire en ligne)
↑Nicolas Jules Henri GOURDON DE GENOUILLAC, Recueil d'Armoiries des maisons nobles de France, (lire en ligne)
↑Nicolas Viton de Saint Allais, Dictionnaire encyclopédique de la noblesse de France,, (lire en ligne), p.300.
↑Recueil de l'Académie des jeux floraux, Académie des jeux floraux,., (lire en ligne)
↑VOLUMES RELIES du Cabinet des titres : recherches de noblesse, armoriaux, preuves, histoires généalogiques. Armorial général de France, dressé, en vertu de l'édit de 1696, par Charles d'Hozier. (1697-1709). IV Bourbonnais., (lire en ligne)
↑ a et bJean François L. d' Hozier, L'impôt du sang; ou, La noblesse de France sur les champs de bataille, publ. par L. Paris. 3 tom. [in 6 pt.]., (lire en ligne)
↑Louis de Magny, La science du blason accompagnée d'un armorial général des familles nobles de l'Europe, A. Aubry, (lire en ligne)
↑Louis Audiat, La terreur en Bourbonnais : les victimes, J.-B. Dumoulin, (lire en ligne)
↑D. L. C. D. B, Dictionnaire généalogique, héraldique, chronologique et historique, contenant L'origine & létat actuel des premieres Maisons de France, des Maisons souveraines & principales de l'Europe..., Chez Duchesne, Libraire, (lire en ligne)
↑Charles-René d' (1640-1732) Auteur du texte Hozier, VOLUMES RELIES du Cabinet des titres : recherches de noblesse, armoriaux, preuves, histoires généalogiques. Armorial général de France, dressé, en vertu de l'édit de 1696, parCharles D'HOZIER. (1697-1709). IV Bourbonnais., 1701-1800 (lire en ligne)
↑ a et bAlexandrine des Echerolles, Quelques années de ma vie, Martial Place, (lire en ligne)
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↑Louis Susane, Histoire de l'ancienne infanterie française, J. Corréard, (lire en ligne)
↑Histoire de l'ancienne infanterie francaise: 4, J. Correard, (lire en ligne)
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↑Serge Bianchi, La Garde nationale entre Nation et peuple en armes : Mythes et réalités, 1789-1871, Presses universitaires de Rennes, , 566 p. (ISBN978-2-7535-3179-6, lire en ligne)
↑États détaillés des liquidations faites pendant l'année 1828, par la Commission d'Indemnité, en exécution de la loi du 27 avril 1825, au profit des anciens propriétaires ou ayant-droit des anciens propriétaires de biens-fonds confisqués ou aliénés révolutionnairement : 4e. compte publié, Impr. Royale, (lire en ligne)
↑M. de Saint-Allais (Nicolas Viton), Ange Jacques Marie Poisson de La Chabeaussière, Jean Baptiste Pierre Jullien de Courcelles et Lespines (abbé de), Nobiliaire universel de France : ou Recueil général des généalogies historiques des maisons nobles de ce royaume, Au bureau du Nobiliaire universel de France, Réimprimé à la Librairie Bachelin-Deflorenne, (lire en ligne)
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TÜKRÉBEN, debrecen, 2005 (lire en ligne)
J.-R. Marboutin, « Le château de Castelnoubel (commune de Bon-Encontre) », Revue de l'Agenais, 39, 1912 ; sur la famille Giraud des Écherolles, voir p. 145-163 et 197 et suiv. (en ligne).