Famille Camondo
La famille Camondo est une famille juive originaire d'Espagne, passée par Constantinople, l'Italie, puis Paris. Plusieurs membres de cette famille ont été aussi des collectionneurs, ayant légué leurs collections à l'État français. La famille s'éteint en ligne masculine et légitime en 1935 puis en ligne naturelle en 1980. Elle compte également des victimes de la Shoah en France. HistoireChassée d'Espagne en 1492[1],[2], la famille sépharade[3] Camondo s'installe alors à Venise[1]. Ses activités commerciales vont de Venise à Trieste, en passant par Vienne et ailleurs[3]. Puis au XVIIIe siècle, c'est à Constantinople que Abraham Salomon Camondo (en) exerce un rôle de préteur-changeur (saraf) à Galata puis banquier au sein de l'Empire ottoman. Abraham Salomon Camondo et son fils Raphaël Salomon Camondo fondent et développent un réseau bancaire au Levant, devenant des sortes de « Rothschild de l'Est »[4],[3]. Les deux petits-fils d'Abraham Salomon Camondo, Abraham Behor de Camondo (tr) et Nissim de Camondo (tr), considèrent que l'évolution du monde économique va se jouer en Europe, à Berlin, Londres ou Paris, et s'installent en 1869 dans cette dernière ville, après être passés par l'Italie et y avoir aidé les partisans de l'unité italienne[4]. En 1867, Abraham Salomon Camondo reçoit le titre de comte héréditaire par Victor Emmanuel II, roi d'Italie, en remerciement de son aide pour la réunification de l’Italie[4]. Nissim reçoit lui aussi le même titre en 1870[5]. Les Camondo sont donc passés de la nationalité autrichienne à sujets du Grand-Duché de Toscane et sont finalement faits nobles du Royaume d'Italie[3]. À la fin du Second Empire, il décident donc d'ouvrir une succursale en France, à Paris, où ils se font reconstruire sur la plaine Monceau, en 1912, l'ancien hôtel particulier parisien de la famille en deux hôtels particuliers sis sur deux parcelles voisines aux 61 et 63 rue de Monceau, contigus au parc Monceau[6]. L'entrée s'inspire du Petit Trianon de Versailles et l'ensemble est décoré d'une précieuse collection de meubles et d'œuvres d'art français du XVIIIe siècle. « Le romancier Émile Zola, par exemple, décrivit plus tard leur somptueux domaine de la rue de Monceau comme « une profusion, une explosion de richesses », faisant écho à l'impression générale sur la famille »[3]. Les deux frères très proches meurent la même année, en 1889, à Paris ; ils laissent chacun un fils. Sous la IIIe République, leurs fils, les cousins Isaac et Moïse de Camondo, vont gérer leur fortune mais ne sont pas très intéressés par les activités de banquier. Ils sont en revanche, dans le respect de la tradition familiale, de grands collectionneurs et amateurs d'art. Aussi, la famille donne-t-elle généreusement à des œuvres caritatives[6]. Isaac, fin compositeur de musique, effectue des dons successifs puis lègue à sa mort en 1911 ses collections de peinture moderne comprenant notamment quatorze Monet, cinq Cézanne et douze Degas au musée du Louvre (depuis 1986 et l'ouverture du musée d'Orsay, elles sont accrochées dans ce musée), mais le musée du Louvre refuse qu'Isaac de Camondo siège à sa commission d'achats car il est Italien, soit étranger[4]. Pour sa part, Moïse de Camondo, vice-président du musée des Arts Décoratifs du Louvre[6] et l'un des plus grands amateurs de mobilier et d'arts décoratifs français du XVIIIe siècle de la fin du XIXe siècle[7], constitue une collection remarquable dans son hôtel particulier du 63 rue de Monceau[4] ; il écrit que sa collection a pour but de mettre en valeur « les gloires de la France » dans la période du XVIIIe siècle qu'il « aime plus que toutes les autres »[3]. Là, il fonde le musée Nissim-de-Camondo à Paris, en mémoire de son fils mort au combat en Meurthe-et-Moselle en 1917, à l'âge de 25 ans[8]. Il lègue à l'État français les biens qui auraient dû revenir à celui-ci, soit l'hôtel particulier de Monceau et ses collections - à la condition que le musée porte le nom de son fils Nissim et honore sa mémoire en ne déplaçant pas les photographies qui y sont installées[6] ; ces conditions sont respectées, après son inauguration officielle par sa fille Béatrice et son ouverture au public en décembre 1936. Quelques années plus tard, Béatrice, la fille de Moïse (et sœur de Nissim) Camondo est arrêtée, emprisonnée au camp de Drancy et déportée lors de la Seconde Guerre mondiale, ainsi que son ex-mari Léon Reinach et leurs deux enfants, trahis par leur passeur alors qu'ils fuyaient vers l'Espagne. En novembre 1943, le convoi no 62 emmène ces trois derniers au camp d'extermiation d'Auschwitz où ils sont assassinés fin 1943 et début 1944[6]. En mars 1944, Béatrice fait partie du convoi n° 69 qui atteint la même destination, et sa mort serait intervenue début janvier 1945[8],[9],[10],[3]. Sa mère, Irène Cahen d’Anvers, immortalisée dans un portrait d'elle enfant par Renoir (1880), qui avait quitté le foyer en 1896 pour se convertir au catholicisme afin d'épouser le comte Charles Sampieri, maître des Ecuries de Camondo, échappe à l'hécatombe[11]. En revanche, sa tante Élisabeth Cahen d'Anvers (1874-1944), sœur cadette d'Irène, également Juive convertie de longue date, est emprisonnée à Drancy et meurt à Auschwitz. Cette famille de banquiers est aujourd'hui éteinte, les deux fils naturels - non reconnus - d'Isaac de Camondo (1851-1911) étant morts en 1978 et 1980, ainsi que les descendants de Moïse de Camondo[3]. Cependant, il existe plusieurs descendants de la branche d'Isaac Camondo (mort en 1831), frère aîné d'Abraham Salomon et fondateur de la banque. PostéritéL'exposition « La Splendeur des Camondo : de Constantinople à Paris, 1806-1945 », visible au musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme à Paris de à est le premier hommage public rendu à ces mécènes de l'État[4],[12]. Plusieurs ouvrages sont consacrés à l'histoire de cette famille, dont, publiés en 1997, Le dernier des Camondo, par Pierre Assouline, chez Gallimard[9], Les Camondo ou l'éclipse d'une fortune par Nora Şeni et Sophie Le Tarnec chez Actes Sud, ou encore en 2021, Lettres à Camondo par Edmund de Waal (en)[13]. Généalogie
Galerie
Notes et références
Voir aussiBibliographie
Articles connexesLiens externes
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