Félix-Sébastien Feuillet de ConchesFélix-Sébastien Feuillet de Conches Portrait photographique de Nadar.
Félix-Sébastien Feuillet de Conches, né le à Paris et mort le à Paris (8e)[1], est un diplomate, journaliste, écrivain et collectionneur français. Ayant occupé les postes d'introducteur des ambassadeurs et chef du protocole au ministère des Affaires étrangères, il put constituer des collections originales, fameuses et spécialisées dans les domaines de la peinture anglaise, de la peinture française du XIXe siècle, de l'histoire des civilisations, des arts du Proche-Orient et d’Asie ; des collections que son contemporain Charles Monselet jugeait sans égales dans le monde entier, mais qui comportait des pièces à l'authenticité douteuse. BiographieUne carrière presque banaleLe , Félix Sébastien Feuillet de Conches entre au ministère des Affaires étrangères sur recommandation de Talleyrand. Le , il est nommé chef de bureau au service du protocole. À partir de 1835, il s'emploie à réunir des dessins venant d'Égypte, d'Abyssinie, de Perse, d'Inde, de Chine, du Japon. Sa profession favorise ses missions à l'étranger et les relations avec les ambassadeurs, il voyage à Londres, à Dresde, à Munich, à Prague, à Vienne, en Hongrie, en Russie, en Italie. Entre 1828 et 1840 environ, il collectionne particulièrement les illustrations de Jean de la Fontaine. En 1850 un procès l'opposa au bibliothécaire en chef de la bibliothèque nationale, qui l'accusait du vol d'une lettre de Michel de Montaigne[2]. Cela donna lieu à deux livres de polémiques et cinq séances du Tribunal de la Seine, au terme desquelles la bonne foi de Feuillet de Conches fut reconnue et l'administrateur général de la bibliothèque, Joseph Naudet, condamné aux dépens. Le pamphlet : Réponse à une incroyable attaque de la Bibliothèque nationale de Feuillet de Conches s'attira une Réponse de la Bibliothèque nationale qui donne un relevé des manuscrits prêtés à Monsieur de Conches et tente une dernière fois de l'incriminer. Cette polémique rappelle quels déboires les bibliothèques et les savants de l'époque avaient à subir d'érudits peu scrupuleux, comme le comte Guillaume Libri ou d'escrocs comme Lucas Vrain. Feuillet de Conches finit par rendre la lettre de Montaigne ; la critique actuelle penche aujourd'hui en faveur de l'institution[3] mais selon le mot d'Adolphe Mathurin de Lescure[4] :
Commandeur de la Légion d’honneur (le ), il est nommé directeur du protocole le . Le , Feuillet de Conches fait valoir ses droits à la retraite, à soixante-seize ans. Les 26, 27, 28 et , puis le , il organise la dispersion de ses collections dès son vivant, notamment lors d’une vente anonyme faite chez Sotheby's (lot 106), dans laquelle furent dispersées les lettres d'Hugues de Salins attestant des derniers instants de François Viète que Feuillet de Conches avait fait connaître quarante ans plus tôt à Louis Monmerqué, Benjamin Fillon et Frédéric Ritter. Une vie au service d'une passionDès sa jeunesse, Feuillet de Conches est passionné par les collections, et particulièrement celles d'histoire naturelle, de livres, d'estampes et de lettres autographes. Comme Gaignières, il appartient à la catégorie des curieux. Il est donc désireux de voir et de savoir, et d’une grande érudition, il devint rapidement amateur de choses rares et singulières. Le portrait en cire, l’art des jardins, les rébus ou l’histoire des coiffures l'occupent d'abord. Cuvier, dont il fréquenta les soirées l'encourage ; telle est alors sa pensée[5] :
Ami d'Armand Baschet et de Jules Barbey d'Aurevilly, admiratif des grands peintres italiens de la Renaissance, de Poussin, d'Honoré Daumier ; détestant la photographie et les caricatures de Philippon et Grandville, c'est un critique d'art averti :
Il aime la transparence des primitifs, qu'il retrouve dans les peintures orientales[6] :
Éclectique, Feuillet de Conches peut apprendre au travers de ses lectures, et laisser à ses lecteurs curieux, aussi bien des indications sur le jeu dit Cornichon-va-devant, jeu auquel s'amusait le second Scipion avec son ami Laelius[7] que sur les mystérieux secrets des cassettes de l'ancien régime[8]. En cela, il ressemble à un des autres érudits de son temps, Boucher de Perthes[9] Jean de La fontaineLe culte qu'il voue à La Fontaine l'amène à vouloir créer une sorte de musée de tous les peintres et dessinateurs qui ont œuvré sur le fabuliste. Cet ouvrage ne verra jamais le jour, mais son recueil dit collection Feuillet de Conches est à présent le trésor du Musée Jean de La Fontaine. Entré en 1969 dans ce musée[10], c'est un ensemble unique ; La Fontaine, illustré par les artistes du monde entier, Delacroix, Decamps, Charlet, Horace Vernet et Ingres[11]. mais aussi par des miniatures chinoises, japonaises, indiennes et persanes et enfin : cinquante-neuf peintures réalisées à partir de 1837 par Imam Bakhsh Lahori, peintre de la cour du maharajah de Lahore[12]. Des originaux abordablesLe marchand d'autographes Etienne Charavay, chargé par ses héritiers de vendre ce qui restait de sa collection, y découvrit des mémoires manuscrits de 143 pages du duc de Choiseul qu'il acquit des héritiers afin de le publier, ce qu'il fit en 1904 ; le document figura ensuite dans un catalogue non daté de 252 manuscrits, livres et autographes du libraire londonien J. Pearson and Co (arch. pers.), mis à prix 300 livres. On trouve en vente encore aujourd'hui des très nombreux livres et des objets en ayant fait partie[13],[14],[15]. Œuvres
Notes et références
AnnexesBibliographie
Liens externes
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