Carte de la partition de Berlin, occupé par les forces américaines, britanniques et françaises (Berlin-Ouest), et soviétiques (Berlin-Est). Les cinq plus grandes exclaves de Berlin-Ouest sont également visibles.
Les limites de Berlin sont définies par la création du Grand Berlin le , par regroupement d'une centaine de villes, communes et territoires entourant le vieux Berlin ; ce regroupement conduit à la création d'une douzaine d'exclaves berlinoises, enclavées au sein de la province de Brandebourg. Par hasard, ces enclaves se situent toutes du côté occidental de Berlin, administrativement reliées aux districts de Spandau et Zehlendorf.
La question des enclaves provoque des tensions entre les zones est et ouest de Berlin. Steinstücken, seule enclave habitée, est occupée par la police d'Allemagne de l'Est le , qui se retire quatre jours plus tard à la suite des pressions des États-Unis[2]. L'Allemagne de l'Est ferme ses frontières avec l'Allemagne de l'Ouest et Berlin-Ouest en mai 1952, obligeant les habitants de Steinstücken à emprunter une unique route, sous contrôle est-allemand. Après la construction du mur de Berlin en 1961, trois soldats américains sont stationnés à Steinstücken, relevés par hélicoptère.
Afin de résoudre les problèmes posés par les enclaves, un accord quadripartite est signé le afin d'autoriser le sénat ouest-berlinois à entamer des négociations avec l'Allemagne de l'Est. Le , un accord est conclu pour supprimer 6 enclaves par échange de territoires : l'Allemagne de l'Est reçoit 15,6 ha de Berlin-Ouest, laquelle reçoit en échange 17,1 ha (et doit également verser 4 millions de marks à l'Allemagne de l'Est). La question de Steinstücken est réglée en rattachant le village à Berlin-Ouest par une bande de terre. Deux autres conventions d'échanges sont menées par la suite pour régler d'autres problèmes territoriaux.
Le , un dernier échange est effectué afin — entre autres — de supprimer les cinq dernières enclaves restantes. L'Allemagne de l'Est reçoit 87,3 ha (et 76 millions de marks), Berlin-Ouest 96,7 ha. Après la chute du régime soviétique et la réunification allemande, les limites entre Berlin et le Brandebourg sont confirmées en 1991.
Liste
Vue aérienne de l'ancienne enclave habitée de Steinstücken en 1989, avant la chute du mur de Berlin.
Les douze exclaves ouest-berlinoises étaient les suivantes[2],[1] :
Erlengrund(de) (0,51 ha ; 52° 35′ 12″ N, 13° 12′ 49″ E) et Fichtenwiesen (3,51 ha ; 52° 35′ 16″ N, 13° 12′ 36″ E) : deux parcelles proches de Berlin, juste au nord de la Spandauer Forst(de) et près de la Havel. Ces deux parcelles sont entretenues par des associations de jardinage de Berlin-Ouest : pour y accéder, leurs membres doivent traverser une porte dans le mur de Berlin, continuer sur un chemin accompagnés de gardes-frontières est-allemands et finalement passer un poste de contrôle[4]. L'accès n'est possible qu'à certaines heures et réservé aux membres des associations. Le chemin en territoire est-allemand est grillagé des deux côtés pour interdire l'accès depuis l'Allemagne de l'Est. Les deux enclaves sont supprimées en 1988 lorsque l'Allemagne de l'Est cède à Berlin-Ouest le terrain qui les entoure.
Falkenhagener Wiese (45,44 ha ; 52° 36′ 10″ N, 13° 03′ 12″ E) : la plus grande et la plus lointaine des enclaves, distante de 5 km des limites de Berlin-Ouest. Une prairie abandonnée, elle est cédée à l'Allemagne de l'Est en 1988 et fait depuis partie de Falkensee.
Steinstücken (12,67 ha ; 52° 23′ 21″ N, 13° 07′ 48″ E) : la seule enclave ouest-allemande habitée. Jusqu'en 1971, ses habitants doivent passer des contrôles frontaliers est-allemands pour rejoindre le reste de Berlin-Ouest. À part les services d'urgence et de réparation, aucune autre personne n'est autorisée à accéder à l'enclave. La route reliant Steinstücken à Berlin est murée des deux côtés pour empêcher les Allemands de l'Est d'y pénétrer. En 1961, un poste militaire américain permanent est érigé à Steinstücken, le personnel militaire étant acheminé par hélicoptère. En 1971, Steinstücken est reliée à Berlin-Ouest par un terrain d'1 km de long et 20 m de large, mettant fin à son statut d'enclave. Une route pavée, la Bernhard-Beyer-Straße y est construite par l'Allemagne de l'Est avant l'échange de territoire, bordée des deux côtés par le mur de Berlin. Le bus 18 (désormais 118) est étendu à Steinstücken en 1972.
Wüste Mark(de) (21,83 ha ; 52° 22′ 58″ N, 13° 09′ 41″ E) : malgré son nom (« marche désertique » en français), une zone régulièrement labourée, au sud-ouest de Berlin. Cédée à l'Allemagne de l'Est en 1988 et depuis partie de Stahnsdorf. Avant 1988, le fermier ouest-allemand qui laboure le champ doit remplir une demande formelle afin de pénétrer sur le territoire est-allemand avec son tracteur.