En route (roman)
En route est un roman de Joris-Karl Huysmans, publié en 1895. Ce volume ouvre la « trilogie de la conversion », que complètent La Cathédrale (1898) puis L'Oblat (1901). HistoireOn y suit les aventures intérieures de Durtal, personnage déjà présent dans son roman précédent Là-bas (1891), et qui est un double littéraire de Huysmans. Hanté par ses débauches passées, Durtal cherche à se soulager en courant les églises de Paris, en quête de plain-chant et d'art sacré. Il se lie avec l'abbé Gévresin qui devient son directeur de conscience. Celui-ci l'invite à poursuivre sa conversion et l'introduit à la Trappe de Notre-Dame-de-l'Âtre pour y suivre une retraite. La deuxième partie du roman est le récit de ce séjour à la trappe, au cours duquel Durtal découvre la vie monastique, oubliant peu à peu ses réticences. Depuis qu'il s'est détaché du courant naturaliste au milieu des années 1880 (avec À Rebours notamment), Huysmans introduit dans ses romans des parties « encyclopédiques. » En route est ainsi prétexte à passer en revue l'histoire de la mystique catholique. AnalyseLe sens du titre : En routeEn réalité, En route n'est pas vraiment le roman d'une conversion. Le deuxième chapitre commence par la question : « Comment était-il redevenu catholique, comment en était-il arrivé là ? » Le fait est donc acquis, ce n'est pas un dénouement. Quelques lignes plus loin, Huysmans écrit : « […] la seule chose qui me semble sûre, c'est qu'il y a eu, dans mon cas, prémotion divine[n 1], grâce ». L'aveu qui rend publique cette conversion en est la dernière étape. Après cet aveu :
Espace et temps dans En routeDominique Millet-Gérard établit une rupture d'écriture avec les romans précédents de Huysmans :
« Je suis hanté par le Catholicisme »Le début du roman évoque le scepticisme du personnage à l'égard de la foi, son déchirement entre la puissance attractive des rituels catholiques et son impiété dès qu'il sort de l'église[3]. La TrappeDans une réédition du livre, en 1897, Huysmans a révélé que la Trappe cistercienne de Notre-Dame-de-l'Âtre était en réalité la Trappe de Notre-Dame-d'Igny, située près de Fismes dans la Marne : « Les descriptions que j'en rapportai sont exactes, les renseignements que je relate sur le genre de vie que l'on mène dans ce monastère sont authentiques ; les portraits des moines que j'ai peints sont réels. Je me suis simplement borné, par convenance, à changer les noms »[4]. Huysmans a effectué trois séjours à l'abbaye Notre-Dame-d'Igny : du 12 au , du 5 au , et en [5]. Affaibli par la maladie, il y est revenu une ultime fois, en [6]. L'édifice dans lequel Huysmans s'est attardé quelques semaines a été détruit à l'explosif par les Allemands, lors de leur retraite en , à l'occasion de la seconde bataille de la Marne. Réception de l'œuvreEn route, sorti à l'origine chez Stock (puis réédité chez Plon), est le roman de Huysmans qui s'est le mieux vendu, bien qu'il eût reçu un accueil critique mitigé, et qu'il eût été particulièrement attaqué dans certains milieux catholiques. Car bien qu'il y narre l'histoire sincère de sa conversion, Huysmans, avec son humour piquant, brosse un portrait peu flatteur des membres du clergé séculier et des fidèles de l'Église. En 1951, la diffusion de l'ouvrage atteignait soixante-quinze mille exemplaires. Mais il disparaît de l'univers éditorial : « À Rebours bénéficiait de la mode « fin-de-siècle », En route souffrait de l'extinction d'une catégorie, la « littérature catholique », dans laquelle on l'avait peut-être un peu imprudemment rangé. C'était autrefois, dans les foyers catholiques, le « manuel du pénitent », qui, avec L'Oblat, traité de liturgie, et La Cathédrale, code du symbolisme, ouvrait l'accès de la beauté chrétienne. L'après-guerre et l'existentialisme ont balayé cette littérature de familles bien-pensantes… »[7]. Bibliographie
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Notes et référencesNotesRéférences
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