En 1960, avec un taux de natalité de 43,3 ‰ et un nombre moyen d'enfants par femme de 6,57, l'Albanie affichait un comportement démographique équivalent à celui de l'Afrique centrale. Il est vrai que l'exubérance du taux des naissances était tempéré par une forte mortalité infantile. Il y eut cette année-là 5 786 décès d'enfants de moins d'un an, soit un tiers des décès et un taux de mortalité infantile de 83,0 ‰, et cette situation se maintint jusque dans les années 1970. Depuis lors l'Albanie a achevé sa transition démographique, c'est-à-dire le passage à une moyenne de deux enfants par femme. Avec un taux de fécondité actuel plus ou moins 1,48, l'Albanie a rejoint la masse des autres pays d'Europe.
Composition ethnique
L'Albanie est majoritairement habitée par des Albanais. L'état reconnait 3 minorités nationales, les Grecs, les Macédoniens et les Monténégrins, et 2 minorités culturelles : les Aroumains et les Roms.
Population albanaise selon l’ethnicité de 1945 à 2011
Au temps de la dictature d'Enver Hoxha, les Valaques (Aroumains) n'étaient pas reconnus en tant que peuple, nationalité ou groupe ethnique. Officiellement, ce groupe n'existait pas. Pourtant cette population a continué à être reconnue officieusement, par exemple pour fournir des supplétifs aux basses œuvres du régime, ou comme entité constituée, dans les rapports sociaux. La valeur du recensement de 1989 concernant leur nombre est probablement sous-évaluée[20].
À partir de 1990, des Albanaises, dont beaucoup de Valaques, ont massivement émigré vers la Grèce. Depuis, environ 500 000 Albanais se sont installés en Grèce, ce qui est une proportion très élevée (plus de 10%) de la population du pays[20].
Migration et composition culturelle
Lors du dernier recensement national de 2001, l'Albanie avait une population d'un peu moins de 3 millions d'habitants, avec une densité de 106,7 habitants par km²[21]. Cependant les chiffres publiés par l'INED et concernant l'année précédente (2000) étaient largement supérieurs (3 409 650 comme moyenne de l'année). C'est dire que le relevé exact de la population du pays reste une gageure présentant bien des difficultés.
L'Albanie est l'un des pays les plus homogènes ethniquement parlant. 95 % de la population est composée d'Albanais de souche, répartis en deux groupes : les Guègues (au nord) et les Tosques (au sud). Les Grecs, les Aroumains, les Roms, les Serbes et les Macédoniens constituent des groupes minoritaires. La longue occupation ottomane ne réussit pas à changer globalement la structure ethnique de la population, mais les luttes successives et les émigrations incessantes eurent pour conséquence un ralentissement du rythme d'augmentation démographique de la population albanaise.
L’Albanie est le pays d’Europe qui connaît la plus forte émigration, avec plus d’un tiers de ses ressortissants vivant à l’étranger, soit environ 900 000 personnes en 2006, principalement dans les deux pays frontaliers : la Grèce et l’Italie. Ce phénomène est dû à un niveau de vie parmi les plus bas du continent européen. En conséquence, la population du pays a diminué de 100 000 habitants entre 1991 et 2001, malgré un solde naturel positif. Le phénomène d’émigration se poursuit même si les données officielles semblent le sous-estimer.
↑Le taux de variation de la population 2018 correspond à la somme du solde naturel 2018 et du solde migratoire 2018 divisée par la population au 1er janvier 2018.
↑L'indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) pour 2018 est la somme des taux de fécondité par âge observés en 2018. Cet indicateur peut être interprété comme le nombre moyen d'enfants qu'aurait une génération fictive de femmes qui connaîtrait, tout au long de leur vie féconde, les taux de fécondité par âge observés en 2018. Il est exprimé en nombre d’enfants par femme. C’est un indicateur synthétique des taux de fécondité par âge de 2018.
↑Le taux de mortalité infantile est le rapport entre le nombre d'enfants décédés à moins d'un an et l'ensemble des enfants nés vivants.
↑L'espérance de vie à la naissance en 2018 est égale à la durée de vie moyenne d'une génération fictive qui connaîtrait tout au long de son existence les conditions de mortalité par âge de 2018. C'est un indicateur synthétique des taux de mortalité par âge de 2018.
↑L'âge médian est l'âge qui divise la population en deux groupes numériquement égaux, la moitié est plus jeune et l'autre moitié est plus âgée.
↑(en) « 2.3 Specific information on minorities » [PDF], sur lup.lub.lu.se : « According to the data from 1989 Population and Housing Census33 the number of this population was 58.758 inhabitants or in other terms 90.6 percent of completely ethnic minorities’ population. », p. 17
↑(en) « 2.3.2.4 The number of Macedonian minority population » [PDF], sur lup.lub.lu.se : « The population census of 1945 revealed 3.431 inhabitants of Macedonian ethnicity. The census of 1960 revealed 4.235 inhabitants and that of 1989 revealed 4.697 inhabitants39. »
↑(en) « 2.3.3.4 The number of Serbian-Montenegrin minority population » [PDF], sur lup.lub.lu.se : « The statistical data on the number of this minority people were not defined specifically and accurately in the census of 1960, but according to the census of 1989, the number of Serbian-Montenegrin is 100 inhabitants. »
↑ a et bPierre Sintès, « Les Valaques du Sud de l’Albanie et la Grèce », dans Nommer et classer dans les Balkans, École française d’Athènes, coll. « Mondes méditerranéens et balkaniques (MMB) », (ISBN978-2-86958-527-0, lire en ligne), p. 43–61