Duy Tân
Le prince Nguyễn Phúc Vĩnh San (阮福永珊, ou 1900 - ), connu sous le nom dynastique de Duy Tân (維新), est le onzième souverain de la dynastie des Nguyễn. Porté au pouvoir par les autorités coloniales françaises, il règne de 1907 à 1916, jusqu'à l'échec de la révolte qu'il mena contre le protectorat français. Après un exil à l'île de La Réunion, il rejoignit la résistance française lors de la Seconde Guerre mondiale. BiographieNé en 1899 à Hué, le prince Vinh San est le cinquième fils de l’empereur Thành Thái, descendant direct de l'empereur Gia Long, fondateur de la dynastie des Nguyễn Phuoc, et de sa concubine Nguyễn Thị Định[1][source insuffisante]. Il n'a que 7 ans lorsque son père, l'empereur Thành Thái, accusé de folie, est contraint par les autorités coloniales françaises, d'abdiquer en sa faveur. Intronisé le sous le nom dynastique de Duy Tân, son règne, de 1907 à 1916, est marqué par différents événements relatifs à l'émancipation de son pays (l'Annam) et notamment la révolte de 1916 contre le protectorat français. Il prend la tête de cette rébellion alors qu'il n'a que 16 ans. Cette tentative a échoué en raison d'une trahison[2]. Cette révolte de la Cour se situe en accompagnement aux révoltes paysannes vietnamiennes. À la suite de ce mouvement, le jeune empereur est détrôné le 13 mai 1916 par le gouvernement français et exilé à l’île de La Réunion où il commence une nouvelle vie avec sa famille, celle d'un homme qui, au fil du temps, s'intègre et s'investit comme citoyen sur sa terre d'accueil. En 1940, il rallie la Résistance, au service de laquelle il met à profit ses capacités de radio-télégraphiste. En 1945, le général de Gaulle fait appel à l'ex-empereur, dans l'espoir que sa personne conserve suffisamment d'autorité pour rétablir la situation au Viêt Nam, qui est alors en plein chaos après la proclamation de l'indépendance par le Viet Minh. Vĩnh San accepte mais, le 26 décembre 1945, alors qu'il préparait son retour au pays, il trouve la mort dans un accident d’avion près de Mbaïki en République centrafricaine. En avril 1987, les restes mortels de l’empereur Duy Tân font l’objet d’une exhumation en Afrique et sont transférés à Hué au Viêt Nam. Une cérémonie marque l’événement et Duy Tân repose depuis auprès de ses ancêtres. Détrôné en 1916, il n’a cependant jamais abdiqué, ce qui peut amener à le considérer comme le dernier empereur d’Annam. La résistance vietnamienne à la colonisation françaiseAu début de mars 1908, commence le Mouvement contre les impôts, réprimé dès le 15 mai 1908 avec l'arrestation des principaux meneurs, l'empereur Duy Tân n'ayant que 9 ans. À la suite des troubles provoqués à cette occasion, il déclare aux hauts dignitaires de la cour[3][source insuffisante] :
L'agitation anti-française dans les pays « annamites » depuis 1905 semblait être apaisée, quand à nouveau des rebelles fomentèrent un complot dans le but d'attaquer dans la nuit du 3 au 4 mai 1916 les postes de Tam Kỳ et Quảng Ngãi. L'empereur Duy Tân prit la tête de cette rébellion, mais comme il n'existait aucun plan d'action, celui-ci échoua, car il n'intéressait qu'une faible minorité et non l'ensemble de la population annamite comme en 1908. Duy Tân fut arrêté, déposé et exilé à l'île de La Réunion. Le 3 novembre, avec son épouse Mai Thị Vàng, sa mère Nguyễn Thị Định, sa sœur et un domestique, il embarque pour La Réunion. Durant vingt-trois ans, l’empereur déchu mène une existence discrète loin de sa terre natale. Passionné de radio-électricité, il devient le premier radio-amateur de l'île[4][source insuffisante]. L'exil à l'ile de la RéunionC'était sur le navire Guadiana, que l'empereur est embarqué au Cap Saint Jacques avec sa famille le 3 novembre 1916. Au bout de cette traversée de 17 jours sans escale, le cargo mixte arrive en vue des côtes de Saint-Denis de La Réunion à 7 h 30 du matin, le 20 novembre 1916. Aussitôt, le secrétaire général De La Vigne Sainte Suzanne, le capitaine Deroche et le chef de la Sûreté viennent à la rencontre des illustres « invités » avec un petit train spécial. Il y avait à bord :
Arrivé à Saint-Denis, le prince tombe gravement malade et doit rester confiné dans une vieille maison des hauts de la ville, puis après sa convalescence qu'il passe dans la région d'Helbourg il revient dans la capitale et s'installe dans une assez jolie maison au coin des rues Jules-Auber et Labourdonnais.
— Interview accordée à Ch. Wateblet, membre de la presse française. Avec courage et énergie, le prince combat l'adversité. Il reprend ses études, passe son baccalauréat à Saint-Denis, s'intéresse au droit et aux langues, dont l'anglais et l'espagnol. Plus tard, il obtiendra une licence de droit. Il se lance dans la radio-électricité encore balbutiante avant d'en faire son métier. Il passe ses loisirs à jouer du violon, élever des chevaux de course, s'exercer à l'escrime, donner des conférences littéraires ou scientifiques, composer des poèmes, écrire des articles de journaux, faire de la photographie, etc. Par deux fois il a été lauréat de l'Académie des sciences et des arts de La Réunion. Après deux ans passés à La Réunion, sa jeune épouse, sa mère et sa sœur obtiennent l'autorisation d'être rapatriées en Indochine. Toujours tenu par les liens du mariage, le prince refera sa vie comme il pouvait, aura une autre famille, nombreuse. Le premier résistant FFL de l'île de la RéunionLorsqu'il entend l'appel du 18 Juin 1940, il se rallie au camp de ce général qu'il ne connaît pas. Le prince Vinh San, à l'écoute clandestine des radios qui diffusent les nouvelles de la guerre en Europe, notamment celles qui émanent de Londres, est l'un des premiers sur l'île de La Réunion à capter l'appel lancé par le général de Gaulle, le 18 juin 1940[5]. Sa décision est prise, il entre en résistance. À tous ses amis, il dit :
Il met sa TSF au service des rares résistants de La Réunion, qui est aux mains d’un gouverneur vichyssois[5] ; il se livre à des provocations occasionnelles, notamment en installant un V lumineux dans la vitrine de sa boutique ; il explique aux autorités qu'il voulait afficher ses initiales mais qu'il n'a pas assez de pièces pour le S[6][source insuffisante]. Le 28 novembre 1942, il s'engage comme radio-télégraphiste sur le contre-torpilleur Léopard des Forces navales françaises libres (FNFL). Par décret du 29 octobre 1945, signé du général de Gaulle, le prince Vinh San est nommé sous-lieutenant le 5 décembre 1942, lieutenant le 5 décembre 1943, capitaine le 5 décembre 1944, chef de bataillon le 25 septembre 1945. La médaille de la Résistance avec rosette lui est décernée en mars 1945. Les motifs de la proposition sont ainsi définis :
Lors de la capitulation devant l’armée allemande, le 26 novembre 1942, date de l’arrivée du vaisseau des Forces navales françaises libres (FNFL) Léopard devant Saint-Denis, et du ralliement de l'île de La Réunion à la France libre, La Réunion est majoritairement pétainiste. Les résistants actifs ne sont qu’une poignée. Parmi eux une personnalité s’impose, celle du prince Vinh San, qui a marqué l’histoire de La Réunion[7][source insuffisante]. Pendant vingt-trois ans, l’empereur déchu mène une existence discrète loin de sa terre natale. Passionné de radio-électricité, il devient le premier radio-amateur de l'île. Cette passion pour le radio-amateurisme joue un rôle décisif dans son engagement pendant la Seconde Guerre mondiale. Avec comme indicatif FR8VX, il fut le premier, sinon le seul, à entendre à La Réunion l’appel du général de Gaulle le 18 juin 1940. Sans hésitation et malgré les refus d'intégration dans l’armée française, il se range aux côtés du fondateur de la France libre. La majorité de la population étant pétainiste, le prince Vinh-San, via l’île Maurice, transmet aux forces alliées des renseignements. Ses actions de résistant lui valent d’être interné le 7 mai 1942 au lazaret de Saint-Denis. Il est libéré un mois plus tard. Son matériel est confisqué mais il parvient à reconstruire un poste de fortune. Au lendemain du ralliement de La Réunion à la France libre, Vinh San s’embarque sur le Léopard. Malade, il débarque vingt-deux jours plus tard. Ce n’est que le 3 janvier 1944 qu'il est incorporé comme simple soldat à la caserne Lambert. Le 15 février, il est nommé caporal. Envoyé à Madagascar, il se distingue en faisant rentrer dans le rang un bataillon de 1 600 Indochinois, révoltés contre leurs chefs. Le prince, amer, déclara :
Autorisé à se rendre en France où il arrive à Paris en juin 1945, il participe à la fin de la guerre en Allemagne avec le grade de chef de bataillon. Le général de Gaulle commence à s’intéresser à celui dont il a lu les textes sur ce que pourrait être l’avenir de l’Indochine. Le 29 août 1945, le prince Vinh San fait sur les ondes de Radio-Tananarive sa première déclaration politique depuis son exil. Il l'adresse à son peuple, contre l’envahisseur japonais, précisant que l’avenir de son pays ne peut se concevoir que par des liens d’amitié et de coopération avec la France. Mort tragique de l'empereur sur le chemin de retourDe Gaulle rencontre le prince Vinh San le 14 décembre 1945. Dans ses Mémoires de guerre, il écrit :
— Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, tome III[8]. Il souhaitait vraisemblablement établir avec lui les conditions d’un rétablissement sur le trône d’Annam et l'indépendance de la Cochinchine après référendum, en échange d'un maintien de liens privilégiés avec la France au détriment du révolutionnaire Ho Chi Minh avec une Indochine réunifiée mais seulement dans le cadre d'une union avec l'Indochine française de cette époque[9]. La disparition du prince Vinh-San dans un accident d’avion en pleine brousse centrafricaine de l’Oubangui-Chari, ne permet pas de voir ce projet aboutir[10]. De Gaulle ordonna une enquête sur cet étrange accident qui demeure à ce jour non élucidé[5]. Les corps des victimes furent inhumés dans le cimetière de la mission catholique de Mbaïki. Faute de moyens à l'époque, en 1945, la famille ne put rien faire pour que les restes mortels du prince rejoignent sa terre natale. Après de longs atermoiements du pouvoir communiste, quarante-et-un ans plus tard en 1987[5], l'un de ses fils obtiendra des moyens pour faire construire une petite tombe à Huế (An Lăng), se rendre à Mbaïki, puis au Vietnam, où la translation des restes mortels du prince Vinh San fut accueillie par le gouvernement vietnamien qui prit en charge toutes les opérations relatives à l'inhumation[11]. Hommages
Notes et références
AnnexesBibliographie
Articles connexes
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