DroitureLa droiture est un concept théologique présent dans le judaïsme, le christianisme et l'islam, et dans d'autres croyances non-abrahamiques. Elle est un attribut qui implique que les actions d'une personne sont justifiées et peut avoir pour connotation que la personne a été jugée ou reconnue comme menant une vie en accord avec la volonté de Dieu dans ces religions. ÉtymologieLe mot « droiture » est composé de deux éléments : la racine « droit » et le suffixe « -ure ». « Droit » serait issu de l'ancien français « dreit » (cité dans le serment de Strasbourg de 842), lui-même issu du latin « directus », désignant au sens figuré, quelque chose ou quelqu'un « direct, sans détour, juste »[1]. Le latin aurait une racine issue de l'indo-européen commun « *reg » signifiant « diriger en droite ligne ». Le suffixe « -ure » proviendrait soit du latin « -ura », indiquant le participe futur actif d'un verbe, soit du grec « οὐρά » (ourá) signifiant « queue ». On peut donc dire que ce mot indique le fait de « redresser » ou « mettre debout », par opposition à une position couchée ou courbée antérieure. En anglais, le mot « droiture » est traduit par « righteousness » ou « rectitude ». William Tyndale (traducteur de la Bible en anglais en 1526) remodela le mot à partir de l'ancien rihtwis, qui aurait produit en anglais moderne « *rightwise » ou « *rightways ». Il l'a utilisé pour traduire la racine hébreu צדקים (TzDYQ), tzedek qui désigne un homme juste et apparait plus de 500 fois dans la Torah (ou Bible hébraïque), et du mot grec δίκαιος (dikaios), qui apparait près de 200 fois dans le Nouveau Testament. ReligionsÉgypteDans l'enseignement de l'Égypte ancienne, le redressement du djed, exprimant la résurrection d'Osiris et de tout défunt qui l'imite, renvoie à une notion avant tout physique ou corporelle. JudaïsmeLa droiture est l'un des principaux attributs de Dieu (qui agit toujours dans le sens du bien et de la justice) selon le Tanakh de la Bible hébraïque. Son sens principal désigne une conduite humaine juste car conforme à l'éthique et menant ainsi à se sanctifier. La droiture est donc la traduction du mot hébreu tsadik ; sa racine est צדק, et signifie « justice ». Tzadik est également la racine du mot tsedaka qui peut être traduit en français par « charité » mais signifie littéralement « justice » ou « droiture » : faire la charité est faire justice, rendre ce qui a été octroyé, prêté par Dieu à ceux à qui cela revient. L'homme droit, l'homme de bien, est appelé tsadik[2], ce qui veut dire « juste » car il applique la justice demandée par Dieu à travers l'observance de la Loi et tout son comportement. Cette notion fondamentale dans le judaïsme apparaît en plus de 500 occurrences dans la Bible hébraïque et notamment dans les Lévitique 19:36, Deutéronome 25:1; Psaumes 1:6; Proverbes 8:20. Dans le Livre de la Genèse, le mot tsadik apparaît lorsque Abraham tente de sauver les justes de Sodome et Gomorrhe[3]. Dans le Livre de Job, le personnage du titre est présenté comme parfaitement « droit ». Dans la tradition juive, l'appellation tsadik sert également de titre et désigne un rebbe charismatique, ou maître spirituel de grande envergure dans le hassidisme, voire dans le Talmud et la Kabbale, un mystique, un homme pieux doté de pouvoirs surnaturels, servant d'intermédiaire entre Dieu et le peuple juif[4]. Selon une tradition talmudique[5], il existerait de par le monde et à chaque génération, 36 justes (tsadikim) anonymes qui ignorent le plus souvent qu'ils le sont, et sur lesquels reposent le monde. Des noms bibliques ou actuels sont dérivés du mot tsadik comme Melchisedek ou Sadok. Les non-Juifs qui ont sauvé la vie de Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale se sont comportés de façon droite et sont distingués en tant que Justes parmi les nations. Selon le rav KookAu sujet du comportement dans la droiture, le grand-rabbin Abraham Isaac Kook considère que « l’amendement moral de toute la collectivité, comme celui de l’individu, trouve sa place aux deux échelons bien connus de la droiture (yachar, ce qui est droit) naturelle et du contrôle (kovech, qui se conquiert) de soi »[6] :
ChristianismeLe christianisme s'inscrit dans la tradition hébraïque de la droiture éthique (première Épître de saint Paul aux Thessaloniciens, 2:10) et légale (première Épître de saint Paul aux Corinthiens, 4:4). La notion de droiture est développée chez de nombreux penseurs et philosophes chrétiens ; Cattiaux, par exemple, décrit à bien des reprises l'homme ou l'esprit « droit »[7]. IslamUsage de la notion dans les traductions françaises du CoranEn Islam, la notion de « droiture » est présente dans plusieurs sourates du Coran. Il s'agit de la seule voie menant au Paradis selon ce dernier. La droiture désigne le livre du Coran lui-même[8] :
— Coran, sourate 18, verset 2 Le terme est présent dans plusieurs autres sourates, dont[8] :
— Sourate 33, verset 70
— Sourate 98, verset 5 Différences d'usage en fonction des langues de traductionIl est important de noter que les équivalents du terme « droiture » dans d'autres langues ne sont pas utilisés de la même façon. Ainsi, là ou la version en anglais du Coran utilisera le mot « righteousness » (« droiture »), la version française préfèrera le mot « pieux » pour la traduction[9],[8]. Par exemple, le verset 83 de la sourate 28 (Al-Qasas) a deux traductions différentes :
De même, le verset 177 de la sourate 2 diffère (Al-Baqara) :
Sources
Références
AnnexesBibliographie
Articles connexes
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