Née en 1933 à Boston[1] (Massachusetts), Dorothy Iannone est diplômée en 1957 d'une licence de littérature américaine de l'Université de Boston. Elle effectue ensuite des études supérieures de littérature anglaise à l'Université Brandeis. En 1958, elle épouse le peintre James Upham puis s'installe à New York. En 1959, elle commence à peindre.
En 1961, elle poursuit avec succès le gouvernement des États-Unis pour la censure[n 1],[2] du livre Tropique du Cancer d'Henry Miller et permet ainsi son importation dans le pays. Elle voyage intensivement en Europe et en extrême Orient avec son mari. Ils vivent et travaillent ensemble plusieurs mois à différents endroits dans le sud de la France[1] et au Japon. Entre 1963 et 1967, elle tient la Stryke Gallery, un espace d'exposition situé dans la Tenth Street à New York.
Dorothy Iannone est représentée par la galerie parisienne Air de Paris[3] et Peres Projects[4] à Berlin.
Elle décède à Berlin le 26 décembre 2022 à l’âge de 89 ans[5],[6].
Carrière
« L'œuvre de Dorothy Iannone, développée depuis plus de cinquante ans, se compose de peintures dont l'esthétique visuelle est fortement narrative, de textes et de films autobiographiques. Depuis les années 1960, elle est une pionnière contre la censure, défendant l'amour libre[7] et la sexualité féminine autonome. Un de ses grands thèmes est l'amour extatique[8],[9]. »
Son travail participe à l'émancipation[n 2] féminine[7] dans une dimension mystique influencée par le tantrisme et le bouddhisme[8].
En 2007, Air de Paris expose une sélection de peintures, dessins et sculptures lors de l'exposition She Is A Freedom Fighter[10].
En 2009, sa première exposition aux États-Unis intitulée Lioness[11] est organisée au New Museum of Contemporary Art par le commissaire Jarrett Gregory.
En 2013, Dorothy Iannone fait l'objet d'une rétrospective Innocent And Aware[12] au Camden Art Center de Londres.
En 2014, la Berlinische Galerie[8],[13] à Berlin et le Migros Museum[14] à Zurich lui consacrent tous deux une importante rétrospective.
Muse
En 1967, lors d'un séjour à Reykjavik, Islande, elle rencontre l'artiste suisse Dieter Roth. Un mois plus tard, elle se sépare de son mari et décide alors de vivre avec Dieter Roth à Düsseldorf, ils vont ensuite résider à Reykjavik, Bâle et Londres jusqu'en 1974[15],[16]. Roth est devenu « la muse[2] » de Iannone et apparaît alors dans de nombreuses œuvres[6]. Son surnom pour elle sera « Lioness ». Elle dira à ce moment-là qu'ils étaient devenus « les stars[n 3] de (son) travail ».
Une de ses œuvres les plus importantes impliquant Roth est son livre An Icelandic Saga[18],[19] (1978-86), qui illustre sa première rencontre avec Roth et sa rupture avec son mari dans l'esprit d'un conte nordique[20]. Elle a aussi réalisé des peintures d'elle et de Roth pendant l'union sexuelle. Intitulé Eros Paintings, le monde d'images de l'artiste « gravite autour de la notion philosophique de l’Éros. Ce terme implique l’idée que l’homme est envahi par son désir. Le désir[21] est considéré comme une force naturelle animée par l’amour, l’extase et la déliquescence du Moi – cette aspiration à une union du physique et du psychique ». Iannone et Roth sont restés amis[15] jusqu'au décès de Roth en 1998.
Musique
En 1969, Dorothy Iannone enregistre le chant[n 4]First Recording[22]. En 1972 à Düsseldorf, elle publie Lieber Uecker et collabore avec le studio de Kraftwerk[23].
Légende
Selon The Guardian[24] et Libération[25], c'est une « bad girl[24] des arts graphiques[25] ». Un poète américain de la Beat Generation lui « aurait mordu[n 5] le fessier[25] ». Cependant Libération invoque le principe de précaution de la « légende[25] » pour asseoir cette position.
(en) Dorothy Iannone, Maria Elena Buszeki et Heike Munder, Censorship and the Irrepressible Drive Toward Love and Divinity, Zürick, JRP/Ringier, , 160 p. (ISBN978-3-03764-378-5, OCLC966414402)
(en) Dorothy Iannone, Courting Ajaxander = Werben um Ajaxander, Berlin, Haus am Lützowplatz, , 52 p. (OCLC603132527)
(en) Dorothy Iannone, Danger in Düsseldorf, (or) I am not what I seem, Stuttgart, Londres, Reykjavik, Hansjörg Mayer, , 80 p. (OCLC272518221)
(de) Dorothy Iannone, Die Peitsche = : The whip, Berlin, Rainer Verlag, , 62 p. (OCLC502066555)
(de) Dieter Roth, Dorothy Iannone, Dietmar Elger et Sprengel Museum Hannover, Dieter Roth & Dorothy Iannone, Berlin, Holzwarth, , 224 p. (ISBN978-3-89169-193-9, OCLC61766232)
(en) Dorothy Iannone et Dietmar Elger, Dieter Roth et Dorothy Iannone. Beil. : , An Icelandic Saga, Berlin, Holzwarth, (OCLC888706367)
(en) Dieter Roth, Dieter and Dorothy : Dieter Roth, Dorothy Iannone, Their Correspondence in Words and Works, 1967-1998, Distributed Art Pub Incorporated, , 256 p. (ISBN978-3-908010-53-1, OCLC893978153)
(en) Yves Brochard, Dorothy Iannone et Galerie de Multiples (Paris) (trad. de l'anglais, à l'occasion de l'exposition "Encore! Dorothy Iannone, editions and books 1964-2013" à la Galerie de multiples, Palais de Tokyo, Paris, 4 mai-17 juin 2013), Dorothy Iannone : a catalogue raisonné of editions and books ; 1964-2013 ;, Villeneuve-d'Ascq, Département arts plastiques Université Lille 3-Charles de Gaulle, , 53 p. (ISBN978-2-7466-5800-4, OCLC915194902)
(en) Yves Brochard, Massimiliano Gioni, Oliver Koerner von Gustorf et Dorothy Iannone, Dorothy Iannone : follow me, Berlin, Vice Versa Verlag, , 88 p. (ISBN978-3-932809-61-3, OCLC646300932)
(en + de) Ulrike Abel et Dorothy Iannone, Dorothy Iannone : love is forever, isn't it?, Berlin, Neue Gesellschaft für Bildende Kunst, , 113 p. (ISBN978-3-926796-48-6, OCLC612116555)
(de) Dorothy Iannone, Dorothy Iannone Werke von 1961-1966 : Petersen-Galerie, 10. Februar - 10. April 1989, Berlin, Petersen-Galerie, (OCLC75145722)
(de) Dorothy Iannone, Dorothy Iannone and Her Mother Sarah Pucci, Aix-la-Chapelle, Die Galerie, (OCLC311784636)
Dorothy Iannone et Robert Filliou, Extase, Hochkirchen-Köln, H. Mayer, (OCLC469672039)
(en + de) Dorothy Iannone, First recording 1969, Berlin, Wien, (OCLC722228472)
(en + de) Dorothy Iannone, The Berlin beauties, oder, Du hast ja keine Ahnung wie schön du bist Berlin, Berlin, Mary Dorothy Verlag, , 70 p. (OCLC44511160)
(en) Dorothy Iannone et Dieter Roth, The story of Bern, or, Showing colors, Dusseldorf, Dieter Rot and Dorothy Iannone, , 70 p. (OCLC1033733985)
Notes et références
Notes
↑« Mais la censure[1] n’a jamais fait changer mon travail, on peut même dire que j’ai été de plus en plus loin dans mes thèmes de prédilection. » — Dorothy Iannone
↑ ab et cMathilde Urfalino, « Le top 5 des expos de la semaine », sur Les Inrocks, (consulté le ) : « son combat contre l’interdiction de Tropique du cancer d’Henri Miller »
↑(en) Marie-Sophie Müller, « Ecstatic unity in the work of Dorothy Iannone », sur Sleek #41, (consulté le ) : « belonged to the Fluxus community without ever being a Fluxus artist herself »
↑Elsa Ferreira, « Instalove : Sexe, censure et féminisme », sur Jalouse, (consulté le ) : « L'artiste parle d'une forme d'amour, de la consécration de soi à la vie. », p. 42-43