Ses travaux zoologiques, en collaboration avec Robert Galambos (1914-2010), portent sur l'écholocation chez les Chiroptères. À partir de 1940, les deux savants travaillent pour l'armée qui fait des expériences sur une espèce grégaire de chauve-souris, le molosse du Brésil, formant des colonies de millions d'individus. Les militaires pensent pouvoir équiper ces chauve-souris de mini-bombes incendiaires, les placer dans des caissons spéciaux embarqués dans des bombardiers B-24, et les larguer par avion sur les villes japonaises dont les maisons ont des toitures en bois[2]. En passant avec un sonar devant les cages de molosses, Griffin détecte des crépitements dus aux ultrasons que les chauves-souris émettent la bouche ouverte. Elles utilisent les renseignements fournis par la réflexion des sons vocaux émis lors du vol, pour éviter les obstacles. En 1944, Griffin donne le nom d’écholocation à ce mode d’orientation. Lorsqu'il comprend le véritable projet militaire (le Bat Bomb Project), Griffin se retire, déconseillant son déploiement.
Plus tard, alors qu'il est à l'Université Cornell, Griffin découvre que les chauves-souris détectent également par écholocation leurs proies constituées d'insectes.
En collaboration avec quelques collègues à Harvard, notamment Grinnell et Novick, il commence à se rendre compte de l'étendue des spécialisations de l'echolocation parmi divers groupes de Chiroptères et d'autres animaux.
Dans la première publication en 1958 de son ouvrage Listening in the Dark, il passe en revue l'ensemble des données disponibles sur l'écholocation chez les chauves-souris, les baleines, les oiseaux et les personnes aveugles, en incluant des comparaisons avec les systèmes artificiels appelés « radar » et « sonar ».
Avec ce livre, il obtient la Médaille Daniel Giraud Elliot décernée en 1958 par l'Académie nationale des sciences.
Publications
(en) George W. Pierce & Donald R. Griffin, "Experimental determination of supersonic notes emitted by bats", Journal of Mammalogy, Vol.19, No.4, November 1938, p. 454-455. JSTOR:1374231
(en) Donald R. Griffin & Robert Galambos, "Obstacle Avoidance by Flying Bats", Anatomical Record, Vol.78, 1940, p. 95.
(en) Donald R. Griffin & Robert Galambos, "The sensory basis of obstacle avoidance by flying bats", Journal of Experimental Zoology, Vol.86, No.3, April 1941, p. 481-506. DOI10.1002/jez.1400860310
(en) Robert Galambos & Donald R. Griffin, "Obstacle avoidance by flying bats : The cries of bats", Journal of Experimental Zoology, Vol.89, No.3, April 1942, p. 475-490. DOI10.1002/jez.1400890308
(en) Donald R. Griffin, "Echolocation in blind men, bats and radar", Science, Vol.100, No.2609, December 1944, p. 589–590. DOI10.1126/science.100.2609.589
(en) Donald R. Griffin, "Measurements of the ultrasonic cries of bats", The Journal of the Acoustical Society of America, Vol.22, No.2, March 1950, p. 247-255. DOI10.1121/1.1906597
(en) Donald R. Griffin, "Audible and ultrasonic sounds of bats", Experientia, Vol.7, No.12, December 15, 1951, p. 448-453. DOI10.1007/BF02168686
(en) Donald R. Griffin, "Bat sounds under natural conditions, with evidence for echolocation of insect prey", Journal of Experimental Zoology, Vol.123, No.3, August 1953, p. 435-466. DOI10.1002/jez.1401230304
(en) Donald R. Griffin & Alvin Novick, "Acoustic orientation of neotropical bats", Journal of Experimental Zoology, Vol.130, No.2, November 1955, p. 251-300. DOI10.1002/jez.1401300205
(en) Alan D. Grinnell & Donald R. Griffin, "The sensitivity of echolocation in bats", The Biological Bulletin, Vol.114, No.1, February 1, 1958, p. 10-22. DOI10.2307/1538961
(en) Donald R. Griffin, Listening in the Dark : The Acoustic Orientation of Bats and Men, Yale University Press, New Haven, 1958, 413 p.
Echoes of Bats and Men (1959) Anchor Books (Doubleday). Library of Congress Catalog Card Number 59-12051
Bird Migration: The Biology and Physics of Orientation Behaviour (1965) London: Heinemann
Animal Thinking (1985) Harvard University Press. (ISBN0-674-03713-8)
↑Les militaires pensaient que les chauve-souris, perdues, se réfugieraient dans les maisons et qu'en se frottant contre elles, déclencheraient leurs bombes et prendraient feu. Des essais sont concluants et le chimiste Louis Fieser qui vient de mettre au point le napalm, est mis à contribution. Le 15 mai 1943, une opération est lancée sur la baie d'Osaka. Des bombardiers d'une base aérienne à proximité de Carlsbad, au Nouveau-Mexique, sont chargés avec les chauve-souris kamikazes mais un soldat de la base laisse un caisson entrouvert. Les chauve-souris se réfugient sous la citerne de fuel de la base. « La citerne explose, rasant une partie des installations militaires, l'intégralité des réserves de carburant et la majeure partie des munitions. En août 1943, la Marine récupère le projet renommé Projet X-Ray » qui « est finalement abandonné en 1944, car on estime que le temps nécessaire à son aboutissement sera trop long face à la rapidité de développement de la bombe atomique dont l'efficacité devrait être supérieure ». Cf Laurent Tillon, Les Fantômes de la nuit. Des chauves-souris et des hommes, Éditions Actes Sud, , p. 82-83