Division navale d'Extrême-Orient
La Division navale d'Extrême-Orient (DNEO), dont l'origine remonte à la Division navale des mers de Chine et du Japon, est un groupe naval de la marine nationale française actif en Extrême-Orient du milieu du 19e siècle à 1956, sous différentes appellations. Le principal conflit armé pendant lequel s'illustre la division est la guerre franco-chinoise de 1884-1885. Durant cette période, la « Division navale des Mers de Chine et du Japon » réunie à la « Division navale des côtes du Tonkin » devient l'Escadre d'Extrême-Orient, commandée par l'amıral Amédée Courbet. Après la dissolution de l'escadre en juillet 1885, la « Division navale des Mers de Chine et du Japon » devient la Division navale d'Extrême-Orient (DNEO). Lors de la guerre des Boxers en 1900, elle est nommée à nouveau « Escadre d'Extrême-Orient » puis retrouve son appellation de DNEO en 1906. Entre 1926 et 1940, elle est rebaptisée Forces navales d'Extrême-Orient (FNEO)[1]. Reformée en 1947 au cours de la guerre d'Indochine, la DNEO est durant cette période, avec la « Marine en Indochine », sous commandement des « Forces maritimes d'Extrême-Orient (FMEO) ». Elle est dissoute en 1956[2]. Appellations
HistoireDébuts de la présence navale française en Extrême-OrientLa présence navale française en Extrême-Orient devient effective à partir de 1844, après la mission de Théodore de Lagrené et la signature du premier traité franco-chinois en octobre, le traité de Huangpu. La « station navale des mers de Chine » est créée le 2 juin 1844 dans le but de renforcer au moyen d'une flotte de six bâtiments de 200 canons la force navale française entre la Corée et le détroit de Malacca. Elle est placée sous le commandement de la « Division navale de l’Océan Indien » qui devient « Division navale de l’Océan Indien et des Mers de Chine ». Cette présence navale reste toutefois modeste jusqu'à l’expédition de Chine (1857-1860) qui permet aux forces navales françaises de s'étendre. Notamment, avec le traité de Tien-Tsin de 1858, les navires militaires français et d'autres puissances ont l'autorisation de croiser librement dans les eaux chinoises, ce qui mène à la création de flottilles de canonnières pour protéger les intérêts de ces pays le long du Yangzi Jiang (fleuve Yang-Tse). Après l’expédition de Chine, une partie de la flotte redescend vers le sud et recompose la station navale de l’Indochine et l’autre partie conserve sa dénomination de station navale des Mers de Chine active à partir des ports de Yokohama et Shanghai. IIIe RépubliqueSous la IIIe République, de l'expédition du Tonkin à la Seconde Guerre mondiale, la présence de la marine française est la plus étendue et la plus durable en Extrême-Orient, présence qui s'étend « du détroit de Malacca à Yokohama, du delta du fleuve Rouge à la vallée du Yang-tsé »[3]. Entre 1870 et 1940, la Marine française a trois grandes composantes :
Sous la IIIe République, ces divisions navales sont notamment les suivantes :
On peut distinguer trois périodes dans l'histoire de la Division navale d'Extrême-Orient durant la IIIe République :
Commandants(VA = Vice-amiral, CA = Contre-amiral, VAE = Vice-amiral d'escadre) 1850-1940Liste des commandants de 1850 à 1940 [4] :
1947-1956Liste des commandants de la DNEO durant la guerre d'Indochine[5] :
Liste des commandants de la FMEO durant la guerre d'Indochine[5] :
Escadre d'Extrême-Orient (1884-1885)ContexteEn 1882, les intérêts français en Extrême-Orient sont protégés par deux divisions navales, la Division navale de Cochinchine, basée à Saïgon, et la Division navale d'Extrême-Orient, basée à Yokohama. La Division navale de Cochinchine a pour mission de surveiller la navigation côtière entre Singapour et le détroit de Hainan et sur les fleuves de Cochinchine et du Cambodge. Pour sa part, la Division navale d'Extrême-Orient [6] croise le long des côtes de Chine et dans les eaux qui séparent la Chine du Japon. L'intervention d'Henri Rivière au Tonkin en s'effectue au moyen de navires de la Division navale de Cochinchine. La France décide de renforcer sa présence au Tonkin après la défaite et la mort de Rivière à Hanoï. Une division navale est créée en pour patrouiller dans le Golfe du Tonkin. Le commandement de la « Division navale des côtes du Tonkin » est confié au contre-amiral Amédée Courbet[7]. Cette Division navale des côtes du Tonkin est composée des cuirassés Bayard (navire amiral) et Atalante, du croiseur Châteaurenault, des frégates légères Hamelin et Parseval, des canonnières Lynx, Vipère et Aspic, des transports de troupes Drac et Saône et des torpilleurs no 45 et 46. Une Flottille du Tonkin, composée d'un certain nombre d'avisos et de canonnières, est également mise sur pied en prévision d'opérations terrestres à l'été 1883. Cette flottille est placée sous la direction du général de brigade Alexandre-Eugène Bouët (1833-1887), commandant supérieur au Tonkin. L'Escadre d'Extrême-Orient est officiellement créée le , en réponse au guet-apens de Bắc Lệ qui a eu lieu quelques jours plus tôt, en réunissant la Division navale des côtes du Tonkin avec la Division navale d'Extrême-Orient. La Division navale d'Extrême-Orient, sous les ordres du contre-amiral Sébastien Lespès depuis , est composée des cuirassés La Galissonnière (navire amiral) et La Triomphante, des croiseurs d'Estaing, Duguay-Trouin et Volta, et de la canonnière Lutin[8]. L'escadre nouvellement créée est confiée à Courbet, et Lespès est nommé commandant en second. En , l'escadre est renforcée avec l'arrivée des croiseurs Rigault de Genouilly (en provenance de la station du Levant), Nielly (en provenance de la station de la mer des Indes) et Champlain[9]. En , un quatrième croiseur, l'Éclaireur, arrive de la station du Pacifique[10]. En , le croiseur Duchaffaut rejoint l'escadre depuis la Nouvelle-Calédonie et le Lapérouse depuis la France métropolitaine[11]. Vers la fin , le croiseur Kerguelen, transféré de la station du Pacifique, rejoint à son tour l'escadre. Les forces navales françaises au Tonkin sont significativement renforcées au printemps 1885 par l'arrivée des croiseurs Fabert et Laclocheterie, et de la canonnière Jaguar, basée auparavant en baie d'Along au sein de la flottille du Tonkin. En , l'escadre est renforcée par l'arrivée d'une troisième division navale, partie de France en janvier 1885 sous le commandement du contre-amiral Henri Rieunier. La division de Rieunier est composée du cuirassé Turenne (navire amiral), des croiseurs Magon, Primauguet et Roland, et des canonnières Comète et Sagittaire. Cette troisième division navale est accompagnée de deux torpilleurs et du croiseur auxiliaire Château-Yquem, un bâtiment civil loué et armé par le gouvernement français pendant la durée des hostilités contre la Chine[12]. La division de Rieunier atteint sa destination trop tard pour pouvoir prendre une part active aux opérations navales, mais certains des bâtiments qui la composent participeront au blocus du fleuve Yangzi entre avril et . Pour récapituler, en , à la fin de la guerre franco-chinoise, l'escadre d'Extrême-Orient est composée des bâtiments suivants :
L'amiral Courbet meurt à bord de son vaisseau amiral le Bayard dans le port de Makung, sur les îles Pescadores le . Il est remplacé à la tête de l'escadre par le contre-amiral Sébastien Lespès (commandant en chef du 11 juin 1885 au 1er décembre 1885). Le , le gouvernement français rétablit la Division navale d'Extrême-Orient telle qu'elle était en 1883. La division, sous le commandement du contre-amiral Lespès, avec Henri Rieunier, contre-amiral, comme commandant en sous-ordre, est alors composée des cuirassés La Galissonnière (vaisseau amiral), Turenne (cuirassé avec pavillon du contre-amiral Rieunier) et La Triomphante, des croiseurs Lapérouse, Primauguet, Champlain et Roland, et des canonnières Vipère et Sagittaire[14]. Les autres bâtiments rentrent en France, sont transférés au Tonkin ou envoyés dans d'autres stations navales françaises tout autour du globe :
OpérationsL'Escadre d'Extrême-Orient est engagée à plusieurs reprises dans les combats qui ont lieu pendant la guerre franco-chinoise. Le cuirassé La Galissonnière, le croiseur Villars et la canonnière Lutin prennent part au bombardement de Keelung le , sous les ordres du contre-amiral Lespès. La force de débarquement envoyées par Lespès dans l'après-midi du pour occuper Keelung est composée des troupes embarquées à bord du Bayard et du Villars, sous le commandement respectif du capitaine de frégate Martin et du lieutenant de vaisseau Jacquemier. Les deux compagnies sont toutes deux attaquées par des forces chinoises supérieures en nombre dans la matinée du , et doivent se retirer en bon ordre en direction de la côte, où ils rembarquent. Les pertes françaises lors de cette opération s'élèvent à 2 morts et 11 blessés[16],[17]. D'autres bâtiments sont impliqués dans la bataille de Fuzhou (), dans plusieurs opérations pendant la campagne de Keelung, y compris lors des débarquements à Keelung et Tamsui (1er au ), le blocus de Formose ( à ), le combat de Shipu (), la bataille de Zhenhai (), la campagne des Pescadores () et le « blocus du riz » du fleuve Yantzi (mars à ). On assiste également à un certain nombre de faits d'armes isolés. La frégate légère Parseval, envoyée devant Shanghai à l'été 1884 pour observer les mouvements de la flotte chinoise des Mers du sud, parvient à s'échapper de nuit sous le feu des canons des forts Wusong en . PertesAucun des bâtiments de l'escadre n'est perdu au combat, mais plusieurs le sont dans d'autres conditions. La frégate légère Hamelin (capitaine de frégate Roustan) s'échoue dans le fleuve Min en et est contrainte de rentrer en France pour réparations[18]. Treize marins meurent ébouillantés à bord du croiseur Rigault de Genouilly le après l'explosion d'une chaudière[19]. Le torpilleur no 45, qui a combattu à Fuzhou, est perdu en mer le alors qu'il se dirige vers Ningbo pour rejoindre les bâtiments français qui bloquent l'embouchure du fleuve Yangzi[20]. Le torpilleur no 46, qui a attaqué et coulé la corvette chinoise Yangwu pendant la bataille de Fuzhou, est également perdu en mer au large de Makung le , peu de temps après la fin des hostilités[21]. Ces torpilleurs sont tous deux perdus alors qu'ils étaient pris en remorque (respectivement par le Châteaurenault et le d'Estaing) car la remorque cède dans les deux cas. Aucune perte n'est à déplorer à la suite de ces incidents. Les pertes parmi les marins et les troupes embarquées à bord des vaisseaux sont faibles. L'escadre déplore des pertes mineures lors de la bataille de Fuzhou et de la descente sur le fleuve Min. Les pertes sont plus importantes le lors de l'échec du débarquement à Tamsui pendant la campagne de Keelung. Les pertes françaises lors du combat de Shipu sont faibles. Plusieurs marins meurent du choléra pendant l'occupation de quatre mois des îles Pescadores à la suite de la campagne des Pescadores. Forces navales d'Extrême-Orient (FNEO) (1926-1939)Les Forces navales d'Extrême-Orient (FNEO) sont actives de au [22] puis réactivées de 1945 jusqu'à la fin de la guerre d'Indochine. De sa création à sa première dissolution, l'amiral commandant les FNEO est également à la tête des troupes françaises en Chine[23], nom depuis 1928 des forces françaises dans ce pays[24]. En 1926, la flottille du Yang-Tse ainsi que d'autres marines étrangères sont impliquées dans les combats entre seigneurs de la guerre chinois. À cette date, l'ordre de bataille de la division navale en Extrême-Orient comprend dix navires comptant un total de 1 330 hommes et réunissant 40 canons[25] :
Au déclenchement de la guerre en Europe, les FNEO, commandées par le vice-amiral Jean Decoux, se composent des formations et navires suivants[26] :
Sous-marins :
BatimentsEscadre d'Extrême-Orient (1884-1885)
Autres batiments
Notes et références
Sources et bibliographie
Voir aussiArticles connexes |