Le 6 janvier 1929, prétextant la crise politique causée par l'assassinat, le roi Alexandre II abolit la Constitution de Vidovdan, suspendit le Parlement et s'octroya tous les pouvoirs[2]. Il nomma un cabinet responsable devant lui uniquement, et imposa une sévère censure à la presse. Initialement, il déclara que ces mesures étaient temporaires et qu'elles devaient permettre d'« unifier le pays », dans le but d'introduire l'idéologie yougoslave et de rassembler la nation yougoslave[3],[4],[5],[6]. Il changea le nom du pays en « royaume de Yougoslavie » (et se renumérota du même coup Alexandre Ier), et réforma les entités administratives du pays en remplaçant les 33 oblasts en neuf banovines. Cette décision fait suite à une demande de l'ambassadeur britannique afin de décentraliser le pays, sur le modèle de la Tchécoslovaquie[7].
Un tribunal pour la protection de l'État fut établi, et fut utilisé comme instrument du nouveau régime pour faire taire les opposants : les opposants politiques Vladko Maček et Svetozar Pribićević furent arrêtés et jugés par ce tribunal. Pribićević s'exila plus tard, et Maček devint le chef de l'opposition. Suivant la proclamation de la dictature, le député croate Ante Pavelić s'exila. L'année suivante, ce dernier forma une organisation révolutionnaire, les Oustachis[8], alliés avec l'Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne (VMRO) pour lutter contre l'État[9],[10].
En 1931, le roi Alexandre promulga une nouvelle Constitution qui confiait le pouvoir exécutif au roi. Les élections s'organisèrent au suffrage universel masculin. La distribution des bulletins secrets fut abaissée, et les employés publics subirent des pressions lors des élections pour voter pour le candidat du gouvernement. Plus tard, la moitié de la chambre haute fut nommée directement par le roi, et les lois pouvaient être votées sans l'accord d'une des chambres si elles étaient approuvées par le roi[réf. nécessaire].
L'opposition croate au nouveau régime fut forte, et fin 1932, le Parti paysan croate publia le manifeste de Zagreb qui appelait à la fin de l'hégémonie serbe et de la dictature. Le gouvernement réagit en emprisonnant de nombreux opposants politiques, dont le nouveau président du Parti paysan croate Vladko Maček. Malgré ces mesures l'opposition se poursuivit, les Croates appelant à une solution pour la « question croate ». Fin 1934, le roi envisagea de libérer Maček, d'introduire des réformes démocratiques et de trouver un compromis entre Serbes et Croates[réf. nécessaire].
Cependant le 9 octobre 1934, le roi fut assassiné à Marseille en France, par le Bulgare Veličko Kerin (plus connu par son pseudonyme révolutionnaire Vlado Tchernozemski), activiste de la VMRO, lors d'une conspiration avec des exilés yougoslaves et des membres radicaux de parti politiques interdits, avec le soutien des Oustachis[8].
↑(en) John Paul Newman, War Veterans, Fascism, and Para-Fascist Departures in the Kingdom of Yugoslavia, 1918–1941, Maynooth, National University of Ireland, , 74 p. (lire en ligne)
↑(en) Malbone W. Graham Jr., The “Dictatorship” in Yugoslavia, Cambridge, Cambridge University Press, (lire en ligne)
↑(en) Pieter Troch, Yugoslavism between the World Wars: indecisive nation-building, , 244 p. (lire en ligne).
↑(en) Stipica Grgić, Pantheon on a tablecloth: Yugoslav dictatorship and the confrontation of national symbols in Croatia (1929-1935), Cambridge, Cambridge University Press, , 470 p. (lire en ligne).
↑(en) Christian Axboe Nielsen, Policing Yugoslavism: Surveillance, Denunciations, and Ideology during King Aleksandar's Dictatorship, 1929-1934, East European Politics and Societies, , 62 p. (lire en ligne).
↑ a et b(en) « Ante Pavelić », sur Encyclopædia Britannica (consulté le ).
↑(en) Robert Bideleux et Ian Jeffries, The Balkans : a post-communist history, Londres, Taylor & Francis, , 620 p. (ISBN978-0-415-22962-3, BNF41047851), p. 190.