Delphine Gay est la fille de Sophie Gay (née Nichault de la Vallette), écrivaine et salonnière de renom, et de Jean Sigismond Gay (1768-1822), seigneur de Lupigny en Savoie, receveur-général du département de la Roer. Par sa mère, elle est la nièce de Marie-Françoise Gay[2]. Delphine vit à Aix-la-Chapelle pendant ses premières années, et aussi pendant son adolescence, mais fait de fréquents séjours à Paris[1]. Elle est élevée au sein d’une brillante société littéraire par sa mère, qui l’a nommée « Delphine » en hommage au roman de Germaine de Staël[3], et fait partie avec elle du cercle romantique de Charles Nodier. D'après Jean Balde, « elle n'a que seize ans quand elle se retrouve avec Vigny, Saint-Valry, de Latouche dans le salon d'Émile Deschamps[1] », d’où émane La Muse française dans lequel elle publiera ses premiers poèmes[4]. Elle est l'auteure de deux volumes de mélanges, des Essais poétiques () et de Nouveaux Essais poétiques (). Lors d’une visite en Italie en , elle est accueillie avec enthousiasme par le monde littéraire romain, et se voit même couronnée au Capitole. De ce séjour italien, elle rapporte diverses poésies, dont la plus ambitieuse est Napoline ().
Son mariage avec Émile Delamothe, dit Émile de Girardin[5], le , lui ouvre de nouveaux horizons littéraires. De à , elle publie des chroniques spirituelles dans le journal La Presse, sous le nom de plume de « Charles de Launay ». Ces chroniques, qui sont l’histoire de Paris de 1836 à 1848, c'est-à-dire l’histoire du Paris qui échappe à l’Histoire, éditées sous forme de recueil en , puis réimprimées en quatre volumes, sous le titre de Lettres parisiennes, obtiennent un grand succès.
Parmi ses œuvres de fiction les plus connues, on peut citer le roman Le Lorgnon (1832) Le Marquis de Pontanges (), un recueil de récits, Contes d’une vieille fille à ses neveux (), La Canne de Monsieur de Balzac () et Il ne faut pas jouer avec la douleur ().
On compte au nombre de ses drames en prose et en vers L’École des journalistes (), Judith (), Cléopâtre (), Lady Tartuffe (), et les comédies en un acte, C’est la faute du mari (), La joie fait peur (), Le Chapeau d’un horloger () et Une femme qui déteste son mari, paru à titre posthume.
En plus du succès de ses œuvres et de ses publications dans la presse, Delphine de Girardin jouit d'une pension royale (mécénat). En effet, selon un ouvrage de 1840 et selon une Docteure d'État en littérature française en 2015 « En 1825, Delphine Gay est au sommet de sa gloire : dans « La Vision » elle célèbre le couronnement de Charles X et s’auto proclame « Muse de la Patrie ». Charles X lui alloue une pension de 500 écus qu’elle perdra en 1830. »[6],[7]. En effet la révolution de 1830 supprime toutes les pensions royales.
Pseudonymes littéraires
Elle a écrit sous divers pseudonymes : Vicomte Charles Delaunay, Charles de Launay, Vicomte de Launay, Léa Sepsel.
La Table-Girardin
La table-Girardin, nommée ainsi en souvenir de Mme Delphine de Girardin, amie spirite de Victor Hugo[8] et femme d'esprit dans tous les sens du terme, était un guéridon dont le centre était équipé d'un cercle mobile en bois de 30 ou 40 cm de diamètre monté sur un axe. Sur la circonférence de ce cercle était inscrit les lettres de l'alphabet, les chiffres, ainsi que "oui" et "non", cet ensemble tournait devant une aiguille fixe. La médium posait ses mains sur la table posant des questions aux esprits qui étaient censés faire tourner le cercle qui s'arrêtait devant l'aiguille donnant ainsi la lettre voulue afin de composer des phrases[9].
Delphine Gay (1804-1855), écrivaine, poétesse, nouvelliste, romancière, dramaturge, salonnière et journaliste. Elle épouse Émile Delamothe, dit Émile de Girardin
Œuvres
Poésie
Le Dévouement des médecins français et des sœurs de Sainte-Catherine dans la peste de Barcelone, poème, Ambroise Tardieu, Paris, 1822. [1]
Essais poétiques, recueil, Imprimerie de Gaultier-Laguionie, Paris, 1824. [2]
Théophile Gautier, Delphine de Girardin, Joseph Méry et Jules Sandeau, La Croix de Berny : Roman steeple-chase, Paris, Mercure de France, , 448 p. (ISBN271524844X)
Chroniques
Courrier de Paris, chronique hebdomadaire publiée dans La Presse, sous le pseudonyme du Vicomte Charles de Launay, 1836-1848.
Lettres Parisiennes (1836-1839), recueil rassemblant les chroniques du Courrier de Paris, signé madame Emile de Girardin, Charpentier, Paris, 1843. [11]
Le Vicomte de Launay, Correspondance parisienne (1840-1848), deuxième recueil, Michel Lévy, Paris, 1853.
Théâtre
L'Achille de Normandie, vaudeville (avec Jean Joseph Ader), théâtre Saint-Antoine, 1838[10]
L'École des journalistes, comédie, [pièce reçue à la Comédie Française puis censurée], 1839. [12]
La joie fait peur, comédie, Comédie Française, 1854. [14]
Le Chapeau d'un horloger, comédie, Théâtre du Gymnase, 1854.
Une femme qui déteste son mari, comédie, Théâtre du Gymnase, 1856 (posthume).
Œuvres Complètes
Œuvres complètes de madame Émile de Girardin, née Delphine Gay, Paris, Henri Plon, 6 tomes, - (posthume). [15]
Notes et références
↑ ab et cJean Balde, Mme de Girardin, textes choisis et commentés Paris, Librairie Plon, 1913.
↑Marc Le Goupils, La Revue de Paris, vol. 14, Paris, Bureau de la Revue de Paris, , 144 p. (lire en ligne), chap. 4, p. 93.
↑Théophile Gautier, Portraits et souvenirs littéraires, Paris, Michel Lévy frères, , 320 p. (lire en ligne), « […] Son nom tiré d’un roman de madame de Staël », p. 83.
↑Gilles Castroviejo, Dictionnaire passionnel de Marie Lafarge, Saint-Denis, Mon Petit Éditeur, , 590 p. (ISBN978-2-342-04802-5, lire en ligne), p. 178.
↑Fils naturel d'Alexandre Louis Robert comte de Girardin et d'Adélaïde Marie Fagnan épouse Dupuy, il sera légitimé au sein d'une Commission de la Chambre des Députés : Le Moniteur, 24 décembre 1837.
↑Galerie de la presse, de la littérature et des beaux-arts, Au Bureau de la Publication, et Chez Aubert, (lire en ligne)
↑Marie-Claude Schapira « Delphine de Girardin : une vie en porte-à-faux » () (lire en ligne) — « (ibid.) », dans Françoise Court-Perez (éd.), Delphine de Girardin et son temps, Actes de la journée d’étude organisée à l’Université de Rouen en juin 2015, Publications numériques du CÉRÉdI, coll. « Actes de colloques et journées d'étude » (no 15)
↑Victor Hugo, Le Livre des Tables, folio classique, Editions Gallimard, , 755 p. (ISBN978-2-07-045394-8), p. 51 et suivantes
↑Allan Kardec, Le Livre des Médiums, Les éditions Philman, , 490 p. (ISBN978-2-913720-35-0), p. 182 paragraphe 144
Jeanne Alleman, Mme Émile de Girardin, Paris, Plon-Nourrit et Cie, 1913.
Suzanne Braswell, « Breaking the silence : Antiphonal voices in the poetry of Delphine Gay de Girardin », Dix-Neuf, Journal of the Society of Dix-Neuviémistes, volume 7, 2006.
François Bondy, Une femme d'esprit en 1830, Madame de Girardin, Paris, Hachette, 1928.
Françoise Court-Perez (éd.), Delphine de Girardin et son temps, actes de la journée d’étude organisée à l’Université de Rouen en juin 2015, publications numériques du CÉRÉdI, « Actes de colloques et journées d'étude », no 15, 2016.
Andrea Del Lungo, « Aux racines de la distinction. Une lecture sociologique de l’œuvre narrative de Delphine de Girardin », Andrea Del Lungo et Brigitte Louichon, La Littérature en bas-bleus. Romancières sous la Restauration et la monarchie de Juillet, Paris, Classiques Garnier, 2010, p. 295-315 (ISBN978-2-8124-0153-4).
Leyla Ezdinly, « La Canne de M. de Balzac : parody at the intersection of politics and litterature », L'Esprit Créateur, vol 33, no 3, automne 1993.
Alison Finch, Women's writing in nineteenth-century France, Cambridge, UK ; New York, NY, Cambridge University Press, 2000 (ISBN978-0-5216-3186-0).
Théophile Gautier, Portraits et souvenirs littéraires, Paris, Michel Lévy Frères, 1875.
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