DellyDelly
Delly est le nom de plume conjoint d'un frère et d'une sœur françaises, Jeanne-Marie Petitjean de La Rosière (1875-1947) et Frédéric Petitjean de La Rosière (1876-1949), auteurs d'une centaine de romans d'amour populaires[1] dont un tiers est publié de manière posthume. Les romans de Delly, peu connus des lecteurs au XXIe siècle, sont extrêmement populaires entre 1910 et 1980, et comptent alors parmi les plus grands succès de l'édition en France mais aussi à l'étranger[1]. BiographieJeanne-Marie est née à Avignon le , et son frère Frédéric nait un an plus tard, à Vannes le . Ils sont les enfants d'un officier d'artillerie[2], Ernest Petitjean, et de sa femme, Charlotte Gaultier de La Rosière, dont ils reprirent le nom. Ils passèrent leur enfance à Vannes où leur père avait été muté, avant de déménager à Versailles, après la retraite de celui-ci[2]. Dans cette ville, ils se lient d'amitié avec leur voisin, la famille du Commandant Brunot dont l'épouse, Marie d'Agon de la Contrie, deviendra, quelques années plus tard, une auteure de livres pour enfants., Jeanne-Marie, jeune fille rêveuse qui consacra toute sa vie à l'écriture, a été à l'origine d'une œuvre surabondante dont la publication commence en 1903 avec Dans les ruines. La contribution de Frédéric est moins connue dans l'écriture que dans la gestion habile des contrats d'édition, plusieurs maisons se partageant cet auteur qui connaissait systématiquement le succès. Le rythme de parution, de plusieurs romans par an jusqu'en 1925, leur publication par épisodes que les journaux payant au prix fort car synonyme d'une augmentation significative de leur tirage[2] et les très bons chiffres de ventes des ouvrages assurèrent à la fratrie des revenus confortables. Ils n'empêchèrent pas les deux auteurs de vivre dans une parfaite discrétion, jusqu'à rester inconnus du grand public et de la critique[1]. L'identité de Delly ne fut en fait révélée qu'à la mort de Jeanne-Marie le chez elle avenue Jean-Jaurès à Versailles[2], deux ans avant celle de son frère[1]. Ils sont enterrés au cimetière Notre-Dame de Versailles. Jeanne-Marie et Frédéric Petitjean lèguent à leur mort leurs biens à leur employée de maison, Irène[2], et leurs droits d'auteur[2] et tous leurs manuscrits à la Société des gens de lettres (SGDL) pour aider les écrivains malades ou nécessiteux, la bourse Delly[1]. L'hôtel de Massa à Paris, siège de la SGDL, conserve ces manuscrits, divers documents et deux médaillons représentant les Delly[2]. Une salle de l'hôtel porte leur nom. Structure et succèsDelly a été considéré comme l'archétype de l'auteur de romans populaires ou encore de romans de gare, en l'occurrence sentimentaux. Le style a été critiqué comme plat et répétitif, avec des intrigues construites sur un modèle immuable, manichéen : l'opposition entre une protagoniste symbolisant la pureté et d'autres personnages cherchant à contrecarrer sa quête d'un amour parfait. Toute l'œuvre est empreinte d'une structure sociale et d'une moralité qui restent celles du début du siècle, se refusant aux bouleversements de l'époque dans laquelle vit Delly. Les auteurs sont également une des cibles de Louis-Ferdinand Céline dans ses Entretiens avec le professeur Y. Les romans de Delly, peu connus des lecteurs actuels et négligés par les intellectuels, furent extrêmement populaires entre 1910 et 1980, et comptèrent parmi les plus grands succès de l'édition mondiale à cette époque. Ils sont réédités jusqu'aux années 1980[3]. En 1995 parait Guimauve et fleurs d'oranger, Delly, une étude littéraire sur Delly sous la direction de Julia Bettinotti et Pascale Noizet[2]. La publication d'un dossier de la revue Le Rocambole en 2011 contribua aussi à réévaluer le duo, et à mettre en évidence l'évolution de la carrière de Delly : jusqu'à la guerre, on peut parler du « premier Delly » (Ellen Constans), ce qui correspond à la moitié des œuvres écrites et publiées, des romans courts, davantage sentimentaux et se ressentant d'une inspiration très catholique, parfois militante. À partir de la Grande Guerre, l'inspiration s'élargit : Le Mystère de Ker-Even (1916) est le premier d'une série de « grands romans » d'aventures populaires, en général deux fois plus longs et publiés en deux volumes par les éditeurs successifs, Flammarion ou Tallandier. L'élément sentimental se dilue dans l'aventure, souvent située dans un cadre exotique (Amérique centrale ou du Sud, Inde, Orient). Cette évolution très nette peut être attribuée à une plus forte implication de Frédéric Petitjean dans la rédaction ou l'élaboration des intrigues. Par exemple, Le Maître du silence (1917, en deux volumes, Sous le masque et Le Secret du Kou-Kou-Noor) est un roman de science-fiction échevelé dont le héros est un véritable surhomme doté d'un pouvoir télépathique. D'autres romans plus tardifs adoptent une structure de roman policier, ce qui est très inattendu chez un tel auteur, mais en définitive le fruit d'une évolution logique, le crime et le mal étant au centre de toute l'œuvre dellyenne. Certains des derniers romans écrits durant les années 1930 (et publiés de façon posthume) montrent une évolution sociale assez nette par rapport aux romans du début. Enfin, si la plupart des romans se terminent sur une fin heureuse, malgré l'entassement des crimes et des épreuves, ce n'est pas le cas de Malereyne (posthume, 1952), un roman d'une noirceur absolue, où tous les personnages sont négatifs, et qui se termine sans aucune rémission possible, ce qui constitue une immense surprise et tranche sur le reste de l'œuvre. La grande singularité de l'œuvre de Delly est d'être pour un tiers composée de romans « posthumes » : à partir de 1925, le couple Delly décide de réduire la publication d'inédits en librairie, tout en maintenant un rythme de rédaction soutenu. En contrepartie, ils alimentent les éditeurs en livres d'avant-guerre uniquement publiés en feuilleton, ce qui donne l'illusion d'une production continue et provoque un net décalage entre l'époque de première publication (prépublication dans la presse d'avant 1914) et la date de parution en librairie, parfois vingt ans plus tard, voire jusqu'à quarante ans plus tard pour certains titres. Pendant ce temps, les Delly rédigent de nouvelles œuvres (souvent de longs romans populaires flamboyants) destinées à leur postérité. Par conséquent, la perception du lectorat qui plébiscite les romans de Delly dans les années 50 et 60 (comme celle des critiques qui les mettent au ban de la littérature) est faussée par ce décalage entre rédaction et publication, situation accentuée par le relatif anonymat de l'auteur. Pour évaluer correctement l'œuvre de Delly, il fallait d'abord la reclasser dans l'ordre chronologique de rédaction et de première publication en feuilleton, puis inventorier ses différentes éditions en volume, ce qui a été tenté pour la première fois dans le dossier publié par Le Rocambole. BibliographieRomans et nouvelles
AnnexesBibliographie
Références
Liens externes
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