En linguistique, la désuétude exprime le fait pour une unité lexicale ou grammaticale de ne plus être dans l'usage, de ne plus être employé dans la langue.
En français
Il s'applique en particulier aux mots et expressions qui, employés à une certaine époque, sont plus ou moins tombés dans l'oubli; aux termes que l'on a cessé d'employer, même si parfois, grâce notamment aux références littéraires dont nous disposons, leur sens nous est encore connu, à défaut d'être familier.
La désuétude est alors attachée à des mots qui n'ont plus de locuteurs pour leur donner vie. L'abréviation "dés", dans certains dictionnaires, signale ainsi les termes en question, preuve qu'ils n'ont pas perdu toute pertinence et conservent, par-delà les âges, un certain écho dans les consciences.
Il arrive parfois qu'un mot soit tombé en désuétude alors qu'une expression liée soit toujours employée.
exemple: la "sauce grand veneur", le mot "veneur" ayant depuis longtemps cessé de désigner un chasseur dans le langage courant.
La désuétude est un processus important, une étape dans la formation et l'évolution des langues ; elle correspond à un élagage par la pratique et l'usage du langage, qui sanctionne les mots devant être considérés comme "courants". Elle s'inscrit dans un cadre plus large qui conduit à la disparition pure et simple de certains mots ayant parfois connu une fortune importante à une époque antérieure.
L'Académie française, dans son œuvre lexicographique, ne fait ainsi qu'entériner, avaliser une situation de fait, en donnant un instantané du langage courant et en qualifiant de « désuet » certains termes, voire en les éliminant purement et simplement.
Le rédacteur d'un dictionnaire doit ainsi décider s'il qualifie le mot ou l'expression d'« historique » (en indiquant les dates d'emploi), de « désuet », d'« inusité » ou de « disparu »[réf. nécessaire].
Si l'on considère un mot, mot écrit ou imprimé avec les lettres d'un alphabet ou un idéogramme, ou dit, prononcé avec des sons que l'on peut transcrire en alphabet phonétique, Il faut distinguer, en reprenant l'analyse d'Odgens et Richards et leur triangle sémiotique :
Le mot (Symbol) lui-même, le signifiant de Saussure que nous mettrons en italique pour respecter ses conventions
La chose (Ding), objet ou action, à laquelle il renvoie, le dénoté
Le concept (Begriff), ce à quoi il fait penser, le mot lu ou entendu, la connotation, le signifié de Saussure que nous mettrons entre guillemets pour les mêmes raisons et qui dépend de l'interlocuteur. Le mot chien qui renvoie à l'animal chien fait penser pour l'un à l'ami domestique pour l'autre à une bonne recette
L'emploi de ce mot par ceux qui parlent cette langue, l'écrivent ou l'impriment
Un schéma universel, anglais, allemand, chinois, etc.
Le triangle sémiotique d'Odgens & Richard dans sa version originale : le mot (Symbol), la chose (Referent), le concept (Though).
Le triangle sémiotique en allemand : le mot (Symbol), la chose (Ding) ), le concept (Begriff).
Le triangle en chinois. L'idéogramme, le chien, l'idée du chien (pour en manger)
Les trois types de désuétude linguistique
Ceci conduit à trois types de désuétude
La désuétude du référent, de la chose, objet ou action qui existe bien et est pratiqué ou bien qui n'existe plus a cessé d'être fabriqué ou utilisée
La désuétude du mot ou de la locution, qui n'est plus employé pour désigner cette chose qui existe toujours. Exemple : passage clouté.
La désuétude du sens, du concept qui importe une connotation désuète.