Déclaration de CocoyocLa Déclaration de Cocoyoc du est un texte publié à l'issue d'un colloque des Nations unies organisé du 8 au dans la ville de Cocoyoc (Mexique)[1]. Ce colloque réunissait des experts internationaux pour débattre de « L'utilisation des ressources, de l'environnement et des stratégies de développement ». La déclaration de Cocoyoc condamne l'ordre économique international et propose de le refondre pour permettre une meilleure répartition des richesses entre pays du Nord et du Sud, mais également au sein de chaque pays. Elle fut condamnée par les États-Unis dès sa publication. Il s'agit d'un des textes importants de l'histoire de l'écologie politique. ContexteLa Déclaration de Cocoyoc est publiée peu de temps après le premier choc pétrolier de 1973 et le premier sommet de la Terre, qui s'était tenu du 5 au à Stockholm. Cette période correspond également à l'apogée du Mouvement des non alignés, qui critique la domination des pays riches et refuse l'alignement sur le bloc l'Est ou de l'Ouest. Les pays "non alignés", bien que très divers politiquement, réclament la mise en place d'un « Nouvel ordre économique international » (NOEI). Les participantsLe symposium de Cocoyoc est coprésidé par deux personnalités de pays en développement : le Docteur Wilbert K. Chagula, Ministre des affaires économiques et de la planification du développement de la Tanzanie, et le Professeur mexicain Rodolfo Stavenhagen. Les rapporteurs sont Barbara Ward pour les questions de ressources naturelles et Johan Galtung pour les questions de développement[2]. Parmi les autres participants, on trouve notamment le président mexicain Luis Echeverría Álvarez, l'homme d'affaires canadien, directeur exécutif du PNUE, Maurice Strong, l'économiste et diplomate Sri-Lankais, secrétaire général de la CNUCED, Gamani Corea, l'économiste franco-égyptien Samir Amin. Contenu de la déclarationLa Déclaration de Cocoyoc est constituée d'une longue entrée en matière, de quatre paragraphes et d'un épilogue. Le début du texte pointe l'échec des Nations unies à mettre en place un ordre international juste :
Les rapporteurs critiquent un système basé sur l'économie de marché :
Première partie : Le but du développementLa Déclaration critique vivement l'utilisation qui est faite de la croissance, que les pays riches estiment indispensable au développement des pays pauvres :
Les auteurs de la déclaration donnent ensuite leur propre vision du développement :
Deuxième partie : La diversité du développementDans cette partie du texte, les auteurs estiment que les chemins du développement sont nécessairement divers, et qu'il faut éviter de généraliser les pratiques des pays riches. Au contraire, il faudrait aider ces derniers à sortir de la surconsommation :
Troisième partie : L'autonomieLes auteurs reprennent à leur compte le concept de "self reliance" inventé par Gandhi :
Cette partie du texte assume clairement la rupture avec l'ordre économique mondial :
L'autonomie au niveau national implique aussi un détachement temporaire du système économique actuel. Il est impossible de développer l'autonomie au travers de la participation pleine et entière à un système qui perpétue la dépendance économique. » Quatrième partie : Propositions pour l'actionLa Déclaration de Cocoyoc réaffirme l'importance des Nations unies comme cadre de négociations sur les questions de développement et d'environnement, mais en partant d'un principe de base qui est la souveraineté nationale sur les ressources :
Elle appelle également à un système international de taxation et de redistribution des richesses :
ÉpilogueDans l'épilogue, les rédacteurs réaffirment leur optimisme et concluent sur des principes généraux, qui se rapprochent de la déclaration de Stockholm adoptée lors du premier sommet de la Terre :
Les impacts de la déclaration de CocoyocPeu de temps après sa publication, elle fait l'objet d'une vive critique de la part du Secrétaire d'État Américain Henry Kissinger[3]. Dans son livre Comment la mondialisation a tué l'écologie (Mille et une nuits, 2012), Aurélien Bernier analyse la déclaration de Cocoyoc comme un texte fondateur de l'écologie politique qui anticipe la réflexion des années 2000 sur la démondialisation. Il estime qu'elle fut censurée par les Nations unies et oubliée par les écologistes. Il est cependant délicat de mettre sur un pied d'égalité une déclaration rédigée par un ensemble d'experts et des textes signés par des États. La Déclaration de Cocoyoc est en effet issue d'un colloque, elle n'a pas été votée par l'Assemblée Générale des Nations-Unies, à la différence des déclarations qu'Aurélien Bernier met en regard. Cette différence change beaucoup les choses car les équilibres politiques ne sont plus du tout les mêmes. La déclaration de Cocoyoc n'engageait que les experts qui l'ont signée, alors que les déclarations des nations-unies engagent (en principe) des États entiers. Dans son livre sur le Développement durable (Bréal, 2010, 2014), Fabrice Flipo souligne également que le Sommet de Stockholm avait été boycotté par les pays socialistes, qui estimaient ne pas polluer, à la différence des pays capitalistes. Les pays en développement s'étaient montrés inquiets de possibles contraintes sur leur croissance, Indira Gandhi soulignant que la première pollution, c'était la pauvreté. La conférence de Cocoyoc se tint en effet en marge des négociations internationales. Le Sommet de Rio se tint sur la base du Rapport Brundtland, lequel contenait 22 définitions différentes et contradictoires du développement durable, de la durabilité la plus forte à la plus faible, en passant par la justice sociale. Le Sommet de Rio resta dominé par un souci de "gestion rationnelle des ressources", terme constamment employé dans l'Agenda 21. C'est ce qui a permis de négocier et signer ce qui reste à ce jour comme les deux seules grandes conventions internationales sur l'environnement global : la convention climat et la convention biodiversité. Pendant ce temps, et ailleurs, le GATT puis l'OMC négociaient la libéralisation du commerce. Ces deux dynamiques incompatibles entre elles expliquent l'échec du Sommet de Johannesburg, qui prend acte de l'absence de progrès fait depuis Rio. Notes et référencesVoir aussiLiens externes
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