La Commission internationale de coopération intellectuelle (CICI) est, entre 1922 et 1946, un organe de la Société des Nations (SDN) chargé de la coordination des travaux et des relations scientifiques.
Elle est l'ancêtre de l'Unesco, créée en 1946, qui la remplacera.
Historique
Bien que la coordination des questions scientifiques et culturelles ne fassent pas partie des missions fondamentales de la Société des Nations telles que décrites dans le Pacte de 1919, cette commission s'est occupée de la diffusion d'un idéal dans la sphère politique, de l'échange d'ouvrages, et également du renforcement des relations intellectuelles entre les pays de 1922 à 1939.
Dès 1920, l'Assemblée de la SDN envisage la possibilité de fonder une commission consultative, chargée d'évaluer les besoins en la matière. En , la SDN adopte une proposition française pour la constitution d'un organisme destiné à renforcer la collaboration des nations dans le domaine du travail intellectuel (il s'agit de promouvoir les échanges entre scientifiques, universitaires, artistes et intellectuels) et à consolider l'action en faveur de la paix tout en suscitant un esprit international. Rapidement, cette commission de coopération intellectuelle (CICI) est pérennisée puis renforcée par la création de l'Institut international de Coopération intellectuelle (IICI), à Paris en 1926, contribuant à reconstruire partiellement et à densifier le réseau des acteurs scientifiques, en Europe en particulier[3].
La Commission Internationale de Coopération Intellectuelle
La Commission internationale de coopération intellectuelle (CICI) a été officiellement créée en et compte de 12 à 19 personnalités. La première session a lieu en août 1922, sous la présidence de Henri Bergson ; son travail s'est poursuivi jusqu'en 1939. L'Institut International de Coopération Intellectuelle voit également ses activités suspendues par le second conflit mondial et servira de base à la création de l'Unesco en 1946[4].
L'Institut International de Coopération Intellectuelle
L'Institut International de Coopération Intellectuelle (IICI) est proposé en 1924 à la SDN par le gouvernement français[8]. Il est juridiquement l'organe exécutif de la CICI et est administré par elle, mais conserve une certaine marge de manœuvre[9]. Il est officiellement inauguré le . Il a trois directeurs successifs, de nationalité française (certains y voient une marque du « projet culturel français » de prise de contrôle sur les relations culturelles internationales[10]) :
L’IICI est dans une relative autonomie vis-à-vis de la Société des Nations et il entretient des relations diplomatiques avec les États membres de la SDN, récupérant d'ailleurs la responsabilité de coordonner les Commissions nationales de coopération intellectuelle. Ces dernières, créées par des particuliers ou des gouvernements, nomment des délégués chargés de représenter leurs intérêts auprès de l’IICI et font offices de répondantes locales de la CICI. En 1939, 44 délégués et 45 Commissions nationales travaillent avec l’IICI. Celui-ci est fermé de 1940 à 1944[12]. Il rouvre brièvement en février 1945 pour léguer en 1946 l'esprit de sa mission et ses archives à l'Unesco[13].
Notes et références
↑Archives de la SDN 1924, Office des Nations Unies à Genève. Photographie issue de cette collection.
↑Martin Grandjean, « La connaissance est un réseau. Perspective sur l'organisation archivistique et encyclopédique », Les Cahiers du Numérique, vol. 10, no 3, , p. 37-54 (lire en ligne, consulté le ).
↑Danielle Wünsch, « Einstein et la Commission internationale de coopération intellectuelle », Revue d'histoire des sciences, vol. 57, no 2, , p. 509-520 (lire en ligne).
↑Corinne A. Pernet , "‘In the Spirit of Harmony‘? The Politics of (Latin American) History at the League of Nations", in Alan McPherson and Yannick Wehrli, eds., Beyond Geopolitics: Latin America at the League of Nations, University of New Mexico Press, 2015, p. 135-153.
↑Antoine Compagnon, « La république des lettres dans la tourmente (1919-1939) », La lettre du Collège de France, décembre 2009.
↑Gérard Bossuat et René Girault Europe brisée, Europe retrouvée : Nouvelles réflexions sur l'unité européenne au XXe siècle, Publications de la Sorbonne, (lire en ligne), p. 79.
↑Isabelle Renard, L'Institut français de Florence (1900-1920) : Un épisode des relations franco-italiennes au début du XXe siècle, vol. VIII, t. 22, Rome, coll. « Collection de l'École française de Rome », , 501 p. (ISBN978-2-7283-0579-7).
↑Corinne A. Pernet, "Twists, Turns and Dead Alleys: The League of Nations and Intellectual Cooperation in Times of War." Journal Of Modern European History 12, no.3, 2014 p. 342-358.
Martin Grandjean, Les réseaux de la coopération intellectuelle. La Société des Nations comme actrice des échanges scientifiques et culturels dans l'entre-deux-guerres, Lausanne, Université de Lausanne, , 600 p. (lire en ligne)
(en) Frederick Northedge, International Intellectual Co-operation Within the League of Nations : Its Conceptual Basis and Lessons for the Present, Londres, University of London,