Comités de soldatsLes comités de soldats, ou luttes des soldats, a été l'une des composantes d'un mouvement des soldats apparu dans les casernes françaises dans les années 1973 à 1978 qui regroupait des appelés souhaitant faire connaître ce qui se passait dans les casernes et réclamant des revendications de dignité humaine dans un monde militaire très fermé où la contestation était vivement réprimée par une justice d'exception. Des comités ont aussi été actifs aux Pays-Bas dans les années 1970 et 1980. OriginesL'Appel des 100À la veille du deuxième tour de l'élection présidentielle de 1974 entre Valéry Giscard d'Estaing et François Mitterrand, 100 soldats appelés demandaient aux candidats de se prononcer publiquement sur un ensemble de revendications : libre choix de la date d'incorporation, droit pour les engagés de résilier leur contrat, suppression des brimades et des incorporations hors frontières, solde égale au SMIC, liberté d'expression, d'information et d'organisation dans les casernes, abolition des tribunaux militaires ainsi que la gratuité dans les transports[1]. Cette initiative, intitulée l'Appel des 100, a suscité un vaste mouvement de signatures qui, de jour en jour, a pris de l'ampleur. Ainsi, en quelques mois, il fut signé par plus de 5 000 soldats. ManifestationsLe , le 19e régiment d'artillerie de Draguignan défile dans les rues de cette ville pour dénoncer le racisme et les brimades dont les appelés sont victimes par la hiérarchie militaire[2]. Responsabilités de la hiérarchieLa hiérarchie militaire, en voulant contrôler l'ampleur de ces mouvements, en a parfois facilité l'organisation[réf. nécessaire]. Par exemple, au 19e Groupe de Chasseurs Mécanisés (Villingen, RFA), le commandant en second a convoqué, le même jour (en ) et à la même heure, une douzaine d'appelés du contingent 74/08, derniers sursitaires de 68 et fichés dans le civil pour activités militantes. Les recevant l'un après l'autre, il les a informés qu'ils étaient repérés et ne devaient pas exprimer de revendications pendant leur service. Cependant, cela a donné l'occasion à ces appelés de se rencontrer puis de créer un comité de soldats, chose qui aurait pu ne pas arriver autrement. Comités de soldatsÀ la suite de ces diverses initiatives, des comités de soldats se sont développés dans les casernes. Ces comités créent de nombreux journaux qui sont alors diffusés dans la plupart des casernes de France et d'Allemagne de l'Ouest[3]. Par exemple, au 4e Régiment du Génie de la Valbonne, sort au printemps 1975 un journal intitulé Le Mauvais génie[4]. D'autres titres divers : Boulet Rouge, La Cause du soldat, Arrête ton char, Gardavoufix, Spirate-rouge, R.A. le bol, Le Sort du Con", Le Hussard en a marre (9ème régiment de hussards de Sourdun entre 1977 et 1978) etc. [5] Ces exemples sont parmi tant d'autres qui montrent la création de nombreux journaux de caserne en très peu de mois. Ce mouvement s'est développé d'une façon si rapide et si vaste que le gouvernement de l'époque prit peur d'une épidémie encore plus vaste. Ainsi, grâce à l'Appel des 100, le mouvement des soldats a conquis une sorte d'expression semi-légale qui créait un contrepoids aux pouvoirs de la hiérarchie militaire alors toute puissante[6]. RépressionsFace à la contestation, des jours d'arrêts de rigueur à l'isolement ont été infligés sans jugements à des appelés pour manifestation contraire à la discipline et/ou propagande antimilitariste. L'armée n'a jamais communiqué sur ces jours d'arrêts. Chaque peine n'excédant pas les 60 jours, il n'y eut pas de procès, public, au Tribunal Permanent des Forces Armées. Pour essayer d'éradiquer ce mouvement de soldats, la mesure prise a été de réactiver la Cour de Sûreté de l'État, créée pour lutter contre l'OAS à la fin de la Guerre d'Algérie. Le , le ministre de la Défense saisit cette juridiction pour entreprise de démoralisation de l’armée ayant pour but de nuire à la Défense nationale, en vertu de l'article 84 du code pénal, qui prévoit des peines de détention criminelle pouvant aller jusqu'à dix ans[7],[8],[9]. Cinquante-trois militaires, syndicalistes et militants politiques sont incarcérés. À l'appel d'une centaine d'intellectuels et d'artistes de premier plan, un Comité national pour la libération des soldats et militants emprisonnés est constitué et organise des meetings et manifestations[10],[11]. Le dernier inculpé est libéré le [12]. Un non-lieu est prononcé le [13]. Le syndicalisme des soldats selon IDSDeux secrétaires nationaux de Information pour les droits du soldat expliquent ainsi leurs convictions :
— Patrick Le Tréhondat et Patrick Silberstein, « Demain, en France, un syndicat de soldats ? », Les Temps Modernes, no 435, , p. 691 Aux Pays-BasDes soldats néerlandais créent des comités qui manifestent dans les rues en uniforme, pour revendiquer, avec succès, de nouveaux droits et diffusent un petit bulletin[14]. Ils s'opposent à la professionnalisation de l'armée[15]. En 1981, un comité de soldats contre les armes nucléaires et l'OTAN (Komitee soldaten tegen kernwapens) manifeste et publie un journal[16],[17]. Article connexeNotes et références
Voir aussiBibliographie
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