Il nait à Ornans dans le Doubs. Son père Jean-Baptiste Tissot est maître-apothicaire, qui sera premier juré à la Faculté de Besançon en 1777[1], et sa mère s'appelle Catherine Moulinet[2]. Son père est le cousin de Samuel Auguste Tissot (1728-1797), médecin vaudois célèbre pour ses nombreux travaux, notamment ceux consacrés à l'onanisme, et ses études sur l'épilepsie.
Après des études classiques, il est, dès l'âge de 15 ans, « élève en Chirurgie à l'hôpital civil et militaire Saint Louis d'Ornans et succursale de deux hôpitaux militaires de Besançon pendant les années 1762-1763 et 1764[3]. »
Avant la révolution
Il fut admis comme sous-aide major[Note 1] le à 17 ans et est resté en fonction dans ce grade d'abord à l'hôpital militaire Saint-Jacques de Besançon jusqu'au [4], puis à l'hôpital des vénériens de la même garnison. Promu aide-major le , il reste peu de temps en fonction au même poste pour commencer ses études de médecine à la faculté de Besançon.
Il est reçu docteur en médecine en 1776 soit à Besançon[5], soit à Reims[3].
Entre-temps, il a été initié franc-maçon à Paris dans la loge militaireLa Candeur« au recrutement fort aristocratique », où il reçoit le grade de maître en avril 1775[5]. Il se retrouve aussi en 1777 sur le tableau de la loge Henri IV (anciennement Toul-Artillerie)[6].
En 1779, il présente à l'Académie de chirurgie un mémoire intitulé Du régime diététique dans la cure des maladies.
En 1780, il publie un livre intitulé « Gymnastique médicinale et chirurgicale » qu'il dédie « à son maître et ami MeLe Preux[7]. » Ce livre fera sa réputation et il sera rapidement traduit en plusieurs langues notamment en allemand[8] et en italien[9]. Ce livre sera suivi par Effets du sommeil et de la veille dans le traitement des maladies externes en 1781 et par De l'influence des passions de l'âme dans les maladies, et des moyens d'en corriger les mauvais effets en 1782. Ces travaux lui valent d’être nommé en 1785 correspondant de la Société royale de médecine[10].
Le célèbre cousin de son père, Tissot le recommande à Tronchin (1709-1781) « qui en fit son disciple, son secrétaire et le désigna ensuite comme médecin-adjoint de la maison d'Orléans, dont il eut le brevet en 1787[10]. »
En 1781, il est député au Grand Orient de France par la loge de sa ville natale (Ornans), la Constante Amitié puis député par la loge Saint-Louis saint-Philippe de la Gloire de Nancy. En 1783, il participe à la fondation de la loge militaire Maréchal de Saxe[11]« à l'Orient de Septimanie-Cavalerie »[Note 4] dont il deviendra le « Vénérable »[5]. Il est aussi député de la loge militaire La Parfaite Union« à l'Orient de Royal-Champagne-Cavalerie. »
Il est nommé ensuite par le roi chirurgien-major des 5e et 10edivisions militaires avec charge d'Inspecteur divisionnaire des hôpitaux d'Alsace et de Franche-Comté[12].
Le 4 pluviôse an IX (), il est chirurgien en chef de l'armée des Grisons, puis officier de santé supérieur, chirurgien en chef titulaire de l'hôpital militaire des eaux minérales d'Aix-la-Chapelle le 15 floréal an IX (), puis chirurgien principal du camp de Montreuil le 4 vendémiaire an XII () sous les ordres de Ney[Note 5] pour ensuite suivre la Grande Armée en Prusse et en Autriche où il est chirurgien en chef du 6e corps d'armée.
Du camp de Montreuil, il adresse plusieurs courriers à de Lacépède, grand chancelier de la Légion d'honneur pour « être admis dans la légion d'honneur » sans résultat bien que soutenu par Ney puis par Le Preux. Il se plaint aussi que Gilbert, moins ancien que lui, ait eu la Croix sans que lui-même puisse l'obtenir :
« Mon collègue Gilbert, médecin principal du camp, moins ancien que moi au service & porté avec moi sur la même liste, a reçu de vos bontés, Monseigneur, sa nomination d'admission à la légion d'honneur datée du 26 prairial[4]. »
Il est ensuite envoyé en mission en Souabe en 1806 pour régler des problèmes d'épidémie dans des camps de prisonniers autrichiens, mission dont il s'acquitte avec les « hautes marques de reconnaissance de l'archiduc Charles et le diplôme de membre honoraire de l'académie de médecine et de chirurgie de Vienne[5]. »
« Il n'y a point de caisses d'instruments à Thorn: M. Tissot s'en plaint avec raison. Ce chirurgien principal fait beaucoup de bruit; il dicte des lois, fait imprimer des dispositions réglementaires, affiche sur la porte des hôpitaux les devoirs des chirurgiens, se remue, s'agite, va vingt fois par jour chez les commissaires et a une peur terrible de retourner au 6e corps, où il n'a pas encore vu brûler une seule amorce. M. le principal Beauquet, dont le 7e corps a été supprimé, doit le remplacer et il ne sera pas aisé de mettre de côté le tenace Tissot. Ordre de retourner au grand quartier général; je laisse le service en chef à M. Beauquet, que j'installe dans mon logement; M. Tissot n'est pas content de cela[16]. »
Du au , il est nommé chirurgien en chef de l'armée d'Italie[Note 6] où il reçoit la Légion d'honneur par décret du . Puis à partir du , il retourne comme chirurgien major de l'hôpital militaire des eaux minérales d'Aix-la-Chapelle jusqu'au , date à laquelle il démissionne et fait valoir ses droits à la retraite à 62 ans.
« Le 6 août 1811, un Rédacteur du Ministère écrit : « On pense que le Sieur Tissot, malgré ses talents comme Chirurgien et comme Chef du Service de Santé aux Armées, était déplacé dans le poste de Chirurgien en Chef et que la décision qui l'a rappelé de l'Armée d'Italie était fortement motivée. On propose à son Excellence de ne pas acquiescer à la demande que fait Tissot d'une lettre qui prouve qu'il n'a pas cessé de mériter l'estime du Ministre ».
Le 5 septembre 1811, le Bureau des Invalides demande au Ministre de l'Administration de la Guerre, son avis sur les conduite et capacités de Tissot qui réclame le poste de Chirurgien en Chef adjoint des Invalides en remplacement d'Yvan promu Chirurgien-Chef. Un rapport aux attendus sévères conclut au rejet de cette demande[17]. »
La Restauration
Médecin avec une clientèle privée[17], Tissot se voit attribuer le titre de chevalier de la Légion d'honneur le alors qu'il est vice-président de la société de médecine pratique de Paris[4]. Il devient médecin consultant du Duc d'Orléans[18]. Il publie des Observations sur les causes des épidémies dans les hôpitaux militaires et des Recherches topographiques, insérées dans le 15e volume des Mémoires de médecine militaire, en décembre 1824[18].
Il passe ses derniers jours à animer des comités en faveur de l'érection d'un monument destiné à célébrer le souvenir de Perrin de Précy qui avait organisé la défense pendant le siège de Lyon contre l'armée de la Convention au moment où Tissot était lui-même chef du service de l'hôpital militaire de Lyon. Il s'occupe aussi du monument du général Pichegru, autre personnalité liée à la franc-maçonnerie française.
Tissot meurt à Paris le (à 78 ans).
Travaux
Gymnastique médicinale et chirurgicale : Essai sur l'utilité du mouvement, ou des différens Exercices du corps, & du repos sur la cure des Maladies, Chez Bastien, libraire, rue du Petit-Lion, près de la nouvelle Comédie Française, quartier du Luxembourg, Paris, , 1re éd., 406 p. (lire en ligne).
(de) Joseph Clément Tissot, Medicinische und chirurgische Gymnastik oder Versuch über den Nutzen der Bewegung oder der verschiedenen Leibesübungen, und der Ruhe bey Heilung der Krankheiten, Leipzig, Jacobäer und Sohn, .
(en) A translation of Joseph-Clément Tissot's Gymnastique médicinale et chirurgicale, by Elizabeth and Sidney Licht. With a facsimile of the original French and facsimilies of eighteenth-century translations into German, Italian and Swedish, New Haven, Licht, [1964].
Effets du sommeil et de la veille dans le traitement des maladies externes (1781).
De l'influence des passions de l'âme dans les maladies, et des moyens d'en corriger les mauvais effets (1782).
Observations générales sur l'administration des hôpitaux ambulans et sédentaires des armées de la République française, , 16 p. (lire en ligne).
Observations sur les causes de la mort des blessés par des armes à feu, dans la journée du 29 mai 1793, à Lyon par le citoyen Tissot, chirurgien-major de l'hôpital militaire de Lyon, J. Moronval, imprimeur-libraire, , 10 p. (lire en ligne).
Observations sur les causes des épidémies dans les hôpitaux militaires.
↑L'appellation major ou médecin-major, avec des déclinaisons de grade (major de première classe, de seconde classe, aide-major, sous-aide-major) désignait jusqu'en 1928 un médecin militaire.
↑Note du Ministère de la Guerre sur ses états de service : « Pour mémoire, la durée de ce service n'est pas justifiée. ».
↑Regroupant donc les francs-maçons du 4e régiment de chevau-légers.
↑Initié en 1801 à la loge "Saint Jean de Jérusalem" de Nancy et fondateur avec Tissot en 1807 de la loge La Candeur au 6e corps d'armée.
↑Par arrêté du 8 ventôse an X (), exécutoire le 22 mars, elle est mise sur le pied de paix et réduite à 25 000 hommes.
Références
↑Henri-Charles D'Artois, État de la médecine, chirurgie et pharmacie en Europe, et principalement en France pour l'année 1777 : dédié a Mgr. le comte D'Artois par une Société de Médecins, Place de Cambrai, Paris, chez la veuve Thiboust, imprimeur, , 1re éd., 634 p. (lire en ligne), p. 335.
↑ abc et dJean B., « Un médecin philanthrope - Le docteur Tissot », dans Les Lettres M., Imprimerie spéciale des Lettres M, 62 rue Nationale, Paris (13e), 3e année, n°8, juin 1954 (lire en ligne), p. 7.
↑Clément-Joseph Tissot, Gymnastique médicinale et chirurgicale : Essai sur l'utilité du mouvement, ou des différens Exercices du corps, & du repos sur la cure des Maladies, Chez Bastien, libraire, rue du Petit-Lion, près de la nouvelle Comédie Française, quartier du Luxembourg, Paris, , 1re éd., 406 p. (lire en ligne).
↑(de) Joseph Clément Tissot, Medicinische und chirurgische Gymnastik oder Versuch über den Nutzen der Bewegung oder der verschiedenen Leibesübungen, und der Ruhe bey Heilung der Krankheiten, Leipzig, Jacobäer und Sohn, .
↑(it) Clément-Joseph Tissot, Gymnastique médicinale et chirurgicale, Venise, presso Domenico Pompeati, (lire en ligne).
↑ a et bJoseph Fr. Michaud, Louis Gabriel Michaud, Biographie universelle, ancienne et moderne, ou, Histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs écrits, leurs actions, leurs talents, leurs vertus ou leurs crimes, vol. 46, Paris, L.G. Michaud, , 608 p. (lire en ligne), p. 135.
↑Biographie des hommes vivants, ou histoire, par ordre alphabéthique, de la vie publique de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs action oui leurs écrits, t. 5, Paris, Chez L.G. Michaud, , 558 p. (lire en ligne), p. 460.
↑ a et bFrançois-Xavier de Feller, Biographie universelle ou Dictionnaire historique, t. 5, Besançon et Paris, Outhenin-Chalandre Fils, , Nouvelle édition revue et continuée jusqu'en 1838 éd., 855 p. (lire en ligne), p. 644.
Pagella P., « A physician in search of glory: Joseph Clément Tissot (1747-1826) », Annali dell'Ospedale Maria Vittoria di Torino, vol. 20, nos 1-6, , p. 84-90 (PMID356699, résumé)modifier
Tissot, « précurseur de la rééducation fonctionnelle »
J. M. Wirotius, « Histoire de la rééducation », dans Encyclopédie médico-chirurgicale, Elsevier (Paris), , Kinésithérapie-Médecine physique-Réadaptation, 26-005-A-10, 1999, 25 p.
Tissot, « précurseur de la médecine psychosomatique »
(es) Alberto A. Campillo Marin, Raquel Casañ Rodriguez, Isabel Castelló Palacios, « Joseph Clément Tissot », sur fr.slideshare.net, (consulté le ).
(en) Zachary Cope, « A Translation of Joseph-Clément Tissot's Gymnastique Médicinale et Chirurgicale », Proceedings of the Royal Society of Medicine, vol. 58, no 10, , p. 842–843 (PMCID1898932, lire en ligne).