Pour les articles homonymes, voir Chryse et Argyre.
Chryse (ou Orille) et Argyre (ou Argire, ou Argyte) sont deux îles légendaires évoquées par plusieurs ouvrages de l'Antiquité et du Moyen Âge. Situées dans l'océan Indien, elles sont censées être faites d'or (chrysos en grec) et d'argent (argyros).
« Au-delà de l'embouchure de l'Indus se trouvent deux îles, Chryse et Argyre, qui fournissent une réserve de métaux si abondante que beaucoup d'écrivains prétendent que leurs sols sont constitués d'or et d'argent. »lire en ligne
« Près du promontoire Tamnos est l’île Chrysé; près du Gange, celle d’Argyré. Suivant une tradition ancienne, le sol de l’une est d’or, et celui de l’autre est d’argent: d’où l’on peut induire, ou que ces îles ont pris leur nom de la réalité de la chose, ou que le nom a donné naissance à la fable. »lire en ligne
— Pomponius Mela, De situ orbis libri, Livre III, chapitre VII.
« Mais auparavant il faut citer d'autres îles : Patalé, que nous avons dit être à l'embouchure même de l'Indus, de figure triangulaire, de 220.000 pas de large; hors de I'embouchure du fleuve, les îles de Chryse et d'Argyre, abondantes, je pense, en mines; car je suis peu disposé à croire ce que quelques-uns ont rapporté, que le sol en est d'or et d'argent; à 20.000 pas, l'île de Crocala; à 12.000, l'île de Bibaga, pleine d'huîtres et de coquillages ; puis, à 9.000 pas, Toralliba, et plusieurs autres sans nom. »lire en ligne
Toujours dans le livre VI, il parle aussi d'un promontoire Chryse, peut-être le même lieu que l'île de Chryse[1].
Périple de la mer Érythrée
Le Périple de la mer Érythrée, « périple » anonyme (généralement daté entre le Ier siècle et le IIIe siècle) décrit l'Inde. Il indique qu'en face du Gange se trouve la dernière contrée habitée de l'Orient, une île de l'océan, Chrysé. Il n'est pas de marché de la mer Érythrée qui fournisse d'aussi belle écaille de tortue. Les très grands vaisseaux qui font le voyage jusque-là sont appelés kolandia(en)[2].
Denys le Périégète
Denys le Périégète évoque l'île de Chrysea dans son Voyage autour du monde (IIe – IIIe siècle de notre ère). Il la localise dans l'océan après l'embouchure du Gange, près d'une île appelée Coliadis, qui elle-même avoisine Taprobane.
« India being summoned by the river Indus, which is enclosed on the western side. This, in the south as far as the stretches of the sea to the rising of the sun, and from the north even to the mountain of the Caucasus arrives at a, having a great nations, and the towns of, and the Isle Taprobanen also filled with precious stones, and the elephants, and Chrysa and the fruitful Argyren with gold and silver, the leaves of the trees Tilen also never talks about. »lire en ligne
— Isidore de Séville, Etymologiae, Livre XIV, 3., [5]
« I will at Chryse and the islands in the Indian Ocean, situated, so much so a fruitful abundance of the mines of gold, that most of them have silver and the surface of the writers', and so, and the words, were given. »lire en ligne
— Isidore de Séville, Etymologiae, Livre XIV, 6., [11]
En 1898, le cartographe allemand Konrad Miller(de) réalise une carte à partir de cette liste. Il place Chrisi et Argire à côté de Taprobane (Sri Lanka), dans la section II.
« Hors de Inde sont .ii. illes, Eride et Argite, ou il a si tres grant chose de metal que li plusor quident ke toute la terre soit or et argent. »lire en ligne
— Brunetto Latini dans son ouvrage (de), Li livres dou Tresor, Livre 1, Chapitre XXIII, 20.
« A côté de cette île (Taprobane), vers l'est, deux autres îles. Et l'on appelle celle-là Orille, et celle-là Argyte, dont toute la terre est mine d'or et d'argent. Et ces îles sont juste à l'endroit où la mer Rouge se sépare de la mer océane. Et dans ces îles, les hommes n'y voient pas d'étoiles aussi clairement qu'ailleurs. Car il n'y a pas d'étoiles, mais une seule étoile claire que les hommes appellent Canapos. Et il n'y a pas la lune vue dans toute la lunaison, sauf seulement le deuxième quartier. »lire en ligne
— Jean de Mandeville, Livre des merveilles du monde, Chapitre XXXIII
Martin Behaim
En 1492, le cartographe allemand Martin Behaim créa son globe Erdapfel, une des dernières représentations cartographiques du monde avant la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb. Il plaça ces îles près du Japon, peut-être parce que Le Livre de Marco Polo (1298) célébrait le Japon, qu'il appelle Cipangu, comme étant riche en or et en argent. En effet Behaim est connu pour avoir utilisé à la fois Pline et Marco Polo comme sources[4].
Selon une note d'une édition de l'Histoire naturelle, ces îles pourraient être identifiées, soit à la zone côtière birmane de Rakhine, soit avec la péninsule de Malacca[6].
↑Antonio Fontán y otros (1998). Plinio El Viejo. Historia Natural. Tomo II: Libros III-VI. Madrid: Editorial Gredos. p. 336, nota 288. (ISBN978-84-249-1901-6).