La chaîne du Bargy est un chaînon montagneux du massif des Bornes en Haute-Savoie. Au sens strict, la chaîne concerne l'extrémité septentrionale de l'alignement montagneux au-delà de la Tour, centrée sur le Grand et le Petit Bargy[2] ; cependant, les sommets plus au sud jusqu'au roc de Charmieux sont généralement inclus dans la chaîne, y compris la pointe Blanche qui devient alors son point culminant avec 2 438 mètres d'altitude.
Trois lacs de montagne se trouvent sous les sommets : le lac de Lessy sur l'ubac de l'aiguille Verte et du Buclon, le lac de Peyre sur l'adret de la pointe Blanche, de la pointe de Balafrasse et de la pointe du Midi et le lac Bénit sur l'ubac du Grand et du Petit Bargy.
Géologie
La chaîne du Bargy appartient aux nappes subalpines qui sont des fragments de la couverture sédimentaire mésozoïque du domaine delphino-helvétique et décollés de leur socle anté-triassique à l'Oligocène lors de l'orogenèse alpine. Les terrains affleurants se répartissent entre le Crétacé inférieur et l'Oligocène inférieur. Le Crétacé inférieur, constitué par les calcaires siliceux hauteriviens et les calcaires urgoniens[3] (Barrémien – Aptien), est prédominant tandis que les terrains les plus jeunes sont restreints à ses marges et régulièrement sous forme d'une fine bande. Ils dessinent un plianticlinal déjeté (ou pli en genoux) vers le nord. Le flanc SSE définit une grande pente structurale dominée par les calcaires urgoniens tandis que la moitié supérieure du flanc NNW du pli est tronquée par l'érosion. Les calcaires urgoniens ont par ailleurs été décapés du sommet si bien que les calcaires siliceux hauteriviens forment majoritairement le faîtage du Bargy. Enfin des placages glaciaires quaternaires subsistent sur les flancs de la chaine du Bargy et sont datés du « Dryas récent pour les plus bas en altitude, et au Préboréal pour les autres »[4].
La structure de la chaîne, ses moraines (dont la mieux conservée est visible dans la Combe sud-est du Jalouvre[4], éboulements supraglaciaires et névés sont marqués par les passages et évolutions des grands glaciers des trois dernières périodes glaciaires[4], dont les traces et vestiges sont plus nombreux sur le flanc nord qu'au sud, observables à partir de 1 250 m d'altitude.
La chaîne montagneuse est coupée transversalement par de grandes diaclases qui ont été à l'origine d'une érosion importante, mais aussi de la constitution d'un réseau karstique[4]. Localement, un pli en genou a craqué la carapace urgonien en mettant au jour les marneshauteriviennes[4],[5].
Trois arcs morainiques calcaires caractéristiques et emboîtés, latéraux et frontaux, sont présents sur la rive nord-ouest et nord du lac Bénit dont la forme est en partie artificielle, la moraine qui le ferme ayant été rehaussée sur environ deux mètres de hauteur en 1964 pour augmenter la superficie du lac et le volume d'eau retenue à la demande des pêcheurs et pour favoriser ce loisir. Un cône actif d'éboulis tend à combler la cuvette lacustre du cirque d'Encrenaz dont un tiers a déjà disparu sous les apports issus de l'érosion.
La combe de Biolland constitue une vallée parallèle à l'anticlinal du Bargy où s'écoule le torrent le Bronze aux pieds de plusieurs moraines témoignant de la présence ancienne d'un grand glacier, lui-même alimenté par plusieurs glaciers tributaires.
Le cirque de Cu Déri, au nord de la pointe du Midi et s'ouvrant vers le nord pourrait être glacio-karstique. Sa base située à 1 985 m tend à se combler par le biais des éboulements.
De grandes failles parallèles ou perpendiculaires à l'axe du pli ont fait descendre certains compartiments du massif par rapport à d'autres, lui donnant, côté sud-ouest, une structure « en escalier »[4].
Selon une légende locale citée par Favre en 1867[6] le lac Bénit serait issu d'un effondrement qui au XVIIIe siècle aurait englouti toute une forêt de sapins, ce qui parait hautement improbable à Sesiano[Qui ?] au vu de l'analyse géomorphologique de la chaîne montagneuse[4].
Environnement
Ce massif abrite un lac glaciaire, le lac Bénit, au pied du col d'Encrenaz orienté au nord et qui domine le lac de 700 m de hauteur pour sa partie la plus haute), un lac probablement glaciokarstique à écoulement souterrain (le lac de Lessy à 1 113 m)[7] et des habitats naturels montagneux riches en biodiversité notamment propice aux grands rapaces (ex : Gypaète barbu[8],[9]) ou aux bouquetins. Certains de ces bouquetins sont atteints par la brucellose, une maladie zoonotique qui cause chez le bouquetin une arthrite, parfois grave, avec aussi des lésions graves des organes génitaux rendant l'animal stérile. Ces derniers ont été source de vives polémiques, quand il a été décidé de les éradiquer au motif que certains individus malades peuvent parfois être infectieux pour des animaux d'élevages, et faciliter une transmission à l'homme.
La riche flore du massif du Bargy et des montagnes voisines a notamment été inventoriée par le botaniste Bourgeau, collecteur très actif au milieu du XIXe siècle[10].
Les avalanches et éboulements remodèlent périodiquement certaines pentes[11], favorisant l'entretien de communautés d'espèces pionnières ou capables de s'accrocher sur la roche et de résister au froid hivernal, autour du pin Cembro (Pinus cembra)[12] notamment.
Histoire
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↑Elżbieta Morycowa et Danielle Decrouez, « Description de quelques coraux des calcaires urgoniens de la chaîne du Bargy (domaine delphino-helvétique, massif des Bornes, France) », Revue de Paléobiologie, vol. 12, no 1, , p. 203-215.
↑ abcdef et gJean Sesiano et Alexandre Muller, « Quelques observations de géomorphologie glaciaire locale dans la chaîne du Bargy (Haute-Savoie) », Bulletin de la Société vaudoise des Sciences naturelles, vol. 78, no 2, , p. 145-157 (lire en ligne).
↑J., Heuret, A. Rouillon, « Première reproduction réussie de Gypaètes barbus Gypaetus barbatus issus de réintroduction dans les Alpes (Haute-Savoie, France): observations comportementales du couple et du jeune », Nos Oiseaux, 45, 1998, pages 199-207.