Caravan est composé en 1932 par Duke Ellington et Juan Tizol, tromboniste qui a permis à la section de trombone de l'orchestre d'Ellington de briller dans les années 1940 et 1950[1]. Le motif principal est de Tizol, et les deux musiciens ont complété le morceau ensemble[2],[3].
Le morceau atteint la quatrième place des charts en [3].
Première version d'Ellington
Le morceau acquiert la célébrité avec les versions enregistrées par l'orchestre de Duke Ellington. La première date du pour le label Master Records, un label d'Irving Mills[2],[3]. Les musiciens sont :
Cette version atteint la vingtième place des charts[3].
Après l'enregistrement, Juan Tizol vend immédiatement les droits liés au thème à Irving Mills pour la somme de 25 $, n'anticipant pas le succès à venir[5]. Ce dernier lui rend les droits dès que le thème devient un succès[5],[3].
La version enregistrée par Duke Ellington et son orchestre en 1937 a reçu le Grammy Hall of Fame Award en 2009[6].
Autres versions studios
Il existe plus de 350 versions enregistrées de Caravan par les différentes formations du Duke, dont une cinquantaine en studio. La plupart sont maintenant tombées dans le domaine public[7].
D'autres musiciens enregistrent des versions qui rencontrent le succès[3] :
1949 : Billy Eckstine avec l'orchestre d'Hugo Winterhalter atteint la 27e place
1953 : Ralph Marterie(en) atteint la 6e place, l'album se vent à plus d'un million d'exemplaires
La section A mélange une mélodie orientalisante avec les rythmes latinos apportés par Juan Tizol[1]. La mélodie est très chromatique et tourne autour de la dominanteDo, jouée sur un ostinato enchainant Do7 et Db°7, que l'on peut lire comme deux versions d'un même accord : Db°7 est identique à C7(b9) sans la fondamentale[8]. La mélodie descend ensuite chromatiquement vers la tonique[1],[2],[8].
L'harmonisation d'Ellington et Tizol est basée sur des accords épais suivant un mouvement parallèle. La sonorité, polytonale, est très moderne et très reconnaissable[1].
Le pont B apporte un contraste : l'écriture est basée sur des arpèges d'accords majeursseptième s'enchainant selon le cycle des quintes, comme dans de nombreux standards. De même, le rythme latin cède le pas au swing[1],[8].
Dans certaines versions, la dernière exposition du thème se termine par un gros accord strident et dissonant, qui reste sans résolution[1].
Paroles
Irving Mills, qui connait bien le morceau pour être le producteur de ses deux premières sessions d'enregistrement, écrit des paroles sur la mélodie. Il s'éloigne de l'exotisme pour raconter le voyage de deux amoureux sous les étoiles. Certains critiques reprochent aux paroles la pauvreté des rimes et les contradictions du texte (les étoiles brillent mais leur lumière s'estompe)[8].
Reprises
Ce thème est devenu un standard et a pris une nouvelle envergure dans les années 1960 et 1970.
1939 : Viktor Knushevitsky avec The State USSR Jazz Orchestra (sous le titre Караван, un arrangement très proche de celui de Duke Ellington en 1937)[9]
À signaler aussi une version à la guitare par Marcel Dadi, une autre par le Brian Setzer Orchestra, dans les années 1990, une à la basse par Avishai Cohen et une version fanfare par le groupe des Balkans Fanfare Ciocărlia. Il existe une version latine, Caravan Mambo par Tito Puente accompagné de son orchestre, laquelle inspira plus récemment une reprise par le Bobun Brass Band. En 1962, la chanson Le cinéma de Claude Nougaro, dont la musique est signée de Michel Legrand, reprend le thème de Caravan comme virgule musicale.
Cinéma
Une version de Caravan fait partie de la bande-son des films suivants :