CanzoniereLe Canzoniere (Chansonnier) ou Rerum vulgarium fragmenta (Fragments composés en langue vulgaire)[1] est un recueil de 366 poèmes composés en italien par Pétrarque et consacrés à son amour intemporel : Laure, que Pétrarque avait aperçue le 6 avril 1327, dans l'église Sainte-Claire à Avignon. Cette œuvre eut un retentissement phénoménal dans les siècles qui suivirent son élaboration et sa diffusion paneuropéenne, et son style laissera sa marque sur la poésie lyrique des générations suivantes sous la forme d'une esthétique du chant amoureux que l'on nomme « pétrarquisme »[2]. DescriptionPrésentationDe l'italien canzone (chanson), terme employé dès le XVe siècle pour désigner l'œuvre poétique de Pétrarque consacrée à Laure, cette œuvre est à la fois une auto-contemplation et une méditation autour de l'image de l'aimée, qui devient une figure idéale. Le Canzoniere se présente tantôt comme une élégie passionnée, tantôt comme une confession des états d'âme du poète. CompositionLe recueil, formé de 366 poèmes, est composé principalement de sonnets (317), les autres pièces se répartissant entre chansons (29), sextines (9), ballades (7) et madrigaux (4). On connait bien neuf éditions manuscrites de ce recueil, auquel Pétrarque travailla de sa jeunesse jusqu'à l'année de sa mort. Le codex Vaticano 3195 (1374) est, pour une partie, autographe de l'auteur. OrganisationLe Canzoniere laisse apparaître une division assez nette entre deux parties. Cette rupture est incarnée par la mort de Laure, l'inspiratrice de toute l'œuvre. La première partie est imprégnée par la douce évocation de Laure ; dans la seconde partie, Pétrarque, maintenant seul, rappelle dans un dialogue intérieur la défunte aimée à ses souvenirs. Pourtant, on ne doit pas interpréter le Canzoniere comme un journal poétique : il est difficile d'établir une chronologie exacte de la composition des divers poèmes, bien que ne manquent pas des textes avec indications sur l'époque de création[3]. La division entre les « Rime in vita » et les « Rime in morte » prit forme pendant la longue élaboration de l'œuvre, et parfois Pétrarque transporta une pièce de l'une à l'autre partie. Les poèmes sont souvent liés par des liens symboliques, ou thématiques, par opposition ou par ressemblance. ThématiquesL'amour est lié aux thèmes les plus profonds de Pétrarque : l'aspiration à la gloire, la méditation sur la caducité de la vie, la foi chrétienne souvent en conflit avec la recherche de joies terrestres. Bien que le thème de l'amour inspire toute l'œuvre, il n'est pas le seul présent. Les thèmes politiques, moraux et religieux transparaissent également et inspirent des poèmes qui ont eu beaucoup d'influence sur la poésie politique italienne, comme les chansons « Italia mia, benché 'l parlar sia indarno » (no. 128) ou « Spirto gentil, che quelle membra reggi » (no. 53). SymbolismeL'intention symbolique de ce recueil est confirmée par le nombre des poèmes : 365, un pour chaque jour de l'année, plus la dernière chanson, dédiée à la Vierge: « Vergine bella, che di sol vestita ». Ces 366 poèmes représentent aussi le nombre de jours d'une année bissextile puisque Laure est morte durant une année bissextile. TraductionsAnciennesDe très nombreuses traductions, partielles ou complètes, ont été produites depuis la diffusion du Canzoniere. En voici quelques-unes, classées en ordre chronologique :
RécentesParmi les dernières en date[4], on trouve encore les suivantes sur le marché :
Édition bilingue. Traduction partielle (24 sonnets) en vers.
Mises en musiqueLe Canzoniere a été mis en musique partiellement ou en totalité par bien des musiciens, à différentes époques, par exemple Guillaume Dufaÿ (Vergine bella, XVe siècle), Adrien Willaert (Musica nova, 1559), Cyprien de Rore (madrigaux), Roland de Lassus (Il Canzoniere di Messer Francesco Petrarca), Giovanni Pierluigi da Palestrina (madrigaux sur Chiare, fresche et dolci acque, 1558), Claudio Monteverdi, dans bien des madrigaux, dont Hor che'l ciel e la terra (Venise, 1638), Franz Liszt (dans ses Années de pèlerinage), et aujourd'hui Alexandros Markeas (They said Laura was somebody else, 2012), etc... Notes et références
Voir aussiBibliographie
Articles connexes
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