Bodo-ÉléazarBodo-Éléazar
Bodo ou Bodon, né en 814[1], est un diacre du palais et confesseur de Louis le Pieux, fils de Charlemagne, roi d'Aquitaine (781-814) puis empereur d’Occident (814-840). Après une vie dissolue à la cour, il s’illustra par sa spectaculaire conversion au judaïsme[2],[3] au début de 838, après avoir prétexté d’effectuer un pèlerinage à Rome, dans le sud de la France ou à Saragosse, trois sites étant suggérés par les savants[4]. Prudence de Troyes l’accuse en outre d’avoir vendu ses compagnons pèlerins en esclavage à des musulmans espagnols, à l’exception de l’un de ses neveux qui se serait converti comme lui[5]. En 839, il quitte le Royaume franc pour l’Espagne musulmane, prend le nom juif d’« Eléazar », se fait circoncire et se marie avec une Juive. Le Pseudo-Amolon de Lyon le décrit comme « le juif accompli par sa foi et son costume, barbu et marié (barbatus et conjugatus) et fréquentant quotidiennement la synagogue de Satan »[4]. Sa conversion, marquant le rejet de la culture carolingienne et de la foi chrétienne[6], se double bientôt d’un prosélytisme enflammé : en 840, Bodo, installé à Saragosse, incite le gouvernement maure et la population à persécuter les chrétiens espagnols et à les forcer à se convertir à l’islam ou au judaïsme. Selon Léon Poliakov, pour qui cette conversion prouve la haute estime dont jouissaient les Juifs dans la France carolingienne[7], c’est à la lumière de conversions éclatantes comme la sienne qu’il faut lire les lettres enflammées d’Agobard et Amolon. Correspondance avec AlvareEn 840, Bodo-Éléazar commence une disputatio épistolaire avec un intellectuel chrétien Paul Alvare[3], un chevalier disant être d’ascendance juive, à Cordoue, alors terre musulmane. Entre les deux convertis s’adressant réciproquement par la formule « mon frère aux idées faussées », débute un dialogue typique de la Convivencia où tous deux tentent de ramener l’autre à son ancienne foi[3]. Le dialogue s’effectue d’égal à égal, sans les préjugés en faveur de l’Église typique des disputationes judéo-chrétiennes qui se tiendront quelques siècles plus tard. Quelques-unes des lettres échangées ont pu être préservées. Les origines de la lettre suivante sont incertaines mais elle est attribuée à Bodo :
Références
Sources
Notes
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