BiointégrateurOn nomme « intégrateur biologique » une communauté d'espèces animales, végétales, fongiques (champignon, lichen) ou microbiennes[1] qui est étudiée pour évaluer la quantité de contaminants chimiques biodisponibles qu’elle a « intégré » dans son organisme (chair, foie, rein, branchies, coquille…), sur le lieu où elle a vécu durant le délai de l’expérience. Cette étude se fait dans le cadre de suivi d'un écosystème (utilisation d'indicateurs biologiques : présence ou absence d'un cortège d'espèces, abondance — recouvrement, biomasse —, diversité spécifique et indices écologiques[2]). Un « réseau d’intégrateurs biologique » rassemble une série d’installations comparables, basées sur l’intégration biologique ; il donne des indices sur la pollution de fond, chronique, y compris pour des contaminants présents à faible dose. PrincipesPour des raisons de fiabilité statistique, chaque expérience utilise préférentiellement de nombreux individus d’un échantillon homogène d’une même espèce (par exemple, une cage pleine de moules de la même espèce, du même âge, élevée au même endroit, et en bonne santé). L’espèce utilisée doit être résistante au contaminant, bioaccumulatrice et si possible fixée (ex : moule, bryophyte..). Son état de santé, âge et éventuellement certaines caractéristiques génétiques sont connus, de même que leur teneur en contaminant (« état-zéro ») au début de l’expérience. Elle doit être protégée d’éventuels prédateurs et du vandalisme. Les organismes vivants peuvent être étudiés en direct dans leur milieu naturel. C'est le cas des lichens fixés sur les écorces des arbres dont l'observation permet d'estimer certaines pollutions de l'air. Dans les milieux aquatiques les moules marines et d'eau douce au mode de vie très sédentaire en sont une bonne illustration. Le Mussel Watch Programme américain et plus récemment le réseau Rinbio sont de bons exemples de projet mobilisant ces espèces indicatrices de la qualité de l'eau. Les organismes vivants peuvent également être élevés ou cultivés, en laboratoire puis transplantés dans le milieu. C'est le cas par exemple du gammare, petit crustacé amphipode, espèce commune et présente dans la majorité des cours d'eau européens. Des tests réalisés sur des gammares encagés dans des cours d'eau contaminés aux pesticides et aux métaux lourds permettent de révéler la présence de contaminants indécelables par des techniques d’analyse chimique classique[3].Il en est de même pour l'utilisation de bioindicateurs végétaux, comme le tabac Bel-W3, particulièrement sensible à l'ozone. Des plants transplantés dans des endroits stratégiques de la Communauté Urbaine du Grand Nancy ont permis d'étudier et de réaliser la cartographie des différents niveaux d'ozone en juin, juillet et août 1996 [4]. Avantages/inconvénientsAvantages : Inconvénients : Il n'y a pas nécessairement de corrélation entre la teneur en métaux des sédiments et celle d'un animal fixé comme l'huitre ou la moule, qui peuvent être directement contaminées par les métaux dissous dans l'eau à l'état de trace. ExemplesProgramme européen Atmospheric heavy metal deposition in Europe – estimation based on moss analysisFondé sur des premières campagnes réalisées dans les années 1980 au Danemark et en Suède, le programme européen Atmospheric heavy metal deposition in Europe – estimation based on moss analysis est par la suite étendu à d’autres pays d’Europe. « La participation française à ce programme date de 1996, dans le cadre du dispositif BRAMM (Biosurveillance des retombées atmosphériques métalliques par les mousses), coordonné par le Muséum national d'histoire naturelle. Dans ce dispositif, les concentrations d’au moins 12 métaux sont évaluées sur plus de 450 sites répartis sur l’ensemble du territoire métropolitain[5] ». Le Réseau intégrateurs biologiques « Rinbio »En France, l’Agence de l’eau RMC pour son SDAGE a créé le réseau Rinbio[6] en utilisant la capacité bioaccumulatrice de moules ; 97 stations (212 mouillages au total) ont été implantées en 2000 en Méditerranée de l’Espagne à Menton, autour de la Corse, en mer et en lagune. 97 % des stations ont été récupérées pour être étudiées en 2001. Bioessais in situ de gammares déployés à l'échelle nationaleAvec le soutien de l’Office Français de la Biodiversité et des Agences de l’Eau, la biosurveillance active par le biais de l’utilisation de l’amphipode Gammarus fossarum a été développée pour répondre, entre autres, aux attentes et exigences de la directive cadre sur l’eau (DCE) en termes de suivi de la contamination chimique des cours d’eau continentaux. Elle permet aujourd’hui de qualifier le niveau de contamination biodisponible des cours d’eau pour de grandes familles de composés chimiques (métaux, hydrocarbures aromatiques polycycliques ou HAP, polychlorobiphényles ou PCB et plusieurs pesticides dont certains sont interdits depuis longtemps mais que l’on retrouve toujours : DDT , Lindane) et d’identifier quelles sont les substances les plus problématiques. Les premiers bioessais in situ qui permettent d’évaluer la toxicité des cours d’eau à une échelle nationale ont ensuite été transférés aux gestionnaires de l'eau dans les années 2010. Accompagnés de grilles d’interprétation pour les différentes réponses biologiques in situ, ces outils basés sur l’étude des effets en réponse à la contamination chimique sont aujourd’hui normalisés, déployés à l’échelle des réseaux DCE et permettent aux gestionnaires d’avancer dans l’identification des pressions toxiques qui s’exercent sur les écosystèmes aquatiques continentaux[7]. Notes
Voir aussiLiens externes(Ex de Réseau Intégrateurs Biologiques utilisés pour l’évaluation de la qualité des eaux basée sur l’utilisation de stations artificielles de moules en Méditerranée / Campagne 2000) |
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