Barthélemy de LaffemasBarthélemy de Laffemas Portrait de Barthélemy de Laffemas paru dans Remonstrances politiques sur l’abus des charlatans, pipeurs et enchanteurs en 1601.
Barthélemy de Laffemas, né à Beausemblant en 1545 et mort à Paris, peut-être en 1612[1], est un économiste français. BiographieDébutsIssu de la petite noblesse protestante, pauvre, il doit travailler : il fait son apprentissage à Saint-Vallier et devient tailleur. Il doit quitter le Dauphiné et aller en Navarre. Il rencontre Henri de Navarre, le futur Henri IV, à Agen qui le prend comme chaussetier de ses écuries, puis il devient, en 1566, tailleur-valet de chambre du roi de Navarre[2]. Puis, en 1576, il est « marchand en l'argenterie » et chargé de la fourniture de l'argenterie du même roi. Il s'initie probablement à ce moment au commerce des étoffes de luxe, des passements d'or et d'argent. En 1579, le roi doit à son fournisseur 483 491 livres. Il dut emprunter l'argent pour ses affaires qui n'étaient payées par le roi en assignats et rentes. Dans un mémoire, il écrivit qu'il leva « la boutique d'argenterie du roy, et emprunta pour cela plus de deux cents mille escus soit à Paris, Lyon, Tours, etc., et en 1601, il ne devait plus que mille cinq cents escus, ayant tout payé, mesme les intérêts, et ayant fait ces emprunts parce qu'il voulait satisfaire à son superbe entendement qu'il pensoit avoir ». Ces rentes n'ont pas été aussi bonnes et il fut poursuivi par ses créanciers et mis en prison pour dettes. Henri de Navarre, devenu roi de France, le sortit de ce mauvais pas. Il était aussi le fournisseur des étoffes de soie. Dans cette fonction il va s'apercevoir que les produits de luxe sont tous importés et que les achats conduisent à des sorties importantes d'or du royaume. Dès 1585, il avait réfléchi au moyen de ne plus dépendre de l'étranger. Ce passage en prison lui a probablement donné le temps d'y repenser. L’avènement du Béarnais sur le trône va le sortir de l'anonymat. Contrôleur général du commerceEn 1596, dans son Mémoire pour dresser les manufactures et ouvrages du royaume, il propose d’étendre les jurandes (corporations), et de développer les chambres de métiers, contrôlant les professions et formant des apprentis. Il conseille aussi de réduire les importations et de développer les manufactures royales, soutenues par l’État. Henri IV soutient en partie ce programme. Il se qualifie, en 1598, dans le privilège d'un livre, de valet de chambre ordinaire du roi. Laffemas a beaucoup écrit pour faire partager ses idées sur le commerce et les manufactures. Au moins quinze écrits entre 1598 et 1604. Ces écrits ont peut-être été nécessaires pour recevoir les appuis nécessaires auprès d'Henri IV pour équilibrer celles de Sully, plus intéressé par l'agriculture si on en croit ce que ce dernier a écrit dans ses Mémoires. Le , un projet d'édit sur le commerce est rédigé. Barthélemy de Laffemas, avec le concours du lieutenant civil, avait fait délibérer, de 1598 à 1600, les maîtres et gardes des métiers, les corps et communautés des marchands sur le projet d'édit qu'il avait rédigé. Ayant reçu une approbation, c'est à partir de ce texte que la commission royale va travailler. Les lettres patentes du et « commirent, départirent et ordonnèrent plusieurs conseillers du conseil d'Estat et privé, et autres grands et notables personnages, pour diligemment examiner les remonstrances et autres mémoires à nous présentés par nostre cher et bien amé Barthelemy de Laffemas ». En exécution de ces lettres patentes, « furent faites plusieurs assemblées, esquelles, après avoir ouy les principaux et mieux entendus au faict de la marchandise et des manufactures, les advis et délibérations furent réduitz en plusieurs articles au long examinez au conseil, et jugez et approuvez comme grandement utiles et nécessaires au bien du royaume et soulagement des subjects ». De nouvelles lettres patentes du ordonnent à la Commission « de s'assembler régulièrement pour vaquer à l'exécution des précédentes ordonnances, et procéser au reiglement requis par les corps et communautés des marchands, artz et mestiers, pour oster les grands désordres, abus et malversations qui se sont introduits depuis les troubles, comme pour la police des vivres et des denrées ». Il reçoit du roi, le , « l'estat de contrôleur général du commerce du royaume, le roy désirant recognoistre les longs services que ledit Laffemas depuis 40 ans ». Contrôleur général du commerce à partir de 1602, il prôna le mercantilisme et encouragea le développement du commerce et des manufactures, se distinguant en cela du ministre Sully, qui privilégiait l'agriculture. Il exerça une grande influence dans les domaines du travail, de l'économie et de l'organisation sociale et un rôle prépondérant dans l'histoire de la soie en Europe. La commission clôt ses assemblées le . Laffemas présente au roi le résumé des délibérations et qui fut connu sous le titre Recueil de ce qui se passe en assemblée du commerce. Le projet d'économie politique d'Henri IV fondé sur la propagation des plantations et de l'industrie soyeuse suivait les conseils de Barthélémy de Laffemas. Il fut aidé par l'agronome protestant Olivier de Serres, figure ardéchoise protestante et auteur d'un célèbre mémoire sur la Cueillette de la soie et François Traucat, jardinier natif de Nîmes, qui fut à l'origine du développement intensif du mûrier dans le Midi de la France et fit planter quatre millions de mûriers en Provence et en Languedoc[3]. En 1602, une décision royale demande à chaque paroisse du pays de posséder une pépinière de mûriers et une magnanerie. À Paris, la manufacture des Gobelins est créée et au Bois de Boulogne une magnanerie est construite entourée de 15 000 mûriers. C'est aussi l'époque où le premier canal de navigation fluviale est creusé, le canal de Briare, tandis que des capitaux hollandais sont mis à contribution pour assécher une partie du marais poitevin, en recourant aussi à des ingénieurs flamands réfugiés aux tout nouveaux Pays-Bas, première république protestante d'Europe. Pour le commerce intérieur, Barthélémy de Laffemas insiste sur la remise en état et le développement des routes et des ponts, des voies navigables, la création du service de la poste aux lettres. Pour le commerce extérieur, source de richesse, il pousse au commerce de transit et d’entrepôt, au commerce avec les Échelles du Levant, au commerce colonial avec la création de grandes compagnies des Indes orientales et occidentales. Avec la fin de la Commission royale, en 1604, la mise en œuvre des projets de manufactures va aussi s'arrêter, à l'image de celle qui devait se construire au nord de la place Royale, à Paris. En 1608, Barthélemy de Laffemas se plaint dans un traité de ce qu'on n'ait pas suivi ses conseils. Le développement des manufactures de soie s'est arrêté et la France a repris ses importations. À sa mort, Laffemas est ruiné et son fils, Isaac de Laffemas (1583-1657), recueille l'héritage paternel sous bénéfice d'inventaire. NoblesseDans le contrat de mariage de son fils, passé le , Barthélmy est qualifié de noble. On ne sait pas comment Barthélemy devint noble, car on ne sait si son père, Isaac, l'était. En 1598, il écrit dans le texte du privilège du roi, «Barthélemy de Laffemas dit Beausemblant, et varlet de chambre du roy». En 1601, il écrit, « natif de Beausemblant en Dauphiné », et en 1602, « sieur de Bauthor, et contrôleur général du commerce de France ». Comptant parmi les domestiques du roi, d'un superbe entendement et l'usage qu'il en fit pour l'utilité publique, ont dû attirer la confiance du roi. L'anoblissement de Barthélemy a dû être acquis en récompense de ses services. PublicationsCe qui étonne de Laffemas, c'est le nombre important de notices qu'il a jugé utile de faire publier pour la connaissance de ses idées sur le commerce comme moyen d'enrichissement du royaume.
Notes et références
Voir aussiLiens externes
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