Aurélien Pradié, né de parents gérants d'une petite entreprise du secteur agroalimentaire[1] de négoce de noix[2], a un frère boulanger[2]. À la suite d'un accident vasculaire cérébral (AVC), son père devient paraplégique. Aurélien Pradié déclare que cette épreuve « a forgé [s]on engagement », notamment sur les questions liées à la pauvreté et au handicap[3]. À la suite de cet accident et de la baisse substantielle de revenus qui en découle, sa famille est contrainte de déménager[4].
Lors des élections cantonales de 2008, il est élu au premier tour de scrutin sur le canton de Labastide-Murat, devenant le 2e plus jeune conseiller général de France derrière Jean Sarkozy[10] en battant Lucien-Georges Foissac, son ancien instituteur[1]. Sa campagne, menée au guidon de sa mobylette, est atypique[11].
Il est nommé par Marie Guévenoux, la dirigeante nationale des jeunes UMP, responsable de l'organisation dans le Lot[4]. En 2011, Xavier Bertrand, ministre du Travail, lui confie une mission sur l'emploi des jeunes[12].
En 2012, il est candidat à 26 ans de la 1re circonscription du Lot pour l'UMP. Avec 40 % des voix au second tour, il est battu par la députée sortante Dominique Orliac (PRG). Ses comptes de campagne sont rejetés par le Conseil constitutionnel, ce qui lui vaudra une inéligibilité pour un an[13],[14], information qu'un internaute s'ingénie à masquer sur sa page Wikipédia à l'approche des élections régionales de 2021[15].
Lors du redécoupage électoral qui précède les élections départementales de 2015, l'ancien canton de Labastide-Murat est coupé en deux et Labastide-Murat est fondue dans le grand canton de Causse et Vallées qui regroupe 47 communes. Aurélien Pradié dénonce alors un redécoupage pour le faire battre et renonce à briguer un nouveau mandat. En revanche, cette même année, il est élu conseiller régional d'Occitanie[19] ; il siège à la commission Emploi, Formation professionnelle et Apprentissage[20], ainsi que la commission Agriculture et Appel d'offres. Il est alors tête de liste dans le département et enregistre un des scores les plus élevés de la région Occitanie[réf. nécessaire].
Le , conformément à la loi sur le cumul des mandats, Aurélien Pradié démissionne de ses mandats de maire, président de communauté de communes et de conseiller régional[21]. Il reste cependant conseiller municipal et conseiller communautaire.
Député de la 1re circonscription du Lot depuis 2017
Élection
En juin 2016, il est investi par Les Républicains dans la première circonscription du Lot pour les élections législatives de 2017[22]. Au soir du premier tour, avec 24 % des voix, il est devancé par Sébastien Maurel (28 %) de La République en marche et donné battu au second tour. Mais il crée finalement la surprise en étant élu député avec 51,3 % des voix[23],[1]. Il creuse en particulier l'écart dans les zones rurales du département. Il devient un des plus jeunes députés de l'histoire du Lot et crée une nouvelle fois la surprise dans cette terre historiquement ancrée à gauche[24],[2].
Bien qu'affrontant au premier tour la majorité présidentielle lors des élections législatives de 2024, il est réélu avec 53,78% des voix dans une triangulaire face au RN et à LFI[30].
Travaux sur le handicap
En octobre 2018, il défend à l'Assemblée nationale une proposition de loi en faveur de l'inclusion des enfants et adolescents en situation de handicap au sein de l'école publique. Prévoyant également de donner un véritable statut et une meilleure rémunération pour les accompagnants de ces élèves, sa proposition de loi est soutenue par l'ensemble des groupes politiques. Elle est rejetée par le groupe La République en marche[31],[32]. Le journal Les Échos indique qu'il « n'est parvenu à se faire entendre, sur sa proposition de loi […], qu'à la faveur d'un coup de gueule de l'insoumis François Ruffin contre le « sectarisme » de la majorité, qui venait de rejeter le texte à l'automne »[33].
En décembre 2018, Aurélien Pradié est désigné par la commission des Lois de l'Assemblée nationale pour conduire une mission parlementaire sur les droits fondamentaux des majeurs protégés en situation de handicap (tutelles, curatelles) aux côtés de la députée de l’Isère Caroline Abadie[34].
Proposition de loi contre les violences familiales
Le , le député Aurélien Pradié dépose sa proposition de loi nommée « Agir contre les violences au sein de la famille ». Durant le mois de septembre, il auditionne des magistrats, femmes victimes, collectifs, associations, personnalités et acteurs de terrain[35]. Le 10 octobre, dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale, il fait le décompte des femmes tuées par leurs conjoints ou ex-conjoints au cours de l’année 2019. Son texte est soutenu par l’ensemble des groupes parlementaires et par le Gouvernement[36].
Après avoir été adoptée par l’Assemblée nationale le [37], la proposition de loi d'Aurélien Pradié est définitivement votée par le Sénat le . Après dix heures de débats, tous les articles de la proposition de loi visant à agir contre les violences conjugales ont été adoptés à l’unanimité au Parlement. Une étape marquante dans la protection des femmes victimes de violences puisque cette loi porte notamment la généralisation du bracelet anti-rapprochement pour les auteurs de violences, la réduction forte du délai pour délivrer une ordonnance de protection, l’amélioration de l’accès au téléphone grave danger, ou encore la suspension de plein droit de l’exercice de l’autorité parentale pour les conjoints condamnés pour un crime à l’égard de l’autre parent[38]. Le , le Président de la République promulgue la loi dans sa totalité[39].
Tête de liste aux élections régionales en Occitanie en 2021
Le , il est investi par LR comme chef de file aux élections régionales en Occitanie[43]. Il conduit la liste Du courage pour l'Occitanie, coalition de la droite et du centre. À l'issue du 1er tour, il arrive en 3e position derrière la présidente socialiste sortante Carole Delga et la liste du RN. Il obtient un score de 12,19 %, ce qui fait de lui le candidat de la droite avec le plus mauvais score de métropole. Au second tour, il obtient 18,22 % des voix et 21 sièges au conseil régional d'Occitanie.
Réputé « intransigeant », il est controversé au sein du groupe LR du conseil régional, qu'il préside, et qui finit par se scinder en deux. Il se voit également reprocher de multiples absences injustifiées, notamment en commission[4].
Dans les semaines précédant l'élimination de Valérie Pécresse au premier tour, il incite le Président des Républicains, Christian Jacob à faire en sorte que le parti appelle à voter cette fois clairement pour le chef de l’État, Emmanuel Macron[45]. Quelques jours après le second tour, Aurélien Pradié indique : « J'ai mis le bulletin Macron »[45].
Candidature à la présidence du parti Les Républicains en 2022
Il lance durant l'été 2022 sa « précampagne » avant l’élection du président des Républicains prévue en décembre lors du congrès des Républicains de 2022, sans toutefois encore officialiser sa candidature[46].
En septembre 2022, il se porte candidat au congrès des Républicains pour succéder à Christian Jacob à la tête du parti[47],[48]. Au cours de cette campagne, il défend l'idée de renouvellement des générations et des idées[49] et appelle à ce que son parti, qu'il qualifie « d'EHPAD », se préoccupe davantage des questions économiques et sociales que d’immigration et d'islam[50]. La presse relève toutefois qu'il s'est fait de nombreux ennemis auprès des cadres de son parti, dont beaucoup le décrivent comme « individualiste », « brutal » ou « arrogant »[51],[52]. Affrontant Bruno Retailleau et Éric Ciotti, il est éliminé du second tour avec 22,29 % des suffrages. Son score est présenté comme « une percée » par Les Échos et comme « une performance notable » pour Libération qui relève qu'il était « peu connu des militants » et « l’outsider de ce scrutin »[53],[54]. Éliminé au premier tour, Aurélien Pradié ne donne aucune consigne de vote pour le second tour entre Éric Ciotti et Bruno Retailleau, laissant les « adhérents libres de leur choix »[55],[56].
Vice-président des Républicains pendant la réforme des retraites
Le , il est nommé en compagnie de François-Xavier Bellamy, au poste de vice-président des Républicains, par le nouveau président Éric Ciotti[57]. Lors de la présentation du projet de réforme des retraites, il devient le « M. Carrières longues » des débats[58], réclamant que personne n’ait à cotiser plus de 43 ans pour partir à taux plein[58], au nom d'une droite sociale, qui « parle à la France qui travaille ». Le 18 février 2023, en pleine discussion sur cette réforme des retraites, contestée par les huit premiers syndicats dans la rue, Éric Ciotti le démet de ses fonctions, jugeant que ses « prises de position répétées » ne sont « plus conformes avec les valeurs » du parti[59],[60]. Il répond en s'inquiétant que son parti se soit « coupé des catégories populaires » en semblant divisé sur la question[58].
Bruno Retailleau, ex-lieutenant de François Fillon, avec qui ses « relations sont glaciales »[58], approuve cette éviction, en dénonçant une « dérive socialisante »[58], mais sept membres de l'équipe dirigeante des LR écrivent à Éric Ciotti pour lui reprocher la destitution d'Aurélien Pradié et demandent une rencontre, sans laquelle ils « ne participeront plus aux réunions » au siège[61].
Il annonce, le 26 juin 2024, qu'il n’est pas candidat sous l'étiquette Les Républicains, à quatre jours des élections législatives anticipées de 2024, dans un entretien à La Dépêche du Midi[64]. Après avoir été « l’un des plus sévères » avec Éric Ciotti[65], qui, selon lui, aurait « trahi la droite »[65], il estime qu'il faut « le sortir de force du bureau du général de Gaulle »[65] ; il déplore que le nom des Républicains soit « rincé et abîmé », par celui qui a été lors de la réforme des retraites de 2023, « la béquille du macronisme »[65]. Il se présente finalement sous l'étiquette de son micro-parti « Du courage », déjà créé en 2021 lors des élections régionales. « Nous sommes trente candidats, dont dix sortants, en France à ne pas se rattacher à LR présidé par Éric Ciotti » mais à ce parti qui est « une graine pour la suite », déclare-t-il. Le député LR Pierre-Henri Dumont le soutient dans cette prise de position[65],[66].
Orientation politique
Droite sociale
Proche de Xavier Bertrand[67],[68],[69], Aurélien Pradié revendique son appartenance à l'aile sociale des Républicains[70], en s'engageant en particulier sur des thématiques sociales comme la pauvreté, le handicap ou les violences faites aux femmes. Il revendique souvent son attachement aux figures et à la pensée politique de Georges Pompidou et de Jacques Chirac[71]. Selon lui, la droite républicaine doit se préoccuper autant des questions sociales, issues de l'héritage gaulliste, que des questions régaliennes[72].
Propositions et prises de position
Engagé sur la question de la pauvreté, il estime en janvier 2021 que « l'accès à l'alimentation est la première urgence » et propose plusieurs mesures d'urgence : un plan chiffré à 11 milliards d'euros comprenant la distribution de chèques alimentaires d'un montant de 450 euros par trimestre aux 6,6 millions de bénéficiaires de l'allocation logement[73], le renforcement de l'amende contre les distributeurs qui détruisent de la nourriture ou encore la limitation des frais bancaires[74]. Il évoque régulièrement le sujet de l'ascenseur social : « Pour moi, le premier sujet, c'est l'ascenseur social, ce qui passe par une vraie révolution de l'école afin de casser la reproduction sociale »[75].
Il défend la création d'un « revenu vital », un revenu universel fixé à 715 euros (soit 40 % du revenu médian), remplaçant la plupart des aides sociales existantes[76], une proposition rejetée par Christian Jacob, le président des Républicains[77]. Inspiré par la pensée sociale du Général de Gaulle, il plaide également pour le développement de l'intéressement et de la participation dans le monde de l'entreprise[78]. Il défend également la semaine de quatre jours soutenue par la Confédération générale du travail (CGT)[4].
Il interroge la responsabilité du libéralisme économique dans la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 en 2020 : « On n’évitera pas d’interroger le libéralisme, c’est une évidence […]. La question fondamentale est là : l’idée que l’argent serait la seule échelle de valeur et que l’État n’a plus aucun rôle à jouer »[79].
Au sujet de la mise en œuvre de la laïcité, il est parfois en faveur de l'interdiction du port du voile religieux dans tout l’espace public, mais parfois pour « défendre les femmes qui veulent porter le voile dans l’espace public » ; il se prononce aussi pour le port de l'uniforme par les élèves du secondaire et de l'université[83] avant de faire machine arrière en proposant que les universités aient simplement la liberté de fixer des « tenues (…) pas des uniformes, mais un vêtement d’appartenance [par exemple] un polo [porté par tous les élèves] lors des examens »[84]. Il assure ensuite ne pas avoir « prononcé le mot » d’uniforme à l’université[85].
Il fréquente régulièrement le club d'influence Le Siècle où se côtoient des figures de la politique et des affaires[4].
Condamnation et controverses
Inéligibilité
En 2013, Le Conseil constitutionnel déclare Aurelien Pradié inéligible pour une période d'un an. Le Conseil constitutionnel estime dans son jugement du que l'apport personnel s'est révélé fictif, ce qui a eu pour conséquence une présentation du compte de campagne en déficit concernant les élections législatives de [86],[87].
Accusations d'homophobie
Lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale en 2022, Pradié commente une intervention de la député Sandrine Rousseau sur la variole du singe — une maladie qui suscite « la honte » chez les homosexuels qui en sont atteints — avec la remarque : « c'est surtout une honte pour les singes »[88]. Cette remarque retranscrite dans le compte rendu de la séance, est démentie par Pradié, qui déclare ne jamais l'avoir dite[89]. Rousseau dépose un recours à l'assemblée « au titre de l’homophobie manifeste de cette remarque »[88]. RTL indique qu'une source de la station de radio « présente au moment des débats, confirme la sortie telle que rapportée »[90]. France Info parle de polémique en précisant qu'une immunité parlementaire protège Pradié de poursuites judiciaires[91].
↑Il propose lors du débat entre candidats à la présidence de LR « que désormais, tous les élèves portent la même tenue vestimentaire (…) Oui, c’est l’uniforme. [relance du journaliste: «L’uniforme à l’université ?»] Y compris à l’université. Je n’ai aucun problème avec ça».
↑« Port de l’uniforme « y compris à l’université » : Aurélien Pradié revient sur sa proposition », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
↑ a et bVariole du singe : le député Aurélien Pradié accusé d’avoir tenu des propos homophobes à l’Assemblée, Sandrine Rousseau réclame une sanction, (lire en ligne).
↑Nicolas Scheffer, Aurélien Pradié (LR) nie en bloc sa sortie homophobe à l'Assemblée nationale, (lire en ligne).