Fils d'un marchand passementier[2], il fait ses études au collège de Poitiers, puis devient précepteur de François-Henri d'Étampes, comte de Valançay, capitaine des gardes de Monsieur, tué à la bataille de Höchstädt en 1704. Devenu protégé du duc d'Aumont, qui le fait secrétaire de la province du Boulonnais[2], il entre en 1706 à l'Académie royale des inscriptions et médailles, à laquelle il contribue plusieurs dissertations et dont il devient membre associé en 1712. De à , puis de janvier à , il devient rédacteur du Nouveau Mercure, qu'il dirige avec Jean-Aimar Piganiol de La Force[3]. L'année suivante, alors que l'on s'apprête à signer le traité d'Utrecht et que le duc d'Aumont est envoyé en Angleterre pour complimenter la reine Anne, Nadal l'accompagne en qualité de secrétaire d'ambassade. En 1716, il reçoit l'abbaye de Doudeauville en récompense de ses services.
Sa première tragédie, Saül, avait obtenu un certain succès, après quoi toutes ses pièces, dont le style était jugé « louche et embarrassé, quelquefois ampoulé[4] », tombèrent les unes après les autres. Voltaire, dont la Mariamne était tombée à la première représentation en , assista en avril à la Mariamne de Nadal, qui tomba à son tour sous les cris du parterre[5]. Nadal accusa aussitôt Nicolas-Claude Thieriot, ami de Voltaire, d'avoir monté une cabale contre lui. Empruntant pour l'occasion le nom de Thieriot, Voltaire répliqua par une missive cinglante :
« Tout le monde admire, monsieur l'abbé, la grandeur de votre ouvrage, qui ne peut être ébranlé par les injustes sifflets dont la cabale du public nous opprime depuis quarante ans. Pour châtier ce public séditieux, vous avez en même temps fait jouer votre Mariamne, et fait débiter votre livre des Vestales : pour dernier trait vous faites imprimer votre tragédie.[...] Vous accusez M. de Voltaire d'avoir fait tomber votre tragédie par une brigue horrible et scandaleuse. Tout le monde est de votre avis, monsieur ; personne n'ignore que M. de Voltaire a séduit l'esprit de tout Paris pour vous faire bafouer à la première représentation, et pour empêcher le public de revenir à la seconde. C'est par ses menées et par ses intrigues qu'on entend dire si scandaleusement que vous êtes le plus mauvais versificateur du siècle, et le plus ennuyeux écrivain. C'est lui qui a fait berner vos Vestales, vos Machabées, votre Saül et votre Hérode : il faut avouer que M. de Voltaire est un bien méchant homme, et que vous avez raison de le comparer à Néron, comme vous le faites si à propos dans votre belle préface[6]. »
Après plusieurs vaines tentatives de contre-attaque, qui se terminèrent par une mauvaise satire de Zaïre en 1732, Nadal se retira dans sa ville natale où il continua encore à écrire avant de mourir à l'âge de 82 ans.
↑ a et bFerdinand Hoefer, Nouvelle biographie générale, Paris : Firmin Didot, vol. XXXVII, 1863, p. 110-111.
↑Camille Dreyfus, La Grande Encyclopédie, Paris : H. Lamirault, 1885-1902, t. 24, p. 700. Il s'agit du Nouveau Mercure, dédié à son Altesse sérénissime Monseigneur le prince de Dombes, dont huit tomes furent publiés à Trévoux entre 1708 et 1711.
↑Pierre Barral, Dictionnaire historique, littéraire, et critique, Avignon, t. IV, 1759, p. 592.
↑Cet épisode est raconté en détail par Gustave Desnoiresterres dans son Voltaire et la société française au XVIIIe siècle, Paris : Didier, p. 316-320.
↑Œuvres complètes de Voltaire, Paris : Librairie Hachette, t. XXIII, 1890, p. 9.
Source biographique
Antoine de Léris, Dictionnaire portatif historique et littéraire des théâtres, Paris : C. A. Jombert, 1863, p. 643