Auguste Chirac (écrivain)Auguste Chirac
Auguste Édouard Marie Victor Anaclet Chirac, né le à Marseille et mort le à Viroflay dans les Yvelines[1], est un journaliste, écrivain, pamphlétaire, auteur dramatique, romancier, socialiste et antisémite. Auguste Chirac ne doit pas être confondu avec son homonyme Auguste Chirac (1806-1884), général belge d'origine française, et non plus avec son contemporain Frédéric de Chirac (mort en 1905), fondateur du Théâtre réaliste, mélange de grand guignol et d'érotisme. BiographieAuguste Chirac naît fils unique, à Marseille, dans une famille aristocratique ultra-catholique, composé de son père Joseph Chirac, administrateur général des Caisses d’épargne des Bouche-du-Rhône et de sa mère Louise Cornu-Lamonta. Il commence ses études avec un précepteur ecclésiastique, celui-ci le conduisant au lycée de Marseille tout les jours et lui servant de répétiteur. D’abord destiné à devenir prêtre par ses parents[2], Chirac se désintéresse vite de ses études et se met à écrire des poèmes, des chansons et des pièces de théâtre[3]. Ses parents désespérés l’introduisent assez tôt dans les journaux catholiques mais Chirac encore une fois ne s’y intéresse pas et se trouve une passion pour la finance (notamment en lisant les chroniques journalistiques). Il est envoyé, comme pensionnaire, aux Jésuites d’Avignon, où il reste deux ans mais pour des raisons de santé, il est ramené à Marseille pour suivre les cours du Collège catholique, dirigés par des prêtres séculiers. Une fois ses examens passés, il est placé dans l’administration des lignes télégraphiques pendant qu’il réalise son droit, qu’il commence à Aix-en-Provence. Il quitte l’administration télégraphique pour aller étudier à la faculté de Paris[4]. Il arrive en 1860 dans la capitale et, recommandé par Jules Mirès, il fait ses débuts dans "La Presse" par un article intitulé "Enquête sur les traités de commerce de 1860" et celui-ci est si bien reçu que on lui confie le feuilleton financier du journal. Entre temps, il collabore à "L’Exposition universelle illustrée" de Francois Ducuing, et publie les « Lettres d’un Marseillais sur l’Exposition universelle de 1867 »[5]. C’est aussi à ce moment que, après avoir collaboré au "Monde artiste (littérature, théâtre, beaux-arts)", il est mis en contacte avec la société des Arts Industriels. Chirac s’intéresse à cette société et en rédige son bulletin mensuel. Il inaugure en 1864, la première exposition indépendante d’Arts industriels, improvisée en trente-trois jours, qui pose les bases du futur Musée d’art industriel. L’exposition a un énorme succès et toute la Cour Impériale vient s’y promener[4]. Pour son travail, Chirac devait recevoir la Légion d’honneur mais refusa de se conformer au principe selon lequel il fallait la demander à l’empereur et se résigna. En 1871, Chirac se présente aux élections législatives des Bouches-du-Rhône sur une liste Républicaine modérée[6], lance le journal à 5 centimes "La Constitution Républicaine"[7], mais n’arrive pas à se faire élire. En 1872, il s’endette à cause de sa pièce de théâtre "N’éveillez pas ma famille". Poursuivi par les créanciers, Chirac doit vendre sa maison familiale et quitte le monde du théâtre. Il se replie alors sur sa carrière de journaliste en collaborant à de nombreux titres comme dans "Le Centre gauche" et "La Presse" où il s’occupe notamment des questions économiques et financières. A partir de 1876, Chirac entame une campagne de publications à caractère antisémite. En effet, il publie les livres "La haute banque et les révolutions" ainsi que "Les mystères du Crédit: Le crédit foncier de la France" où il s'attaque à "la banque juive" et aux agioteurs. Pour ces deux publications, Chirac est poursuivis en justice. En 1879, il poursuit son activité de journaliste dans deux feuilles de finances et dans "Le Don Fabrice", "L’Estafette", "L’Écho", "Le Bien Public", ect. Il se présente comme candidat aux élections sénatoriales du 5 janvier 1879 mais n’est pas élu[8]. En 1883, il crée à Montidier (Somme), avec l’abbé Chabauty, un hebdomadaire éphémère dont le titre est: "L'Anti-Sémitique". Il porte en sous-titre: "Le Juif, voilà l’ennemi !!!" et est le premier organe en France à avoir pour unique ligne éditoriale le combat contre les juifs[9]. La même année, il publie le premier tome du livre antisémite "Les Rois de la République : Histoire des juiveries" dont le deuxième tome paraît en 1885. Ce livre donne à Chirac, dès sa sortie, une grande notoriété (ce livre est souvent considéré comme le précurseur de La France juive de Edouard Drumont) et beaucoup de sympathie de la part des milieux socialistes. Il est en effet, dès la publication du deuxième tome, approché par Benoît Malon, fondateur de la "Revue socialiste", qui voit en lui un continuateurs fidèle de Pierre-Joseph Proudhon et Georges Duchêne, dénonçant comme eux, les « monopoleurs et les accapareurs financiers ». Il lui propose de rejoindre la rédaction dans une lettre écrite le 29 mai 1885 :
Chirac accepte et entame la rédaction d'articles sur l’économie, la spéculation, la finance, le crédit foncier et la religion chrétienne[11]. Il entre à la même époque au journal "Le Ralliement" et publie, en 1886, le livre "La prochaine révolution: Code socialiste" et en 1887 "Les pots de vin parlementaire". Jouissant d'une grande popularité grâce à ses multiples publications, Chirac en viens à collaborer à de plus en plus de journaux comme au "Cri du Peuple", dirigé par Séverine, à "La Voix du Peuple", avec Jules Guesde, Gabriel Deville, Eugène Fournière, Emile Massard, ect., à "L'Égalité" avec Édouard Vaillant et Ernest Granger, sans compter à "L’Action", "L’Attaque", "La Grande Encyclopédie", et des revues comme "L’Idée nouvelle"[12]. En 1888, Chirac se voir retirer la garde de ses enfants par le Tribunal civil de Marseille car celui-ci ayant estimé que "depuis de nombreuses années, le sieur Auguste Chirac, que sa position pécuniaire et son genre de vie mettaient hors d’état d’entretenir et d’élever une partie de sa famille". Par la suite, Chirac, qui habite effectivement en banlieue parisienne, souhaite récupérer la garde malgré sa vieillesse, mais sa fille Marie-Louise, arrivée à ses seize ans, réitère le refus strict et formel d’habiter chez son père en raison de sa mère qu’elle ne semble pas aimer et en raison de conversations personnelles qu’elle aurait eu deux ans auparavant avec son père. Ces "conversations" se révèlent être des actes d’incestes de la part de Chirac envers sa fille, celui-ci ayant déclaré, selon le témoignage de Marie-Louise, que « elle lui appartenait de corps et d’âme, qu’il avait tout droit sur elle. Elle rapporte des faits d’agression sexuelle de la part de son père et écrit dans une lettre adressée à la cour de justice : "Il vaudrait mieux que je meure plutôt que de tomber entre ses mains."[13] Va alors se déclencher une campagne de presse dans laquelle Chirac va perdre une partie de son prestige. Eugène Fournière, rédacteur avec Chirac à la "Revue Socialiste", défends son ami en accusant les jésuites d’être les responsables de l’affaire et Marie-Louise Chirac de souffrir d’hystérie. Il écrit ainsi que « Chirac est la victime du jésuitisme et de l’hystérie combinés »[14]. En définitive, Chirac perd la garde de ses 3 enfants mineurs qui sont confiés à son père Joseph Chirac. La même année, Chirac publie les deux tomes du livre "Les brigandages historiques : L’agiotage sous la Troisième République". En 1889, la "Ligue socialiste révolutionnaire" investie Chirac comme candidat socialiste de la première circonscription du XIe arrondissement de Paris. Finalement, il ne recueille que une dizaine de voix et se désiste en faveur de Jean Allemane. Il est également l'acteur central de "L'affaire Numa Gilly" (député-maire de Nîmes) dans laquelle sont impliqués plusieurs personnes comme Élie Peyron et Albert Savine. Il apparaît, en effet, comme l’auteur véritable de « Mes dossiers », parus sous le nom de Numa Gilly, compilation de coupures de presse dénonçant les tripotages de la commission des finances. Après une immense campagne de presse, Chirac écope de trois mois de prison et d'une amende[3]. En 1890, il est assigné devant le tribunal, avec les rédacteurs de L'Égalité, à l'occasion du 1er mai, à cause d'un article[15] relevant de la "provocation à l'insubordination de soldats ou agents de la force armée"[16]. Il est condamné à six mois de prison et cent francs d'amende, mais sa plaidoirie réussie à convaincre le jury et il est finalement acquitté. La même année, Chirac, qui continue inlassablement sa publication de livres et de brochures, publie "Où est l’argent ?", dans lequel il accuse les Rothschild de faire sortir l’or du pays avec la complicité passive du pouvoir. Il décide au même moment de se retirer dans sa maison forestière à Viroflay. Il s'adonne à l'écriture de romans comme "L’Agent secret", "Les Trous à la lune", sans compter un petit volume de nouvelles sous le pseudonyme de Abel d’Ors, et le livre "La femme aux Nymphéas"[17]. Aussi, il publie en 1893 "Si, étude sociale d'après-demain" , quelques brochures antisémites et en 1896 "Le Droit de Vivre: analyse socialiste". Il pose sa candidature à l'Académie Française au siège de Léon Say laissé vacant[18]. A partir de la fin de la décennie 1890, la situation de Chirac au sein des milieux socialistes se dégrade peu à peu. En effet, il écrit que:
Ainsi, il est réduit à collaborer au journaux qui veulent bien de lui, ceux-là se trouvant être les journaux nationalistes et antijuif comme "La Libre Parole" ou "La Tribune Française" au côté de Gyp, Paul Baranton, Raphaël Viau, François Bournand, ect[20]. En 1901, il publie dans La Libre Parole, deux romans, l'un intitulés "La maîtresse d’école" et l'autre "L’Agence des familles : séparations et réconciliations", qui est une satire. En 1902, il publie une brochure intitulé "La France vendue à l'étranger", dans laquelle il signale le danger des acquisitions territoriales par des capitalistes étrangers. A la fin de 1903, il se rapproche de la Comédie-Française et intente un procès pour plagiat à Alexandre Dumas (fils), qu'il accuse de s'être accrédité le mérite de l'écriture d'une pièce en trois actes écrite par Chirac lui-même en 1885 intitulée "Francillon" qu'il retrouve quelques années plus tard sous le nom de "Talion". Le procès reste sans suite mais a de l'écho dans la presse parisienne[21]. En 1905, il publie une "Introduction à la Sociométrie" s'engage dans la création de cette discipline toute nouvelle, étant selon Chirac:
En 1909, Chirac pose une nouvelle fois sa candidature à l’Académie Française pour occuper le siège vacant de Victorien Sardou ( Edouard Drumont, Emile Boutroux, Marcel Prevost, Léon Séché et Paul Vibert sont aussi candidats)[22]. Auguste Chirac meurt le 10 octobre 1910 à l'âge de 74 ans, dans sa maison forestière à Viroflay. Œuvres
Notes et références
Liens externes
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