Appius HerdoniusAppius Herdonius
Appius Herdonius ou Appius Hordoenius[1] est un Sabin qui a mené un soulèvement contre Rome à la tête d'esclaves et de bannis. Avec ses troupes, il est parvenu, en 460 av. J.-C., à s'emparer du Capitole d'où il sera chassé par les consuls. Après leur défaite, les insurgés capturés subissent de lourds châtiments. Le soulèvement d'Appius HerdoniusLes originesDepuis le Ve siècle av. J.-C., les Romains sont régulièrement en guerre contre les peuples voisins, notamment les Sabins[2]. À chaque campagne, les prisonniers de guerre sont ramenés à Rome où ils perdent leur liberté. Leur concentration dans Rome, leurs conditions de vie et l'éloignement de leur pays d'origine finissent par faire éclater un soulèvement[3]. Des prisonniers et esclaves (exsules servique[a 1]) parviennent à s'enfuir et se joignent aux Sabins pour former une véritable armée, estimée entre 2 500 et 4 000 hommes par les sources antiques[4], dirigée par le Sabin Appius Herdonius[3]. Denys d'Halicarnasse décrit le soulèvement comme une expédition militaire prenant source en territoire sabin[a 2]. De son côté, Tite-Live parle d'une révolte servile impliquant des esclaves et des exilés qui se trouvent déjà dans Rome[a 3]. La prise du CapitoleLes hommes menés par Herdonius entrent dans Rome par la porta Carmentalis[5] et prennent possession du Capitole et de l'Arx à la faveur de la nuit[4]. Les magistrats romains semblent débordés et pris de vitesse par les évènements et tentent dans un premier temps de savoir s'il s'agit d'un soulèvement populaire ou d'une simple émeute. Étant donné le contexte politique tendu entre les plébéiens et les patriciens, les consuls n'osent pas armer le peuple[3]. Herdonius reste maître de la citadelle pendant quelques jours[6].
— Tite-Live, Histoire romaine, III, 15 Selon Tite-Live, Herdonius se présente du haut des remparts du Capitole et lance un appel à tous les esclaves et déracinés de Rome. Son objectif serait de « rendre leur patrie aux exilés injustement bannis et enlever aux esclaves leur joug accablant »[a 4]. Il semble prêt à négocier avec les consuls mais les menace de faire appel aux Volsques et aux Èques. La menace paraît sérieuse aux consuls qui craignent que les Étrusques, Sabins, Volsques et Èques ne profitent de l'occasion pour marcher sur Rome et non plus seulement ravager le territoire romain[a 5]. Manœuvres des tribuns de la plèbeLes tribuns de la plèbe s'opposent aux consuls qui ont distribué des armes au peuple. Selon eux, la prise du Capitole ne serait qu'une invention des patriciens destinée à faire diversion pour éviter le vote de la lex Terentilia, qui oppose les plébéiens aux patriciens depuis deux ans. Le consul Publius Valerius Publicola profite du prestige de son nom auprès du peuple pour s'adresser directement à eux[1].
— Tite-Live, Histoire romaine, III, 17, 2-7 Répression de la révolteÀ l'annonce de la prise de la citadelle de Rome à Tusculum, Lucius Mamilius, dictateur de Tusculum, convoque le Sénat tusculan qui décide d'envoyer un détachement pour soutenir les Romains. Publicola forme une armée, l'autre consul, Caius Claudius Sabinus, est chargé de surveiller les portes de Rome. Les Romains et leurs alliés latins lancent alors l'assaut et reprennent le contrôle du Capitole et de la citadelle de l'Arx. Un bon nombre d'insurgés est capturé, tous les prisonniers sont exécutés[7]. Le consul Publicola est tué durant les combats[1],[a 6]. Analyse moderneL'authenticité des faitsLes annalistes romains montrent régulièrement des difficultés à reconnaître que Rome a pu subir d'importants revers militaires durant son histoire. Le récit de la sédition d'Herdonius paraît donc s'appuyer sur un fond authentique et Rome a vraisemblablement subi une attaque des Sabins qui ont tenté de s'emparer de la ville vers le milieu du Ve siècle av. J.-C. Néanmoins, pour renforcer le réalisme de leurs récits, les auteurs antiques ont probablement mélangé des détails anachroniques provenant du récit de la sédition du Lucius Appuleius Saturninus en 100 av. J.-C., qui s'est également emparé du Capitole[4]. Mais parmi le récit antique, un détail paraît être authentique, il s'agit de l'intervention de troupes de Tusculum, dirigée par le général Lucius Mamilius. Selon Tite-Live, le Sénat romain offre en remerciement la citoyenneté romaine à Mamilius. Plus tard, sa famille rejoint Rome et atteint plusieurs fois le consulat au cours du IIIe siècle av. J.-C. Plus loin dans son récit, Tite-Live, qui ne semble pas vouloir laisser Rome redevable des Tusculans, décrit pour l'année suivante, en 459 av. J.-C., une sédition comparable mais cette fois-ci qui concerne Tusculum. Une armée èque aurait pris le contrôle de la citadelle de la ville et ce sont les Romains qui seraient intervenus pour la libérer[8]. Ainsi, l'auteur montre Rome obtenant rapidement satisfaction sur l'ennemi après un revers et annulant la dette qu'elle a contracté auprès de ses alliés[4]. Prises du Capitole par les SabinsDans toute l'histoire romaine, la citadelle de Rome n'a été prise que deux fois par des éléments extérieurs, à chaque fois des Sabins. La première fois par les forces de Titus Tatius, roi légendaire de Cures, la deuxième fois par Herdonius[9]. Si la première prise du Capitole par Titus Tatius est légendaire, la deuxième par Herdonius repose sur un fond historique[10]. Il est possible que le récit légendaire de l'action de Titus Tatius ait été inventé après l'épisode d'Herdonius afin d'atténuer l'effet désastreux de ce coup d'éclat, les auteurs s'en seraient inspirés, reprenant aussi des éléments courants du « folklore gréco-égéen »[6],[11]. Notes et références
BibliographieAuteurs antiques
Auteurs modernes
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