Anna Rose Marie Mahé est la fille de Pierre Marie Armand Mahé, cordonnier, et d'Eulalie Flavie Eugénie Brosseau[4].
Elle étudie à Nantes pour devenir institutrice[5]. Elle n’exerce pas longtemps ce métier, car venue à Paris au début des années 1900, elle se lie très tôt au mouvement individualiste dont elle devient une propagandiste à plein temps, de même que sa sœur Armandine venue à Paris en même temps qu’elle et également institutrice.
Partisane de l'amour libre, en , Anna devient la compagne d’Albert Libertad[6]. Le , nait de cette union Minuscule dit « Minus », qui n'est pas inscrit à l’état civil[7].
Elle consacre une grande part de son activité à la réforme de l’orthographe[8]. En 1904, elle écrit dans Le Libertaire des articles en « ortografe » simplifiée[7].
En 1905, elle quitte Le Libertaire avec les autres individualistes et fonde avec Albert Libertad, le journal L'Anarchie dont elle est seule responsable à partir du , Libertad étant décédé le [9]. Elle y rédige de très nombreux articles, souvent consacrés à l’éducation et l’enseignement.
Après la création de la colonieLibertaire-Plage en 1905 à Châtelaillon-Plage, elle organise chaque année en juillet, le voyage vers la Charente-Maritime[10] et « incitait les compagnes et compagnons à y envoyer leurs enfants »[11]. Elle publie des chroniques dans L'Anarchie décrivant ces séjours sur « cette plage de sable magnifique que les bourgeois n’envahiront pas car nous faisons bonne garde »[12],[13].
Elle s’éloigne du journal L'Anarchie en , après la mort de Libertad, quand la direction des Causeries populaires est confiée à André Lorulot.
En , à l’occasion de la grève des cheminots, elle est arrêtée et poursuivie en diffamation envers les armées de terre et de mer et pour « excitation au meurtre et au pillage » à propos d'un article antimilitariste intitulé « Conseils d’une mère à son fils », paru dans Le Libertaire du . Après plusieurs mois de prison préventive, elle passe en procès le devant la cour d’assises de la Seine avec le gérant du Libertaire, Émile Dulac. À l’audience elle déclare être une « mère antimilitariste ». Elle est acquittée[14].
Réforme de l'orthographe
Selon l'historienne Anne Steiner : « L’absence de majuscule dans le titre l’anarchie est imposée par Anna Mahé, vive partisane d’une réforme de l’orthographe. Née en Bretagne, elle a été institutrice, et développe ses théories sur l’éducation dans des brochures et articles paraissant dans l’hebdomadaire. Selon elle, les règles orthographiques sont au service d’une stratégie de distinction conduite par la bourgeoisie : arbitraires, elles encombrent le cerveau de l’enfant et retardent l’acquisition de la capacité à rédiger. Il faut rappeler qu’au XVIIIe siècle, on écrivait encore comme on le voulait. Les manuscrits de Voltaire ou du marquis de Sade comportent des mots écrits à quelques lignes d’intervalle avec des graphies différentes ; ils s’en remettaient le plus souvent à l’éditeur pour décider de l’orthographe à adopter. C’est seulement au XIXe siècle, lorsque la bourgeoisie se constitue en classe d’élite et veut marquer la différence avec le peuple, que l’orthographe est figée par l’Académie. »[15]
Anne Steiner, Les militantes anarchistes individualistes : des femmes libres à la Belle Époque, Amnis, revue de civilisation contemporaine de l'Université de Bretagne occidentale, 8/2008, texte intégral.
↑Pierre Albert, Gilles Feyel, Jean-François Picard, Documents pour l'histoire de la presse nationale aux XIXe et XXe siècles, Centre de documentation sciences humaines, 1977, page 48.
↑Albert Libertad, Le Culte de la charogne et autres textes, Éditions Galilée, 1976, page 34.
↑Jean Maitron, Un « anar », qu'est-ce que c'est ?, Le Mouvement social : bulletin trimestriel de l'Institut français d'histoire sociale, Éditions ouvrières, 1973-04, lire en ligne.
↑Anne Steiner, Les militantes anarchistes individualistes : des femmes libres à la Belle Époque, Amnis, 8/2008, texte intégral.