Né à Marseille et élevé à Salon-de-Provence, André Benedetto entame une carrière d'instituteur et s'installe à Avignon à la fin des années 1950.
Initié au théâtre par Gabriel Monnet lors de stages d'été, il crée en 1961 avec Bertrand Hurault et Jacqueline Benedetto son épouse, tous deux anciens du groupe universitaire théâtral d'Aix-en-Provence, la Nouvelle compagnie d'Avignon. Après avoir monté une adaptation d'Edgar Allan Poe, la compagnie crée une pièce née de sa plume, 'Le pilote d'Hiroshima'.
En 1963, la troupe s'installe dans une ancienne salle paroissiale avignonnaise qui devient le Théâtre des Carmes, monte des auteurs classiques et contemporains et joue dans le cadre du festival d'Avignon pour la première fois en 1964. Puis, en opposition avec l'organisation culturelle proposée, la compagnie publie un manifeste en avril 1966 prônant « les classiques au poteau » et « la culture à l'égout ». S'engageant dès lors dans un théâtre politique et mettant en scène de textes écrits par André Benedetto, la troupe présente en juillet, en marge du programme officiel du festival d'Avignon, Statues. L'année suivante, la compagnie qui présente Napalm, première pièce française sur la guerre du Viêt Nam, est rejointe par d'autres. Le « off » est né, et André Benedetto en est considéré comme le créateur de fait[3]. Suivront la mise en scène de Zone rouge en 1968, Le Petit train de Monsieur Kamodé en 1969, Emballage en 1970, textes tous parus aux éditions Pierre Jean Oswald. Chaque année, il présente dans son théâtre ses propres créations et les mises en scènes d'auteurs contemporains, dans un esprit militant. Le peintre Ernest Pignon-Ernest (de NICE) est associé à ses premiers spectacles.
Proche de Félix Castan, Bernard Lubat et Bernard Manciet, son expérience d'homme de théâtre à Avignon l'amène à analyser la décentralisation culturelle et rejoindre les thèses anticentralistes de la Ligne Imaginot. Avec le poète Serge Pey, il organise à Toulouse les premières nuits de la poésie, participe aux "marches de la poésie", ainsi qu'au premier "livre immédiat" du monde à Tepoztlan (Mexique).
Bilingue, il écrit et joue en 1999 la pièce San Jorgi Roc, entièrement en occitan. Également poète, il publie Urgent crier en 1966 et Les Poubelles du vent en 1971 aux éditions Pierre Jean Oswald.
C'est sur son invitation que pour le off de 2005, Franck Lepage expérimente ce qui deviendra les conférences gesticulées : une nouvelle forme au croisement du théâtral et du politique[4].
Après la scission du festival « off » en 2007, il prend la présidence de l'association unitaire et paritaire du festival off : Avignon festival et compagnies (AF&C), qu'il gardera jusqu'à sa mort.
Deux semaines après sa première femme, la comédienne Jacqueline Benedetto[5], il meurt dans la nuit du 12 au à la suite d'un accident vasculaire, durant la nouvelle édition du festival « off » d'Avignon, pour laquelle il avait écrit, mettait en scène et interprétait La sorcière, son sanglier et l'inquisiteur lubrique.
C'est lui qui, en 1966, fera débuter Daniel Auteuil sur scène dans une pièce de Tchekhov (La demande en mariage), l'acteur n'a alors que 16 ans[6].
Lors du Festival Off d'Avignon2011, deux grands comédiens ont joué des textes d'André Benedetto au théâtre des Carmes-André Benedetto :
Philippe Caubère a créé : Urgent crier ! Caubère joue Benedetto.
André Benedetto est le père de Sébastien Benedetto, qui reprend la direction du Théâtre des Carmes avec Andriève Chamoux en 2010, puis seul à partir de 2014[7], et qui est à son tour élu à 41 ans (et un jour...) président de l’association Avignon Festival & Compagnie le 11 janvier 2021[3].
Mises en scène
André Benedetto a mis en scène la plupart de ses pièces de théâtre.
Pierre Jean Oswald éditeur de théâtre (1967-1977)[1]
Pour approfondir
Bibliographie
Ouvrages
Auteurs en scène : André Benedetto, un homme-théâtre, Montpellier, Éditions Théâtre des treize vents / Les Presses du Languedoc, -.
André Benedetto, « Moi engagé ? - Mais oui ! - Ah bon… » inChristian Biet, Olivier Neveux (dir.), Une histoire du spectacle militant : théâtre et cinéma militants 1966-1981, Vic la Gardiole, L'Entretemps (« Théâtre et cinéma »), 2007, p. 190-200.
Dossier "André Benedetto" dans Europe, numéros 988-989, août-. Textes de : André Benedetto, Brigitte Canaan, Philippe Caubère, Olivier Neveux, Serge Pey, Jean-Pierre Sarrazac, Samaël Steiner.
"André Benedetto, la chute des murs. Archives, théâtre, engagements", Revue d'Histoire du Théâtre, numéro 2, 2022. Avec les contributions de : Lenka Bokova, Kevin Bernard, Joël Huthwohl, Émeline Jouve, Olivier Neveux.
Ouvrages avec notices, chapitres, analyses ou articles sur l'œuvre
Claude Alranq, Théâtre d'Oc contemporain. Les arts du jouer du midi de la France, Pézenas, Éditions Domens, 1995.
Olivier Neveux, Théâtres en lutte. Le théâtre militant en France de 1960 à nos jours, Paris, La Découverte, 2007.
Gilles Sandier, Théâtre en crise. (Des années 1970 à 82), Grenoble, Éditions La pensée sauvage, 1982.
Frédéric Eldin, Avignon 68, à la croisée des contestations, ou Le mouvement de mai-juin 1968 dans l'agglomération d'Avignon et son prolongement durant le XXIIe Festival, Mémoire de maîtrise d'Histoire contemporaine sous la direction de Robert Mencherini, année universitaire 1996-1997, Université d'Avignon et des Pays de Vaucluse.
Articles dans revues
Françoise Kourilsky, « Entretien avec André Benedetto et les comédiens de la nouvelle compagnie d’Avignon », Travail théâtral, octobre-, no 5
Olivier Neveux, « Un théâtre dans la lutte des classes. Le théâtre de “Peuple” d’André Benedetto », in B. Faivre (textes réunis par), Études théâtrales : “Théâtre populaire. Actualité d’une utopie”, 40/2007, Louvain-la-Neuve (Belgique), 2008.
Olivier Neveux, « Alors, le lendemain, j'ai ouvert Le Capital »… Un théâtre de la théorie : Emballage d'André Benedetto, inJean-Marc Lachaud, Olivier Neveux (textes réunis par), Changer l'art. Transformer la société, Paris, L'Harmattan (coll. "Ouverture philosophique"), 2009.
Olivier Neveux, « "entre aa et bb il y a qui". Dialectique de l’ordre et du désordre dans le théâtre d’André Benedetto" », Incertains regards. Cahiers dramaturgiques : « Figures du désordre sur la scène contemporaine », no 2, Presses Universitaires de Provence, 2012.
Jean-Pierre Sarrazac, « L’Écriture au présent. Entretien avec A. Benedetto », Travail théâtral, janvier-, no 18-19
Jean-Pierre Sarrazac, « La Fable et l’aujourd’hui. Notes pour un théâtre épique renouvelé », Travail théâtral, octobre-, no 21.
↑ a et b« Le Festival « off » d’Avignon change de patron et prépare une édition « sous contraintes sanitaires » », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
↑Franck Lepage, A propos d'une nouvelle forme scénique et d'une nouvelle forme militante : la conférence gesticuéle, Paris, Les Liens qui libèrent
↑Charles Silvestre, « Mort de Jacqueline Benedetto », L'Humanité, 29 juin 2009
↑Bernard Boyé, Les légendes du cinéma français : Daniel Auteuil, Éditions Autres Temps 2010, page 12