Ancienne église Saint-Nicaise de Reims
L’ancienne église Saint-Nicaise était une église située dans la partie méridionale de la vieille ville de Reims (actuel département de la Marne) en France. Elle constituait l'abbatiale de l'abbaye bénédictine éponyme détruite en 1793. HistoireL’abbaye Saint-Nicaise avait été fondée pour accueillir les pèlerins qui venaient vénérer les reliques de l’évêque martyr de Reims, saint Nicaise (Ve siècle). L'église abbatiale faisait suite à une église Saint-Agricole et Saint-Vital, créée au IVe siècle. Saint Nicaise y avait été inhumé : c'était le lieu de sépulture traditionnel des évêques à l’époque gallo-romaine[1]. Elle est remplacée en 1060 par un établissement bénédictin pour accueillir les pèlerins. Bien que plusieurs fois réparée, l'église était fort délabrée au XIIe siècle[2]. On entreprend alors la construction d'une splendide église abbatiale, considérée comme l'un des chefs-d'œuvre de l'architecture gothique à son apogée[3], qui fut commencée en 1229 ou 1231 par Hugues Libergier[4] et terminée en 1263 par Robert de Coucy[5], même si ses embellissements successifs vont se poursuivre jusqu'au XVIIe siècle[1]. On l'a appelée la "Sainte Chapelle de Reims". Elle passa longtemps à son époque pour une des plus belles églises de France. Le rayonnement des religieux s’étend sur un ban seigneurial tant urbain que rural : l’abbaye était alors très riche. Son territoire formait une excroissance hors des remparts de la ville appelée Pointe Saint Nicaise[2],[6]. Gérée selon le régime de la commende dès 1531, l’abbaye décline ; en 1789, la communauté n’excède pas 11 religieux[1]. La bibliothèque de 15 000 livres[7] avait été versée en 1791 au fond de la bibliothèque municipale. L'abbaye est vendue comme bien national en 1793, la basilique Saint-Rémi dans le même secteur lui ayant été préférée[2] ; elle sert de carrière de pierres jusqu'à démolition complète[8],[1] au XIXe siècle. Droit de patronage et dîmesLe chapitre de l'abbaye avait le droit de patronage (présentation à la cure), c'est-à-dire de présentation à l’évêque et de nomination d'un desservant aux églises ou cures (paroisses) où il percevait les grosses dîmes : saint Hélain de Bisseuil, saint Hilaire de Bussy-le-Château, saint Laurent de Dontrien, saint Hilaire de Saint-Hilaire-le-Grand, saint Hilaire de Saint-Hilaire-le-Petit, Sermiers[9]. VestigesL'actuelle place Saint-Nicaise qui commémore depuis le XIXe siècle l'emplacement de l'ancienne église avait été nommée en 1794 place Lucrèce[2]. Au Nord de cette place se trouve aujourd'hui la Maison de Champagne Taittinger, dans les sous-sols desquels on peut encore voir les caves de l'abbaye et quelques vestiges monumentaux[1]. Les anciennes terres de l'abbaye s'étendaient vers l'est, en suivant la rue Saint-Nicaise, et vers le sud, où l'on rencontre les jardins de la butte Saint-Nicaise[10], le long du Boulevard Diancourt. On rencontre ici ou là des remplois probables de pierres de Saint-Nicaise dans des maisons du quartier de l’ancien « Bourg-Saint-Remi »[1]. Plusieurs vestiges mobiliers subsistent dans la Cathédrale ou à Saint-Remi (basilique et musée)[1]. On y trouve aussi des dalles issues de la chapelle Saint-Éloi ou du chœur de l'abbatiale, ce que commente Viollet-le-Duc : « Ce dallage date des premières années du XIVe siècle et représente des scènes de l’Ancien Testament, inscrites dans des compartiments carrés. (...) Là les traits gravés sont remplis de plomb sans autre coloration. Il n’est pas besoin de dire que ces sortes de dallages coûtaient fort cher, et qu’on ne pouvait les placer que dans des églises riches, dans les sanctuaires et quelques chapelles privilégiées. »[11]. La bibliothèque saisie lors de la Révolution se trouve en grande partie à la bibliothèque municipale. Le nom de Saint-Nicaise a été donné depuis à une autre église, construite en 1923 dans le quartier Chemin Vert de Reims. ArchitectureComme sources, il faut noter Viollet-le-Duc qui l'a particulièrement étudiée[12], ainsi que Charles-Prosper Givelet[13],[3]. L'église avait 100 m de longueur, 40 m de largeur, 30 m de hauteur sous voûte, ce qui faisait d'elle le troisième édifice religieux de Reims par ses dimensions[1]. En revanche, selon Viollet-le-Duc, sa flèche ne faisait que la moitié de la hauteur des tours de sa façade[14]. La façade nous est préservée par une gravure de Nicolas de Son de 1625. Cette gravure nous révèle une belle église gothique de couronnées d'ogives, dont la façade est ornée de deux tours jumelles autour d'un pignon triangulaire percé de trois oculi au-dessus d'une grande rosace, elle-même dominant deux fenêtres en ogive. Viollet-le-Duc compare ces deux tours-clochers à celles de la cathédrale, et admire leur solidité[15] La rose de la façadeViollet-le-Duc en décrit le style champenois: « Le système de la rose champenoise, composée d’un cercle puissant, clavé, embrevant les compartiments intérieurs formés de pierre en délit, avait cet avantage de présenter une certaine élasticité et de permettre d’éviter les charges partielles sur ces compartiments. Mais aussi ces architectes champenois de la fin du XIIIe siècle étaient des constructeurs très-expérimentés et très-habiles ; et si, malheureusement, l’église de Saint-Nicaise de Reims n’est plus là pour le démontrer, nous possédons encore celle de Saint-Urbain de Troyes, qui est certainement la plus merveilleuse application du système de structure gothique[16]. ». Elle était la troisième version, les deux autres ayant été jetées bas par des tempêtes le puis le . Le porcheC'est encore Viollet-le-Duc qui parle abondamment du porche : « Sur la façade de cette église s’ouvraient trois portes : l’une centrale, dans l’axe de la grande nef, les deux autres dans l’axe de chacun des bas-côtés. (...) La porte centrale était précédée d’un porche peu profond, élevé entre les deux contre-forts butant les archivoltes de la nef, et recevant le poids des angles des deux clochers. (...) [17] » Il nous dit qu'il faut compter 40 pieds d'un contrefort à l'autre, chaque arcade faisant 16 pieds, les deux arcades latérales étant coupées en deux fois huit pieds. « Sans contrarier la structure principale de l’architecture, ces arcades surmontées de gâbles forment une sorte de soubassement décoratif occupant toute la largeur de l’église et percé de baies au droit des portes. C’était comme un large échafaudage tout garni de tapisseries ; car on remarquera que les nus de ce soubassement sont ornés de fins reliefs fleurdelisés qui leur donnent l’aspect d’une tenture. Derrière cette architecture légère, et qui semble élevée pour une fête, se voyaient les portes richement décorées de bas-reliefs. Celle centrale (...) portait sur son trumeau la statue de saint Nicaise ; dans son tympan, le Christ assis sur le monde au jour du jugement, avec la Vierge et saint Jean à ses côtés et des anges adorateurs ; au-dessous, d’un côté, les élus ; de l’autre, les damnés, dont quelques-uns sont emmenés en enfer dans un chariot. Dans les écoinçons, deux anges sonnent de la trompette. Les douze apôtres étaient placés, non comme des statues dans des niches, mais comme des groupes de personnages dans les deux enfoncements pratiqués des deux côtés des pieds-droits de la porte.(...) Les deux porches donnant dans l’axe des collatéraux ne se composaient chacun que d’une seule arcade percée entre les deux gros contre-forts des clochers. Cette arcade, surmontée d’un gâble, comme celles du porche central, avait 12 pieds d’ouverture (2 toises)[17]. » Galerie
InscriptionsÀ droite en entrant se trouvait une tombe de pierre blanche CI-GIT MAITRE HUGUES (HUES) LIBERGIER QUI COMMENçA CETTE EGLISE L AN DE L INCARNATION 1229 LE MERCREDI APRES PAQUES ET MOURUT L AN DE L INCARNATION 1263 LE VENDREDI D APRES PAQUES POUR DIEU PRIEZ POUR LUI avec la gravure de son visage et tenant à dextre une règle et en senestre une moitié d'église. AbbésQuelques abbés dont les gisants existaient dans l'abbatiale.
Le chœurDes travaux commencèrent en 1700 sous la conduite de dom Mathieu Hubert pour remplacer le jubé et le mur qui entourait le chœur liturgique. Il fit bâtir des grilles en fer forgé par le serrurier Masson de Reims, un autel de marbre, œuvre de Dropsi, qui fut placé à la croisée des transepts. Les chaires ayant été déplacées sur l'arrondi du chœur et réalisées par Gaudri de Reims. Ce nouvel ouvrage fut consacré le par Henri Hachette des Portes, évêque de Sidon. Le cloître
Héraldique
. Notes et références
Source de la traduction
AnnexesBibliographie
Liens externes
|