Elle est l'une des premières femmes photographes à avoir possédé un atelier de daguerréotypiste à son nom. Son mari, Jacques-Michel Guillot-Saguez est, par son implication à ses côtés, indissociable de sa carrière de photographe.
Biographie
Famille
Amélie Esther Saguez est née en 1810 à Paris, fille de Jean-Baptiste Saguez et de Félicité Charlotte (dite Laure) Rémy, son épouse[1],[2]. Elle a une sœur, Laure Caroline Antonia, née en 1815[3]. Son père meurt quand elle a 23 ans[4].
Elle se marie en 1835 avec Jacques-Michel Guillot[5]. Né en 1807 à Rouen, fils de Jacques Guillot et Victoire Suzanne Lemperière[Note 1], il a soutenu en 1831 sa thèse à la faculté de médecine de Paris[6], avant de s'établir comme médecin à Meulan. En 1841, leur fils Henri Léon naît à Paris[7],[2].
À partir de 1838, les deux époux adoptent, dans leurs activités artistiques, le patronyme Guillot-Saguez[Note 2], au point d'être parfois confondus en une seule entité, généralement masculine[8],[9]. Toutefois, pour les historiens de la photographie, il ne fait pas de doute qu'Amélie Guillot-Saguez est bien l'auteure des photographies signés de ce nom[10],[Note 3].
Carrière
Installée à Meulan[11], Amélie Guillot se fait connaître comme artiste peintre au Salon de 1836 avec une Scène tyrolienne, « rendue avec esprit et d'une bonne couleur »[12]. En 1838, son tableau, signé sous le nom de Guillot-Saguez et intitulé Mademoiselle de Sombreuil buvant un verre de sang humain pour sauver son père, est refusé au Salon[13]. La scène fait référence à un épisode plus ou moins romancé de la vie de Marie-Maurille de Sombreuil qui aurait, pour sauver son père de la guillotine en 1792, accepté de boire un verre du sang des victimes décapitées[14]. La toile est néanmoins présentée dans son atelier parisien du 38 rue de l'Arcade[15], ainsi qu'à l'Exposition publique des arts et de l'industrie de Valenciennes[16]. Trois ans plus tard, désormais établie 25 rue du Helder, Amélie Guillot-Saguez présente au Salon Une petite mangeuse de cerises.
Vers 1844, elle ouvre à Paris un atelier de daguerréotypie[10], technique dont elle est l'une des premières représentantes féminines, avec Madame Gelot-Sandoz[17],[Note 4]. L'année suivante, les Guillot-Saguez quittent avec leur fils la France pour l'Italie, visitant Naples puis Rome, où ils rencontrent la communauté artistique française habituée du Caffè Greco[18],[19]. Amélie Guillot-Saguez pratique surtout la photographie d'architecture[20], mais aussi à l'occasion le portrait, comme lorsqu'elle réalise « à l'ombre en 25 secondes » celui du prince Oscar, fils du roi du Suède, lors de son passage dans la capitale italienne en 1847[21]. Quatre de ses épreuves réalisées en Italie seront intégrées par Henri Victor Régnault, futur président de la Société française de photographie, à sa collection personnelle[Note 5].
La même année, elle présente au Salon de Paris un tableau religieux, une Vierge à l'enfant, commandée par la reine Marie-Amélie de Bourbon[22], tandis que son mari fait paraître une Méthode théorique et pratique de photographie sur papier : en supprimant le premier bain de nitrate d'argent, il s'agit de simplifier le procédé du calotype — que Louis Désiré Blanquart-Evrard vient lui-même d'améliorer[23], à partir de l'invention brevetée par William Henry Fox Talbot en 1841[24],[25],[26]. Bien que présentée sous le nom du Dr Guillot-Saguez, cette nouvelle technique résulte probablement des expérimentations réalisées par sa femme dans sa pratique photographique.
Au début des années 1850, Amélie Guillot-Saguez continue de peindre, produisant notamment quelques copies. Son atelier de daguerréotypie est toujours mentionné dans les éditions 1851 à 1856 des annuaires du commerce — à l'adresse « passage des Panoramas, galerie de la Bourse, 5 » —, puis disparaît[28].
Dans les années qui suivent, les Guillot-Saguez s'établissent en Algérie, où ils meurent successivement, elle en 1864 à Chéraga, lui en 1866 à Koléa[2].
Œuvres
Peinture
Scène tyrolienne, Salon de 1836[29], localisation inconnue.
Mademoiselle de Sombreuil buvant un verre de sang humain pour sauver son père (ou Le Dévouement deMademoiselle de Sombreuil), refusé au Salon de 1838, localisation inconnue.
Portraits des petits-fils de M. le comte D., Salon de 1840, localisation inconnue.
Une petite mangeuse de cerises, Salon de 1841, localisation inconnue.
Christ couronné d'épines ou Ecce homo, refusé au Salon de 1842, localisation inconnue[30],[31].
La Madone et l'enfant Jésus, avec saint Louis et sainte Amélie de Hongrie, Salon de 1847, commandé par la reine[32], affecté en 1849 à une église de Chatou, localisation actuelle inconnue[33].
L'Adoration des bergers, d'après Palma le Vieux, vers 1852, commande pour une chapelle de Royan, localisation inconnue[34],[35].
Portrait de femme à la robe bleue, 1853, localisation inconnue[36].
Portrait de S.M. le roi de Bavière (copie), 1855, localisation inconnue[37].
Photographie
Portrait de Borghettano, 1846, localisation inconnue[38].
↑Acte de mariage reconstitué Guillot-Saguez, , Paris, Saint-Philippe-du-Roule (5Mi1 2081, vue 21/48), Archives de Paris.
↑Jacques-Michel Guillot, De la chaleur considérée dans les êtres organisés et dans l'homme en particulier (thèse), Paris, Imprimerie Didot le Jeune, (lire en ligne).
↑Fiche de l'état civil reconstitué de Paris, , ancien 2e arrondissement de Paris, Archives de Paris.
↑Charles-Louis Chevalier, Recueil de mémoires et de procédés nouveaux concernant la photographie sur plaques métalliques et sur papier ; Rapports sur les instruments inventés ou construits par Charles Chevalier ; Prix courant des daguerréotypes ou photographes perfectionnés et construits par Charles Chevalier, Paris, (lire en ligne), p. 153 :
« […] je me plais à citer M. le docteur Guillot-Saguez, dont j'ai eu l’occasion de voir les belles épreuves. M. Guillot doit publier une notice indiquant les nouveaux procédés qu'il emploie. »
↑ a et bRapport du jury central sur les produits de l'agriculture et de l'industrie: exposés en 1849, Impr. Nationale, (lire en ligne), p. 539.
↑Et non Melun, comme l'indiquent certaines sources.
↑« Exposition de 1836 », sur Gallica, Journal des artistes : annonce et compte rendu des ouvrages de peinture, sculpture, architecture, gravure, lithographie, poésie, musique et art dramatique, (consulté le ), p. 260
↑Dans la lettre du comte de Villelume, le fils de Jeanne, publiée par Le Grand Journal et citée par Jules Claretie dans son ouvrage Ruines et Fantômes (ISBN1434630447), p. 52.
↑« Gelot-Sandoz (Mme) », sur Gallica, Annuaire général du commerce, de l'industrie, de la magistrature et de l'administration : ou almanach des 500.000 adresses de Paris, des départements et des pays étrangers, Paris, Firmin-Didot, (consulté le ), p. 457
↑Helena Pérez Gallardo, « Le prince Girón de Anglona. Un amateur espagnol à l’école romaine de la photographie », Études photographiques, no 32, (ISSN1270-9050, lire en ligne, consulté le )
↑« On nous écrit de Rome », (le nom a été transcrit par erreur « Guillot-Séguier »), sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, La Presse, (consulté le ), p. 3
↑Journal des jeunes personnes, Paris : [s.n], (lire en ligne), p. 150
↑Edmond de Valicourt, Nouveau Manuel complet de photographie sur métal, sur papier et sur verre contenant toutes les découvertes de MM. Niepce et Daguerre, F. Talbot, Herschell, Hunt, ... ainsi que les perfectionnements qui y ont été apportés, Paris, Librairie encyclopédique de Roret, (lire en ligne), p. 297
↑Charles-Louis Chevalier, Guide du phothographe. 1re partie : Description et emploi raisonné des instruments d'optique appliqués à la photographie, par Charles Chevalier,... 2e partie : Nouveaux mémoires et renseignements sur les moyens d'obtenir de belles épreuves sur papier, collodion, albumine et plaques métalliques, par MM. G. Roman, Cuvelier, Dufaur, Laborde, Arthur Chevalier, etc. 3e partie : Éloge de Daguerre, documents historiques, lettres inédites de N. Niepce, etc., Paris, Charles Chevalier, (lire en ligne), p. 95
↑André Gunthert, « L'institution du photographique. Le roman de la Société héliographique », Études photographiques, no 12, , p. 37–63 (ISSN1270-9050, lire en ligne, consulté le )
↑Émile Bellier de la Chavignerie et Louis Auvray, Dictionnaire général des artistes de l'école française depuis l'origine des arts du dessin jusqu'à nos jours: Architectes, peintres, sculpteurs, graveurs et lithographes, Renouard, (lire en ligne), p. 731.
↑L'Amateur, « Beaux-Arts. Salon de 1842 », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, La Quotidienne, (consulté le ), p. 1-3.
↑Explication des ouvrages de peinture, sculpture, architecture, gravure et lithographie des artistes vivants exposés au Grand palais des Champs- Élysées, Paris, (lire en ligne), p. 94.
↑Brigitte Labat-Poussin et Isabelle Chave. Maison de l’empereur Napoléon III. Musées impériaux et encouragement aux arts : ordonnances de paiement et pièces comptables à l’appui (1852-1870). Inventaire détaillé des articles O/5/1698-O/5/1703, O/5/1707-0/5/1718. O/5/1698-O/5/1703,O/5/1707-O/5/1718, Archives nationales [lire en ligne] (identifiée par erreur sous le nom de Guillot-Sagnez).